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[Musique] [Musique] bonjour ça fonctionne c'est formidable voilà merci merci d'être ici aujourd'hui
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pour suivre un exposé qui ressemblera pas forcément à ceux qui ont été prononcés jusqu'à maintenant surtout en raison du point de vue qui est le mien qui n'est pas un point de vue de
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chercheur mais un point de vue de praticien alors le sujet dont je voudrais traiter aujourd'hui et celui de la méritocratie mais de la
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méritocratie entendue comme une procédure et un système de recrutement des hauts fonctionnaires en France alors j'aimerais commencer cette contribution par deux citations
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la première sous le régime de l'égalité il ne serait existé d'autres titres aux fonctions publiques que le mérite l'école d'administration doit avoir pour
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résultat de créer des droits à l'intelligence constatée à l'instruction solide au travail et à la bonne conduite tout droit reconnu au mérite est une
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chance refusée à la faveur deuxième citation maintenant les élites administratives doivent être à l'image de la société elles doivent être sélectionnées sur des bases exclusivement méritocratique
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alors ces deux citations se superposent et pourtant elles sont distantes de 170 ans la première a été prononcée par Hippolyte Carnot ministre de l'instruction publique en 1848 et
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promoteur d'une éphémère école d'administration qui a d'ailleurs à l'époque été adossé au Collège de France au grand dames de ce dernier peut-être pourra-t-on y revenir
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la seconde citation elle a été prononcée par Emmanuel Macron président de la République lorsqu'il a annoncé en 2021 la suppression de l'École nationale d'administration créée en 1945
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la ressemblance de ces citations n'est pas fortuite elle montre la permanence de certains débats dans la société française notamment celui qui a très au recrutement des hauts fonctionnaires et
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dont on peut avoir l'impression que depuis la Révolution française il ne sait pas arrêter alors comme je l'ai indiqué là présente contribution abordera la question de la méritocratie de manière non pas générale mais particulière nous nous
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concentrerons sur un cas pratique qui est précisément celui du recrutement dans notre pays des plus haut cadres de l'administration ce qui les convenu d'appeler haute fonction publique même si le terme de haute fonction publique
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ne recouvre aucune définition très précise comme j'ai dit tout à l'heure mon regard n'est pas neutre sur cette question je suis un acteur j'ai passé le concours de l'École nationale d'administration je
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suis magistrat à la Cour des comptes et parallèlement à mon activité professionnelle je me suis occupé de la formation de ceux qui parmi les étudiants souhaitent préparer les concours de la haute fonction publique et particulièrement le concours de l'ENA
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je l'ai fait pendant une dizaine d'années en dirigeant une classe préparatoire au concours de l'ENA mise en place à l'École normale supérieure de la rue d'Ulm et puis je l'ai fait dans d'autres établissements aussi à l'Université de Lille et aujourd'hui à
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l'Université de Paris 2 Panthéon Assas j'ai donc eu tout le loisir d'observer les mérites respectives d'étudiants venus d'horizons différents et dont les résultats au concours administratifs étaient différents
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c'est donc essentiellement de ce point de vue de praticien que je vais maintenant débuter mon exposé alors celui-ci s'article rare en quatre parties qui viseront chacune à répondre à une question
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d'abord qu'est-ce que la méritocratie celle dont on parle aujourd'hui s'agissant du recrutement des hauts fonctionnaires dans notre pays quelles en sont les fonctions quelles en sont les objectifs
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quels en sont les procédures spécifiques et enfin quels sont les raisons de la crise de ce modèle aujourd'hui et éventuellement les moyens d'y répondre 4 questions donc
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alors la première qu'est ce que la méritocratique comment peut-on caractériser cette notion n'est jamais mauvais de commencer une analyse en revenant sur l'étymologie
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mérite provient donc du latin maritum qui est une récompense et le mérite nous dit le Dictionnaire de l'Académie française c'est ce qui rend une personne digne d'estime
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le Littré lui qui reste plus proche de l'étymologie nous indique que le mérite et ce qui rend une chose ou une personne digne de récompense ou de punition inutile de poursuivre plus loin l'investigation pour se rendre compte que la notion de mérite est à la fois
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imprécise et qu'elle est recouverte de l'ours sous-entendu Moro prenons maintenant la définition du Mérite telle qu'elle est donnée par Michael Young dans son roman la
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méritocratie en mai 2033 roman satirique qui dépend une société qui serait régie par le principe de méritocratie donc d'attribution d'un certain nombre de postes de pouvoir
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au terme d'un examen des mérites des uns et des autres dans son roman donne une définition en forme d'équation le mérite c'est l'intelligence plus le travail dans ce roman l'équation intelligence
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plus travail également mérite fait même figure de devises du régime fondé sur le mérite qu'il décrit il n'a plus tellement de morale dans cette nouvelle définition mais une difficulté de fond l'intelligence ou les
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capacités cognitives renvoie largement à des qualités innées si on croit à l'existence de qualité innée ou plus probablement au milieu d'origine des personnes et à la façon dont ce milieu a stimuler leur capacité cognitives et
