Waiting..
Auto Scroll
Sync
Top
Bottom
Select text to annotate, Click play in YouTube to begin
00:00:04
donc merci de de l'invitation Élise et et Stan donc moi je suis Coralie chevalier je vais vous présenter un travail qui a été fait en collaboration avec melusine bounfallur et avec Élise
00:00:17
huilery qui porte sur les comportements d'attente et les choix dans l'enseignement supérieur ok donc les recherches énormément de recherches en psychologie et en économie montrent que les
00:00:30
personnes qui sont issues de milieu socio-économique défavorisé ont des comportements d'attente qui sont différents de celles des personnes qui proviennent de milieux socio-économique plus favorisés et ce pour des raisons
00:00:42
qu'on peut attribuer en partie au moins à la structure de l'environnement premièrement le manque de ressources donc quand on manque de ressources ça demande ça impose de donner une priorité à des comportements
00:00:54
qui permettent d'éviter une pénurie immédiate et donc l'attention à des BES besoins urgents cette attention là elle peut se faire au détriment d'investissement de plus long terme donc c'est une logique en fait de
00:01:06
priorisation des besoins de court terme qui permet de comprendre pourquoi les difficultés socio-économiques sont associées à ce qui peut sembler être un signe d'échec
00:01:19
d'autorégulation ou d'impulsivité un manque de prise en compte des enjeux de long terme un manque de planification ce que j'essaie de dire ici c'est que ça semble être ça mais en réalité quand on prend en compte le manque de ressources
00:01:31
c'est véritablement une logique assez rationnelle qui s'exprime deuxièmement l'instabilité et l'incertitude de l'environnement impose aussi de savoir s'adapter très rapidement à des conditions environnementales qui changent en effet si on est constamment
00:01:45
exposé à des signaux qui indiquent qu'on ne peut pas prévoir de quoi l'avenir sera fait alors c'est logique de concentrer son énergie sur le présent sans attendre et sans investir dans un
00:01:58
avenir dont on sait qu'il est inc or les environnements précaires sont fréquemment associés non pas seulement à un manque de ressources mais aussi à un fort niveau d'instabilité d'incertitude et donc les personnes qui vivent dans
00:02:10
ces environnements en toute logique peuvent être amenés à développer des stratégies de manière plus ou moins consciente plus versatile plus agile qui leur permettent de réagir de façon rapide à un environnement qui fluctue
00:02:24
beaucoup et enfin dans ces dans pardon en fait je je pas pourquoi voilà et enfin le sentiment d'avoir un un statut social plus faible contribue lui aussi à
00:02:36
diminuer la confiance dans le futur pourquoi ben parce que quand on a un statut social perçu plus faible alors on a un faible sentiment de contrôle qui accompagne euh qui qui diminue la confiance dans le fait que l'avenir se
00:02:50
déroulera comme prévu et ça ça réduit euh en bout de chaîne le bénéfice qui est perçu à renoncer à des récompenses immédiates euh au profit de récompenses futur donc pour toutes ces raisons les
00:03:03
ressources l'incertitude le statut social on peut s'attendre à ce que les comportements d'attente soient différents pour des personnes qui sont issues du milieu défavorisé et l'idée que je défends là n'est pas que
00:03:15
l'exposition au manque de ressources à la précarité et à l'adversité diminue la capacité des élèves à s'autoréguler mais plutôt que la vie dans un environnement défavorable déplace leurs priorités vers
00:03:29
la réalisation d'objectifs de court terme et dans une certaine mesure c'est adapté et rationnel donc les recherches en en économie en psychologie indique conformément à ce que je viens d'exposer
00:03:42
qu'il existe un gradient socio-économique dans les comportement d'attente et cet effet il est connu et il est robuste donc j'ai juste mis là une métaanalyse récente qui concerne 248
00:03:54