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leur adaptation au milieu scolaire dès lors si on prend la définition initiale celle du Dictionnaire de l'Académie française les deux termes de l'équation ne sont pas également dignes d'estime s'il travaille renvoie
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effectivement à l'effort individuel qui est un paramètre qui dépend de la volonté de chaque individu les capacités à l'inverse renvoient à un certain déterminisme dans ces conditions est-il juste de récompenser ce qui ne dépend que pour
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partie des individus et deuxième question qui est abordée par le roman de Michael Young est-il juste de fonder sur une notion aussi floue et aussi mal établie un système de répartition du pouvoir
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alors cette question n'en finit pas d'être des battu et j'ai relevé dans une interview récente donnée par Ben Bernon qui prix Nobel d'économie professeur à Stanford ancien président de la Réserve
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fédérale américaine une citation intéressante commence par affirmer que le système méritocratique celui dont il est issu donc et probablement le meilleur
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toutefois il reconnaît qu'une méritocratie est un système dans lequel les personnes les plus chanceuses en termes de santé physique de patrimoine génétique de soutien familial de revenus les plus chanceuses en termes
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d'éducation et des portes carrière sont aussi celles qui retirent le plus de bénéfices du système méritocratique ce constat pour être largement partagé en France dès lors je me suis demandé qu'est-ce qui fait la spécificité de la
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méritocratie à la française et là faut se replonger de manière un petit peu plus profonde dans les sources historiques de l'invocation du mérite comme critère de répartition d'un certain nombre
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d'avantages ou de postes de pouvoir en réalité le débat lorsqu'on l'observe et relativement inchangé depuis la Révolution française je citais tout à l'heure Hippolyte Carnot en 1848
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mowill tente la création d'une éphémère école d'administration il indique que donc le mérite permet de de repousser le
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règne de la faveur et de l'arbitraire Emmanuel Macron ne dit pas autre chose lorsque il rappelle que les États administratifs doivent être recrutés sur des critères exclusivement méritocratiques
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mais quand on regarde les discours des présidents de la République de la 5ème république tout au moins on se rend compte que il y en a un qui a détaillé sa pensée de manière plus approfondie sur la question du mérite
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c'est Nicolas Sarkozy notamment dans un CD discours de l'année 2008 alors je vais le citer un petit peu longuement mais la citation mérite d'être entendue les principes sont sacrés
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je pense en particulier au grand principe d'égalité qui est la clé de voûte de notre unité mais de quelle égalité parlons-nous si l'on parle de l'égalité absolue des situations on tombe tout de suite dans l'égalitarisme et l'égalitarisme c'est
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le contraire de la République parce que la République c'est aussi la récompense du mérite la République c'est l'élitisme républicain c'est la récompense de l'effort et la récompense du travail ce n'est pas l'égalitarisme l'égalité
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républicaine c'est l'égalité devant la loi l'égalité des droits et des devoirs c'est légal dignité des personnes c'est l'égalité des chances donc dans ce discours président Sarkozy affirme deux choses dit d'abord le mérite c'est le travail
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et puis ensuite il dit l'égalité c'est pas toutes les formes d'égalité c'est l'égalité devant la loi l'égalité des chances mais pas l'égalité des conditions alors la définition là est un petit peu moins sophistiquée que celle qui avait été proposée par Michael Young puisque
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le mérite ce n'est plus l'effort plus les capacités c'est simplement l'effort et peut-être aurait-il pu dire travailler plus pour mériter plus elle évidence il manque quelque chose à cette définition pour être totalement
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convaincante quelque chose que l'on peut aller chercher dans le texte fondateur celui auquel il faut se référer quand on veut parler de méritocratie en France qui est la Déclaration des droits de
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l'homme et du citoyen de 1789 la question du Mérite y est traité à l'article 6 l'article 6 est ainsi rédigé la loi et l'expression de la volonté générale
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tous les citoyens ont le droit de concourir personnellement ou par leur représentant à sa formation elle doit être la même pour tous soit qu'elle protège soit qu'elle punisse
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tous les citoyens étant égaux à ses yeux sont également admissibles à toutes les dignités place et emploi public selon leur capacité et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs
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talents alors je leur dis la fin parce que c'est quand même le plus important pour notre exposé du jour tous les citoyens étant égaux aux yeux de la loi sont également admissibles à toutes dignité place et emplois publics
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selon leur capacité et sans autre distinction que celle de leur vertus et de leur talent par le mérite n'est pas explicitement explicitement cité dans la Déclaration
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des droits de l'homme mais on peut dériver de ce texte que le mérite qui est invoqué dans tous les discours politiques y compris au moment de la discussion de la Déclaration des droits de l'homme bien que le mérite ça doit être quelque chose comme l'addition des
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capacités des vertus et des talents on a quelque chose d'un petit peu différent de nouveau de la définition de de Young intelligence plus le travail là on a l'édition des capacités les capacités ça
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pourrait être les capacités cognitives les compétences individuelles les talents qui peuvent envoyer aux qualités de caractère d'un individu
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et puis les vertus qui renvoient comme chez Machiavel non pas aux vertus morales mais aux vertus civiques et plus particulièrement à celles qui sont liées à la raison d'État voilà le socle des valeurs qui sont
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issues de la Révolution et qui constituent la base juridique et philosophique de notre système méritocratique elles ne sont parvenus intactes jusqu'à aujourd'hui et on rappellera que la Déclaration des droits
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de l'homme fait partie intégrante du texte de notre Constitution et que les lois de règlement de notre pays doivent être conformes je me souviens aussi d'avoir assisté à une séance du Conseil d'État où il était question de la
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conformité à cet article 6 de la Déclaration des Droits de l'Homme de textes réglementaires qui organisaient des concours administratifs en l'espèce il s'agissait à l'époque de savoir si des docteurs pouvaient faire
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l'objet d'un concours spécifique pour l'entrée à l'école nationale administration ou pas et le texte de référence c'était ça qui nous laisse quand même un petit peu dépourvu de critères une fois qu'on a dit les capacités les talents et les vertus on
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se retrouve avec une multiplicité de possibilités d'organisation alors pour préciser peut-être un petit peu la notion de mérite il faut aller un petit peu plus loin et voir ce que
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le mérite n'est pas dans notre système fond le mérite tel qu'il a été défini par la Déclaration des droits de l'homme de 1789 il est historiquement daté il est défini par opposition à ce qui lui
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précédait c'est-à-dire la vénalité des charges et puis la possibilité réduite à un certain nombre d'individus à raison de leur naissance de se présenter à certains emplois publics
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donc le système qui prévoit que les emplois publics sont prévus sont pourvus pardon aux vues des capacités des talents des vertus c'est d'abord celui qui prévoit que ils ne sont pas pourvu au regard de la naissance et au regard
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de la richesse des individus la notion évolue en fonction des débats qui caractérisent les différentes époques 19ème siècle les plus hauts emplois de la fonction
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publique en France sont captées essentiellement par la bourgeoisie et plus précisément même par la bourgeoisie parisienne qui réussit à établir des
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dynasties grâce à un système de cooptation que les modes de recrutement de l'époque favorise du coup la notion de mérite au 19e siècle est utilisé
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essentiellement pour se distinguer un régime de cooptation on parle plus de naissances ou d'acquisition de charges on parle de cooptation quand Hippolyte Carnot crée son école d'administration
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en 1848 c'est pour mettre fin un régime de cooptation quand en 1936 Jean Zay lance l'idée d'une école d'administration c'est à nouveau pour proposer à la cohabitation et enfin
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quand en 1945 l'École nationale d'administration est créée avec une ordonnance qui dispose d'un formidable exposé des motifs que je vous invite à
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lire si le sujet vous intéresse et bien dans les deux premiers paragraphes on dit que on veut mettre fin un système endogamique qui privilégier de manière excessive la bourgeoisie parisienne donc
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le mérite c'est l'antonyme de la cooptation tout au long du 19e et de la première partie du 20e siècle et puis le mérite c'est aussi troisième opposition
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ce qui s'oppose au recrutement politique de la haute fonction publique au fond le spoil system à l'américaine celui qui prévoit que les plus haute emplois sont pourvus en fonction de la
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proximité par rapport au pouvoir politique c'est quelque chose qui est au moins dans les principes étrangers à la façon dont c'est bâti notre système
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au nom des principes méritocratiques alors voilà on a vu ce que le mérite est sur le plan des principes de manière positive telle que définie par la
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Déclaration des droits de l'homme puis on a vu ce que ça n'était pas ça n'est pas la cooptation ça n'est pas la naissance et le hasard des richesses et ça n'est pas la politisation de la haute
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fonction publique ces définitions étant étant posées on peut en présent passé à une deuxième question de l'exposé qui est la méritocratie
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appliquée au recrutement des hauts fonctionnaires ça sert à quoi exactement et lorsqu'on examine les fonctions de la méritocratie dans le champ du recrutement de haut fonctionnaires on peut identifier au moins trois grandes fonctions
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la première fonction c'est de légitimer la hiérarchie et les distinctions dans une administration française qui reste très pyramidale la deuxième fonction c'est de recruter
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des fonctionnaires aussi compétents et efficaces que possible puis en fait enfin pardon la troisième fonction c'est d'assoir une certaine indépendance et une certaine permanence de l'administration dans un pays traversé
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par des convulsions politiques et des révolutions tout au long du 19e siècle alors le rôle de légitimation de la hiérarchie d'abord qui est important
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font tout système méritocratique fut-il fondé comme les le mérite dans la Déclaration des droits de l'homme de 1789 sur le principe d'égalité et
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d'abord un principe qui sert à légitimer des distinctions et des hiérarchies si on a besoin d'aller chercher le mérite c'est bien que on distribue en récompense de ce mérite on en vient à
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l'étymologie du terme au moins des places privilégiées ou des places de pouvoir donc le mérite ça sert pas seulement mais ça sert notamment à
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établir un système de hiérarchie or l'administration française c'était vrai au 19e siècle c'est vrai encore aujourd'hui n'est pas avare de distinction et de hiérarchie subtile