effets collectés dans 70 études indépendantes auprès de plus de 35000 personne et qui montre qu'il existe une association entre le fait de vivre dans un environnement difficile pendant son
00:04:06
enfance et la tendance à l'âge adulte à faire des choix de court terme alors cet effet il est souvent mesuré dans des tâches expérimentales qui sont très contrôlées mais qui sont assez artificiel dans des laboratoires de de
00:04:19
psychologie ou d'économie comportementale avec des tâches qu'on appelle d'évaluation temporel au cours desquelles on demande aux personnes de choisir entre une récompense plus peti mais disponible
00:04:30
immédiatement par exemple recevoir 10 € aujourd'hui et des récompenses qui sont plus importantes mais retardé dans le temps par exemple recevoir 20 € mais dans une semaine et cette tâche permet
00:04:41
de mesurer de manière très nette à quel point les personnes sont disposées à attendre pour obtenir une récompense plus importante plutôt que de choisir une récompense plus petite mais immédiate alors audelà de ces tâches de
00:04:54
laboratoire on trouve aussi la signature indirecte de ces différents d'attente dans des comportements de la vie réelle pour toutes sortes de décisions qui nécessitent d'investir dans le long terme par exemple
00:05:06
investissement dans la santé préventive dans l'éducation même la protection de l'environnement ça c'est du long terme ou enfin de moins en moins ou encore la planification financière la consommation de drogue et cetera c'est-à-dire tout un
00:05:18
ensemble de comportements qui résulte de décision d'attendre ou pas de faire preuve de patience ou d'impulsivité de restreindre son impulsivité d'écouter ses ses besoins de terme et cetera en
00:05:31
revanche il est très rare d'avoir la possibilité d'observer véritablement un comportement d'attente dans la vraie vie et d'observer en parallèle la conséquence dans la vraie vie de ce comportement d'attente et c'est ce qu'on
00:05:44
va chercher à faire dans dans cette étude parce que euh les lorsque les élèves doivent prendre une décision d'orientation et ben ils
00:05:54
sont confrontés face à à ce qu'imposent les algorithmes comme par parcours SUP ou APB a le choix d'attendre ou de prendre leur décision immédiatement donc dans l'étude qu'on conduit notre objectif c'est de décrire les
00:06:08
comportements d'attente quand les élèves de terminal décident des études qu'ils font dans le supérieur et on fait l'hypothèse que tous les tous les élèves n'attendent pas autant qu'il le pourrai le deuxième objectif c'est déterminer
00:06:20
s'il est utile ou non d'attendre après tout peut-être qu'il n'attendent pas mais qu'ils ont des bonnes raisons de ne pas attendre pour maximiser ses propres préférences subjectives et la objective du cursus et là on fait l'hypothèse qu'attendre conduit à intégrer une
00:06:34
formation qui est à la fois préférée par les élèves du point de vue subjectif et une formation qui est objectivement meilleure ensuite notre objectif c'est aussi de tester l'existence d'un gradient socio-économique dans le
00:06:47
comportement d'attente et là on fait l'hypothèse que les élèves boursiers attendent moins que les élèves non boursiers et enfin cette étude nous permet d'explorer les causes de ces différences d'attente et on suivra ici
00:07:00
un modèle simple dans lequel on postule que la décision d'attendre est influencée par la probabilité d'être admis le gain de préférence espéré si on est admis et le coût à attendre alors
00:07:12
pour ça on utilise les données de la plateforme admission postback APB qui a été utilisée jusqu'en 2017 et sur laquelle environ 600000 étudiants s'inscrivaient chaque année donc la
00:07:25
plateforme ouvrait en janvier les élèves soumettaient une liste de vœux ordonnan jusqu'à fin mars et ensuite il pouvaient modifier l'ordre de leur vœux jusqu'à fin mai et il y avait ensuite trois phases d'admission au cours desquelles
00:07:37
chaque étudiant recevait une seule offre et pouvait soit l'accepter soit attendre dans l'espoir d'obtenir une offre qu'il ou elle préférait et la troisième possibilité c'est d'abandonner alors