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suffit de lire Balzac les employés car un roman absolument extraordinaire parce que c'est un roman qui décrit avec un grand luxe de détails l'administration du 19e siècle et dans lequel on ne peut pas ne pas retrouver
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un certain nombre de points communs avec l'administration telle qu'elle se présente aujourd'hui pour la petite histoire le roman met en scène de personnes Xavier Rabourdin et Isidore Baudoyer qui
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font partie l'un du parti du mouvement il se bat d'ailleurs pour que le mérite soit un critère dans l'avancement des carrières et il écrit même en secret un plan de réforme de l'administration pour ça puis l'autre côté il y a le parti de
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la rédaction de la réaction pardon qui est incarnée par Isidore Baudoyer qui finit par l'emporter et avec sa victoire
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emportée également les projets de méritocratie de son rival alors sans qu'il soit utile de revenir de manière détaillée sur le fonctionnement actuel de l'administration française un peu que
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constater la pérennité d'une organisation qui reste très pyramidale et dans laquelle la logique de statut garde une grande force et cette force tire sa légitime sa légitimité de concours qui sont très
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fortement hiérarchisés entre eux au fond on sait très bien qu'un certain nombre de fonctions ne sont accessibles que à partir d'un certain niveau statutaire et que ce niveau statutaire s'acquiert soit par le concours soit par
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la nomination politique mais que en aucun cas on peut accéder à un certain nombre de postes sans avoir cette onction du du statut à qui
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essentiellement par le concours alors voilà pour le rôle de légitimation de la hiérarchie deuxième rôle deuxième fonction de la méritocratie c'est celle qui consiste à
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recruter une administration compétente et si possible efficace question qui traverse toutes les époques qui est encore présentes aujourd'hui à travers les questionnements sur
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l'adaptation de l'administration et des compétences qu'elle offre aux nécessité du temps présent et c'est une question qui a été estimée depuis deux siècles
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sous deux angles particuliers sous l'angle d'abord des capacités techniques les concours d'accès à la haute fonction publique ont toujours été très sélectifs
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et ont d'une manière plus ou moins variable dans le temps eu pour objet de recruter sur la base de connaissances techniques juridique beaucoup juridique un petit
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peu économiques et puis sur la base aussi de la maîtrise de code résume sous l'appellation de culture générale la part de la culture générale varié dans le temps il est assez remarquable
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que au lendemain la Seconde Guerre mondiale quand l'École nationale d'administration est créée par Michel Debré la dissertation de culture générale représente 50% des coefficients des
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épreuves d'admissibilité sur les cinq six épreuves d'admissibilité il y en a une qui s'appelle la culture générale qui représente 50% aujourd'hui la culture générale existe encore
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représente 15% des coefficients de l'admissibilité et la dernière réforme en date celle qui était annoncée par le gouvernement il y a deux mois a réussi à en sauver le principe alors même que elle semblait jouer à la
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disparition on viendra sur cette question de la culture générale parce qu'elle est intéressante on voit un examen de des compétences fondées sur une partie de culture générale et une partie de connaissances techniques
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et puis à côté de cette sélection sur les compétences on a une sélection sur les qualités de caractères et les qualités civiques au fond les talents d'un côté et les capacités puis de
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l'autre côté la vertu alors cette question de la sélection sur la base de qualité de caractère ou de qualité civique elle apparaît surtout dans les moments de crise au lendemain
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des moments de crise c'est le cas après la Seconde Guerre mondiale lorsque le concours de la toute nouvelle école nationale d'administration prennent en compte dans le recrutement le passé résistant des candidats par exemple et
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on a dans les années qui suivent la Seconde Guerre mondiale un vrai renouvellement de la haute fonction publique du fait de la reconnaissance par les juristes successifs de des
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comportements résistants des candidats qui se présentaient au concours meilleur interprète de cette volonté de sélectionner sur
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des vertus morales et donner dans les mémoires de Michel Debré qui est écrit au début des années 1980 et dans lesquelles il indique la formation est également à l'École nationale d'administration d'ordre moral il n'est
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pas dans la mission de l'école de faire de la politique ni d'imposer une doctrine mais l'école doit apprendre à ses futurs fonctionnaires le sens de l'État et doit leur faire comprendre les responsabilités d'administration leur faire goûter les grandeurs et accepter
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les servitudes du métier elle doit faire plus par un effort permanent de ses meilleurs professeurs par le rappel des grands exemples et des grands hommes de l'histoire elle doit donner à ses élèves le goût de quelques qualités maîtresses le sens de l'humain qui infuse la vie à
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tout travail le sens de la décision qui permet après avoir pesé le risque de le prendre le sens de l'imagination qui ne craint aucune audace aucune grandeur certaines éloquentes pour décrire tout
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ce qu'on doit y apprendre on devrait a mis la main à la patte lui-même puisque il donnait des cours dans lequel la vie des grands hommes c'est un petit peu ça l'idée ça s'est rapidement éteint mais
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sa témoignait bien de la volonté de formation morale ou de recrutement sur un certain nombre de critères moraux qui prévalaient après la Seconde Guerre mondiale en 1959 quand en général de Gaulle vient à l'École nationale d'administration il
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résume tout ça en disant je n'imiterai pas le ton du général de Gaulle il fallait d'abord que ceux qui au premier rang doivent servir l'État fustent une élite une élite à tous égards une élite intellectuelle et une élite morale
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voilà pour les compétences on arrive maintenant à la question de l'indépendance de l'administration qui a pour le coup un vrai trait caractéristique de la France expliqué dans un pays autre que la France que l'administration c'est l'état et que
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elle doit disposer par rapport au pouvoir politique d'une certaine autonomie c'est quelque chose qui n'est pas nécessairement très facile à comprendre or c'est quelque chose qui est affirmé en France depuis au moins la
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Révolution française la question a d'ailleurs été relativement controversé dans les années qui ont suivi la révolution puisque à l'article 6 de la Déclaration des droits de l'homme que je disais tout à
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l'heure s'oppose la Constitution 1791 qui prévoit que je cite les administrateurs sont des agents et lui attend de manière temporaire par le peuple pour exercer sous la surveillance et l'autorité du roi les fonctions
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administratives donc on a une fonction publique qui est élu 1791 et cette fonction publique élue va persister jusqu'à la fin du directoire
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elle pose un petit peu de problème parce que elle est à la fois très indépendante par rapport au pouvoir politique vu qu'elle bénéficie à peu près de la même légitimité qui résulte de l'élection et puis elle est pas très indépendante par
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rapport aux usagers parce qu'il faut bien assurer sa réélection dans une période ou par exemple les impôts rentrent très mal pour cette raison là donc la base de l'administration moderne et le retour au principe de la
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Déclaration des droits de l'homme après cette brève expérience d'élection des hauts fonctionnaires est posé à partir du consulat consulat pose un certain nombre de décisions en
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matière de fonction publique la première décision c'est que tous les fonctionnaires sont nommés par le pouvoir exécutif la plus de fonctionnaires élus la deuxième c'est que on procède à l'uniformisation de leur rémunération et des critères de
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leur avancement puis la troisième c'est la création ou la résurre la résurrection des grands corps de l'État a commencé par le Conseil d'État puis quelques années plus tard la Cour des comptes l'inspection générale des
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finances et les préfets donc cette expérience d'élection des fonctionnaires en France va durer très très longtemps mais elle a durablement marqué les mentalités au fond la France surtout
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dans ce 19e siècle si riche en turbulence a essayé de se garder contre l'instabilité au moins pour ce qui était de l'administration de l'État en
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prévoyant les principes de recrutement d'une administration qui saurait se garder une certaine indépendance par rapport au pouvoir politique du coup l'affirmation d'un principe de
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recrutement au mérite c'est quelque chose qui allait assez bien avec cet objectif d'indépendance puisqu'il permet à la fois de justifier que l'on puisse
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refuser un recrutement de la haute fonction publique qui serait entièrement à la main du gouvernement et puis d'autre part de répondre aussi à ceux qui souhaiteraient que les haut fonctionnaires soient élus
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là on en arrive à la troisième partie la troisième question qui est la méritocratie tu vois qu'on en a défini les contours une fois que on a expliqué
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à quoi ça peut servir bien prendre une question c'est comment ça marche et quelles sont les procédures qui permettent de faire fonctionner le recrutement des hauts fonctionnaires au mérite
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alors ces procédures sur le groupe autour d'une procédure centrale qui est celle du concours mais le concours n'est pas la seule procédure de la méritocratie à la
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française dans le champ du recrutement des hauts fonctionnels néanmoins deux autres il y a d'abord la rémunération des élèves qui se dessine au concours administratif pour
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assurer au moins une apparence d'ouverture sociale à ses concours et puis il y a quelque chose de très particulier qui est l'institution d'un marché du
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travail inversé où elle a sorti des écoles de formation ce sont non pas non pas les employeurs qui choisissent leur futur agents mais les étudiants qui choisissent leur employeur
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alors 3 3 procédures pourrait sans doute en identifié plus on avait au moins une de plaisantais mais ce sont sans doute les trois principales et leur intérêt c'est qu'elle perdure aujourd'hui encore
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alors l'affirmation du principe du concours au fond les poser par un acte fondateur qui est la création de l'école polytechnique par la Convention École
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Polytechnique elle repose sur les trois procédures que je viens d'indiquer d'une part on recrute par un concours qui est très très sélectif d'autre part on rémunère les élèves qui fréquentent
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l'école et puis parce qu'il se destinent à servir l'État et puis enfin dans un moment toujours un petit peu dramatique qu'on appelle l'amphi garnison c'est à dire le moment où arrivait au terme de
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leurs études les élèves sont amenés en fonction de leur classement à choisir une administration d'affectation et bien on fait fonctionner ce marché du travail inversé ou ce n'est pas l'employeur qui choisit mais celui qui est recruté
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alors l'École polytechnique joue un grand rôle dans les représentations du 19e siècle jusque jusqu'à la Seconde Guerre mondiale dans tous les projets qui prévoient une école d'administration on invoque l'école politique Hippolyte