00:07:50
pourquoi on a choisi de travailler sur APB alors que maintenant c'est parcours sup et bien parce que contrairement à parcours sup les élèves devaient classer leur choix ce qui signifie qu'apb nous permet d'accéder aux préférences
00:08:03
subjectives des élèves et on on ne peut plus le faire avec parcours sup aujourd'hui par ailleurs et comme dans parcours sub cette fois APB contient suffisamment d'information pour décrire de façon objective le niveau de la
00:08:16
formation et toutes sortes de caractéristiques des élèves et enfin APB nous permet de mesurer ce qui nous intéresse c'est-à-dire le choix d'attendre ou pas à l'issue de chaque phase donc voici euh plus précisément
00:08:30
les informations qu'on utilise donc les vœux formulés par les élèves et leur ordre le lycée d'origine le statut boursier non boursier la filière au bac la moyenne au bac l'offre faite aux élèves à l'issue de chaque phase et le
00:08:42
choix des élèves à l'issue de chaque phase et on s'appuie pour ça sur un échantillon de 93000 élèves qui correspond à la totalité des élèves inscrits en terminal donc là je prends
00:08:54
du du haut vers le bas je sais pas si vous voyez suffisamment bien donc les élèves inscrits en terminal dans la filière générale ou technologique ayant formulé un vœux valide ayant candidaté dans la phase principale ayant reçu au
00:09:05
moins une offre ayant fourni une réponse à l'issue de la phase 1 et ayant eu à faire le choix d'attendre ou pas donc voilà à quoi ça ressemble du point de vue des élèves ils formulent leur choix et ils les
00:09:18
ordonnent et ils mettent ils mettent en haut le le choix qu'il préfère à l'issue de la phase 1 voilà à quoi ça ressemble donc là on a le cas d'un élève qui est pris dans son V et qui a la possibilité d'attendre pour
00:09:31
espérer aller au lycée carneau donc maintenant on passe au résultats donc pour comprendre pardon avant d'aller au résultat ce que je vous ai montré là à l'instant se répète à
00:09:44
chaque phase et ça nous permet de catégoriser les élèves en plusieurs catégories ceux qui n'ont jamais attendu ceux qui ont attendu une fois et ceux qui attendent toujours quand ils ont la possibilité d'attendre donc maintenant
00:09:57
on passe au résultats la première question qu'on se pose c'est que tous les élèves est-ce que tous les élèves attendent ou pas autant qu'ils le pourrai et la réponse est non une part importante des élèves qui ont la
00:10:09
possibilité d'attendre choisit de ne pas le faire pourtant attendre n'expose pas les élèves au risque de perdre leur offre initiale puisque l'offre est garantie et ne peut que les amener à
00:10:21
obtenir quelque un choix supérieur à celui qu'ils ont obtenu on avait également prédit que attendre conduirait à intégrer une
00:10:33
formation préférée donc pour ça on a examiné le rang de la formation où les élèves sont admis en fonction de leur comportement d'attente voilà et on observe qu'en moyenne les
00:10:44
élèves qui attendent toujours gagnent près d'un rang dans leur liste de vœux par rapport aux élèves qui n'attendent jamais et par ailleurs 38 % des élèves qui attendent toujours sont admis dans une formation mieux classée dans leur
00:10:57
liste que ne l'était l'offre initiale donc là on a un premier indice que attendre est bon attendre est utile alors voyons maintenant si ça se vérifie aussi du point de vue objectif donc là cette fois-ci on regarde la moyenne des
00:11:10
notes au baccalauréat obtenu par les élèves qui sont admis dans une formation donnée donc ça nous donne une idée de la qualité de la formation et là ce qu'on observe c'est que les élèves qui attendent toujours sont admis dans des
00:11:22
formation dont les élèves en moyenne ont obtenu 0,12 points de plus au baccalauréat par rapport aux élèves qui n'attendent jamais donc conformément aux hypothèses qu'on avait formulé on
00:11:34