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Carnot dont je parlais tout à l'heure il était polytechnicien lui-même donc ce qu'il avait en tête quand il crée l'école d'administration de 1848 c'est bien le modèle de l'école politique et puis le projet du fond du Front populaire d'une école d'administration
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en 1936 j'ai directement référence à l'École polytechnique puisque le nom de l'école si elle avait vu le jour aurait été École Polytechnique d'administration peut invoquer également le modèle de l'École normale supérieure créer
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quelques temps après par la même convention [Musique] après l'école polytechnique et qui régit par les mêmes principes recrutement au concours rémunération des élèves et puis
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choix ensuite d'une carrière éventuellement dans l'administration pas tout à fait de la même façon que sur l'École polytechnique ce qui nous donne quand même sans doute un modèle plus orienté peut les techniques que École
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Normale Supérieure donc il apparaît logique dès lors chaque fois que l'on veut organiser un recrutement sur la base du mérite de faire un concours si possible un concours
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sélectif comme celui de l'École polytechnique alors comme il n'existe pas d'école d'administration et bien les différents corps de l'administration tout au long du 19e siècle vont organiser leur propre concours le premier d'entre eux c'était le concours
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de l'auditorat du Conseil d'État c'est intéressant parce qu'il est voulu par Napoléon et dans l'esprit de Napoléon les auditeurs du Conseil d'État devaient acquérir une connaissance administrative générale qui leur permettait ensuite 2
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pour voir les emplois les plus élevés de l'administration comme bien même serait-il encore assez jeune sur la le modèle de l'école de l'auditorat du Conseil d'État fonctionne
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ensuite d'autres concours le concours diplomatique le concours l'Auditorat de la Cour des comptes le concours de recrutement de l'Inspection générale des finances
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ce système fonctionne jusqu'à la Seconde Guerre mondiale et nourrit des controverses qui sont intéressantes parce que elles viennent alimenter des critiques qui sont à la
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fois des critiques de gauche et des critiques de droite à droite les critiques viennent des responsables de l'administration qui ont leur propre clientèle et pour lesquelles un concours qui permet la promotion de jeunes au
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fonctionnaires et nécessairement malvenu ainsi le garde des sceaux des débuts de la restauration le compte de la serre indique que le vice inhérent au concours de l'auditorat du Conseil d'État et d'initier au sortir des écoles des
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jeunes gens sans expérience des affaires et du monde et de les incorporer à un grand corps de l'État cette élévation subite enfle leur jeune présomption elle concourt avec leurs défaut de connaissances pratiques à leur faire commettre des bévues et à encourir des
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ridicules qui rejaillissent sur le corps entier et le gouvernement lui-même à l'éloquence près on reconnaîtrait quand même des thèmes récents sur la question de savoir présente un public à trancher il y a quelques il y a deux ans
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maintenant si il faut recruter directement dans les grands corps de l'État déjà des pourvues d'expérience où il faut pas le faire finalement il était décidé l'an dernier de mettre fin au
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recrutement des jeunes issus de l'INA précédemment de l'Institut national du service public maintenant dans les grands corps en question toujours les mêmes que du temps de Napoléon le Conseil d'État la Cour des comptes l'Inspection des finances et
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de créer un délai de trois ans avant de leur permettre de se présenter à ses institutions les procédures commencent à fonctionner
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on n'a pas encore un recul suffisant sur leur fonctionnement des d'ici quelques années ça sera intéressant de regarder ce que ça a donné ma petite idée parce que j'y participe mais ça intéressant de voir d'ici deux ou
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trois ans ce que ça a donné et si ça aboutit un véritable renouvellement des profils qui sont intégrés au Conseil d'État à la Cour des comptes ou pas alors là c'est les critiques qui
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viennent du côté droit de l'échiquier politique mais les critiques qui viennent aussi de la gauche devant les concours et en particulier devant les concours qui doivent pour voir au plus haute emplois
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en 1848 comme en 1936 la gauche souligne les risques du Mandarina que font courir les concours où l'on recruterait des personnes trop jeunes pour les former dans des écoles d'administration le président de la Fédération des
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fonctionnaires de 1936 s'appelle Charles Laurent s'exprime ainsi je voudrais souligner les dangers et les risques graves pour l'avenir de la fermeture de l'accès des postes d'avancement aux agents provenant des couches populaires
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ce dont les parents n'ont pas eu la possibilité en raison de leur pauvreté de leur faire poursuivre des études secondaires on parviendrait d'une façon certaine à un Mandarina les anciens élèves de l'école d'administration de
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différentes promotions s'appuyant et se tutoyant tendraient à se réserver tous les postes d'avancement ils seront plein de condescendance pour leurs camarades ne provenant pas comme eux de l'Olympe aussi des propos qu'on pourrait tout à
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fait à la réserve du style près entendre aujourd'hui à cet égard faut saluer quand même l'exercice d'équilibrisme de du législateur de 1945 qui a créé les
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nains et qui a réalisé une sorte de synthèse des différentes critiques qui étaient adressées au système en créant un double concours d'entrée à l'École Nationale de l'Administration un
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concours externe pour les étudiants en nombre réduit et un concours interne pour les fonctionnaires déjà expérimentés qui souhaitaient progresser dans leur trajectoire professionnelle en passant par cette nouvelle école
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nationale d'administration c'est d'ailleurs parce que ce concours interne a été créé que le vote des communistes a été acquis à l'époque vote sans lequel
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l'école aurait été difficile à créer voilà une fois ceci posé on peut très très bien regarder ce qui se passe aujourd'hui on se rend compte que les termes du débat n'ont pas énormément changé que aujourd'hui encore et bien
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on essaye de répondre aux différentes critiques en créant un nouveau concours pour la petite information à l'école d'administration donc à l'Institut national du service public aujourd'hui il existe cinq concours un concours externe celui qui avait été
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créé en 1945 concours interne crée également 1945 puis un troisième concours concours destiné à recruter des personnes ayant effectué le début de leur carrière dans le secteur privé troisième concours qui a une vie très
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très chahutée puisque créer dans les années 80 par le gouvernement socialiste pour recruter notamment des syndicalistes dans la haute administration il était supprimé en 1986 puis rétablissent sous une forme
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très très édulcorée en 1990 il y a un quatrième concours qui est celui pour lequel j'avais pris une part modeste en essayant de l'imposer qui est le concours réservé au docteur voilà
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très homéopathique puisque tous les ans sont recrutés deux ou trois docteurs au cours de l'École Nationale de l'Institut national du service public je m'interroge toujours sur l'attitude face aux risques des candidats en question
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quelques dizaines de candidats qui se présentent un concours où il y a une ou deux places qui passe un ou deux ans de leur vie finalement des gens qui ont une aversion au risque assez faible parce qu'il passe beaucoup de temps donc un
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coup d'entrée très très élevé pour des résultats extrêmement aléatoires et puis il y a un cinquième concours qui existe depuis deux ans maintenant qui est le concours dit talent qu'un concours réservé aux étudiants boursiers
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donc on voit bien que on essaye toujours de répondre aux défauts du concours avec les méthodes qui en 1945 obtenu des résultats satisfaisants mais qui aujourd'hui semble obtenir des effets
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moins convaincants je passe rapidement sur la rémunération des élèves la rémunération des élèves elle est intéressante parce que elle a fourni une sorte d'alibi social la formation est rémunérée non seulement
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la formation mais même la préparation au concours rémunéré dans certaines conditions donc ouverture sociale maintenant c'est pas si évident on voit bien les résultats l'ouverture sociale
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extrêmement faible de ce concours aujourd'hui la rémunération des élèves c'est vrai pour une école comme l'Institut national du service public c'est vrai aussi dans les écoles normales supérieures devient presque un
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handicap un moment où la plupart des élèves qui fréquentent ces établissements sont issus des couches les plus favorisées de la population la rémunération apparaît comme une preuve supplémentaire du caractère inéquitable de notre système de sélection
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quand au marché du travail inversé j'en ai décrit tout à l'heure les principales caractéristiques c'est une curiosité intéressante mais qui est tout à fait complémentaire avec l'idée selon laquelle l'administration doit être
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indépendante vis-à-vis du pouvoir politique et le fait que ce principe du marché du travail inversé aujourd'hui assez largement tes cornée puisque on a rééquilibré un petit peu les termes du
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débat entre les élèves issus de l'infp et les administrations qui les recrutent montre bien aussi l'évolution du regard porté sur le principe d'indépendance de l'administration
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alors on arrive à la partie conclusive qui se pose la question de savoir pourquoi l'améritocratie à la française telle qu'entendue dans la haute fonction publique est en crise et comment pourrait éventuellement y répondre alors
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la crise elle vient évidemment du caractère largement fictif du mérite qui est récompensé par l'accès à opposition qui sont offertes au terme du concours de l'École nationale d'administration ou
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des concours comparables la question était largement instruite je citerai des travaux récents de Laurent benfennis par exemple qui a sorti un chiffre frappant en montrant que en
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termes d'endogamie un étudiant dont le père a été élève à l'École Nationale administration à 330 fois plus de chances qu'un autre étudiant de réussir le concours de cette
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école c'est pas une caractéristique propre à l'École nationale d'administration si on regarde de Polytechnique c'est 296 fois l'école Noël supérieure c'est 266 fois c'est un petit peu mieux mais ça reste quand même dans des ordres de grandeur qui sont qui
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sont proches donc le procès est instruit quelque part et l'endogamie en tous les cas l'héritage ceux contre quoi finalement l'article 6 de la Déclaration des Droits de l'Homme c'était élevé
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quelque part s'il n'existe plus en droit existe dans les faits mais je crois que cette mise en évidence du caractère fictif du
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Mérite n'est pas le seul élément qui est branle le système méritocratique dans le cadre du recrutement des hauts fonctionnaires en France la légitimité de la procédure
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elle est rendue encore plus fragile par un certain nombre d'éléments de contextes parmi ces éléments de contexte il y a en premier lieu la crise d'efficacité de l'État un état qui n'est