constate que toujours attendre c'est utile pour maximiser à la fois ses propres préférences et la qualité objective de la formation donc maintenant ce qui nous intéresse c'est de savoir puisque on sait que c'est
00:11:46
utile est-ce que oui ou non il y a une différence entre les boursiers et les non boursiers et donc la réponse est oui il y a une différence être boursier du secondaire augmente de 26 % la
00:11:59
probabilité de ne pas toujours attendre lorsque le choix se présente euh donc maintenant je me tourne et ce sera la la fin de cette présentation vers les causes de ces
00:12:10
différences d'attente on va commencer par la probabilité d'être admis donc c'est le début du modèle attendre c'est conditionné par probabilité d'être admis interagir avec le gain de préférence espéré moins le coût à attendre donc on
00:12:22
commence par la probabilité d'être admis et là ce qu'on observe c'est que euh euh le la probabilité d'attendre change avec la probabilité d'être admis un certain nombre de de facteurs comme
00:12:35
la filière les notes au baccalauréat le nombre de formations en liste d'attente le rang sur la liste d'attente en effet c'est pas la même chose d'attendre pour une formation où on est bien classé sur la liste d'attente que pour une formation où on est classé bas dans la
00:12:49
liste d'attente et ce qui est très intéressant c'est la ligne du haut qui montre que la différence entre les boursiers et les non boursiers subsiste quand on prend en compte tous ces facteurs
00:13:00
d'intérêt maintenant on prend en compte le le gain de préférence espérée et là aussi on constate que plus le rang de l'offre initiale est bas plus le bénéfice à attendre est élevé et par
00:13:12
conséquent les élèves attendent plus mais on voit à nouveau que la différence entre les boursiers et les non boursiers subsiste quand on prend en compte l'ensemble des facteurs alors pour ce qui concerne les
00:13:25
coûts à attendre on est encore en train d'analyser les données mais je vous donne une idée un peu de ce qu'on envisage comme coût à attendre donc à la fois des facteurs matériels la probabilité d'avoir à déménager le prix du loyer dans l'endroit où on va faire
00:13:37
ses études est-ce que oui ou non il y a un internat dans dans le vœux qu'on a formulé donc ça c'est des choses qu'on peut mesurer grâce à APB et puis il y a plein d'autres facteurs qu'on ne peut pas mesurer dans APB comme le niveau
00:13:50
d'impulsivité de base de de l'élève le manque de confiance en soi le manque de confiance dans APB et cetera donc pour conclure ce qu'on observe dans cette étude c'est que lorsque les élèves ont
00:14:02
la possibilité d'attendre pour espérer être admis dans une formation qu'ils ont eux-mêmes mieux classés une part importante des élèves choisit de ne pas attendre pourtant attendre conduit les
00:14:14
élèves à être admis dans des formations qui sont préférables subjectivement et meilleur objectivement cette cette observation est vraie pour tous les élèves mais les élèves boursiers
00:14:27
attendent encore moins que les élèves non boursiers l'origine de cette différence dans le comportement d'attente entre les boursiers et les non boursiers n'est pas entièrement attribuable à des facteurs comme la
00:14:38
probabilité d'être admis ou le gain de préférence espéré ce qui suggère que manifestement il y a des différences dans les coûts à attendre qui ne sont pas les mêmes pour les élèves boursiers et les élèves non boursiers et que d'autres facteurs sont impliqués dans
00:14:51
cette décision mais ce qu'on peut déjà conclure c'est que il est potentiellement important de prendre renc compte ces différences de comportement d'attente entre les élèves boursiers et non boursiers dans le
00:15:03
design des algorithmes d'allocation parce que il y a fort à parier que ce soit plus facile de modifier le design de l'algorithme que les facteurs résiduels financiers psychologiques qui distingue les boursiers et les non
00:15:16
boursiers je vous remercie ainsi que Mélusine et [Applaudissements] Élise
End of transcript