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plus efficace qui peine à faire face aux défis du temps présent qui est affaibli dans sa légitimité emporte dans son affaiblissement ceux qui le font fonctionner et à forceuri ceux qui occupent les premiers ronds
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dit autrement pourrait penser qu'une méritocratie imparfaite et moins questionner lorsqu'elle semble délivrée des résultats bénéfiques au plus grand
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nombre elle devient nécessairement plus légitimes lorsque les résultats ne sont plus à l'avenant alors je dérive ce raisonnement d'un raisonnement que j'ai testé dans un autre domaine qui est celui des
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prélèvements obligatoires ce qui est assez remarquable quand on questionne nos concitoyens sur les impôts qu'il paye c'est que ils n'ont pas d'idée sur le bon niveau en valeur absolue des impôts en revanche
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ils sont très très attentifs à ce que les impôts est un rapport avec la qualité du service qu'il aurait rendu tout à faitblissement de la qualité du
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service rendu perçu ou réel va de pair avec une préférence pour l'abaissement des impôts c'est logique mais on pourrait penser qu'il en va exactement de même avec un système
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quel qu'il soit de recrutement à fortiori s'il se prétend mériter aux pratiques il est peu questionné si les résultats qu'il donne à la sortie sont plutôt bons et il est beaucoup plus aussi les résultats semblent insatisfaisant au plus grand nombre et
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le résultat sont manifestement insuffisants je me suis plongé il y a quelques années dans les contributions aux grands débat national qui avait été organisé après la crise des gilets
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jaunes ou les contributions qui tendaient à supprimer l'École nationale d'administration représentait quand même 1,8% du total un sujet aussi petit c'est quand même
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quelque chose de relativement grand qui interroge sur les raisons qui conduisent un si grand nombre de nos concitoyens à considérer cette école comme nuisible ou légitime ou au moins de vent être
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réformé deuxième élément de contexte c'est peut-être quelque chose qui est lié à une évolution de la société mais puisque un système méritocratique et un système qui fonde une hiérarchie et bien dans
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une société plus rétive pour des tas de raisons à l'existence d'une hiérarchie on remet en cause ce qui la fonde et notamment les procédures de concours qui en sont à l'origine en France
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voilà face à ces différents défis qui ont contribué à l'affaiblissement de la légitimité des procédures méritocratiques les réformes qui ont été apportées au fonctionnement des concours administratifs n'ont pas été à la
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hauteur des enjeux on pourrait y revenir dans les échanges de questions si vous le si vous le souhaitez vont pour réussir à avoir des règles du jeu qui ne
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favorisent pas systématiquement la même catégorie de personnes qui sont les mieux à même d'en maîtriser les tenants et les aboutissants il faudrait en changer souvent une métaphore qui est intéressante c'est celle du sport automobile un sport automobile si on veut briser la
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domination d'une équipe qui gagne pendant plusieurs années et bien ce que font les autorités sportives c'est qu'elle change les règles et en changeant les règles et bien on rebat les cartes on pourrait faire exactement pareil en matière en matière de concours
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on pourrait rebattre les cartes régulièrement alors optiquement c'est ce qu'on a fait puisque en moyenne depuis 45 on a changé les règles du jeu tout les 5 ans mais en réalité moi ça fait 20 ans que je prépare des étudiants au concours de l'école
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les fondements des épreuves sont toujours restés les mêmes et j'enseigne n'ont pas la même chose mais en tous les cas des choses qui restent relativement proches aux différentes générations qui ont connu les différents concours
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donc les changements de règles du jeu elles ont été inopérantes et par ailleurs personne ne sait jamais attaquer au frein à la mobilité sociale qui reste toujours présent à ses concours c'est un concours je le soulignais tout à l'heure où l'échec est coûteux parce que on s'y consacre
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pendant un an pendant deux ans et pendant ces deux années là et bien soit on était étudiant et on acquiert pas de diplôme ça constitue un investissement lourd et risqué soit on est déjà salarié mais entre parenthèses sa carrière soit
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on est docteur on fait pas de recherche pendant ce temps-là enfin on voit bien que le coût de participation au concours est extrêmement élevé et que rien n'a jamais été pensé pour l'alléger ce qui permettrait la concurrence d'être plus
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vive et sans doute des personnes nouvelles de s'y présenter par ailleurs c'est des concours et ça j'ai pu le mesurer en tant qu'enseignant dans des établissements non parisiens devant lesquels l'inhibition sociale est
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forte et elle est forte d'une part parce que on n'a pas forcément d'exemples sous les yeux de gens qui ont passé un jour ce concours mais aussi parce que les épreuves font la part belle à des connaissances que seuls détiennent des
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insiders des gens qui connaissent les us et coutures et les règles qui régissent l'administration met toujours très frappé que dans les épreuves on demande aux élèves de ce qu'on portait comme si
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ils connaissaient déjà l'administration à laquelle ils sont candidats ils connaissent pas c'est bien c'est bien pour ça qu'on leur fait passer un concours et pourtant le critère de conformité culturel et de connaissances
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par anticipation des règles de fonctionnement de l'administration continuent de faire de de faire l'objet d'une évaluation positive dans les dans les concours alors en conclusion que peut-on dire on peut dire que la
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crise de la méritocratie elle n'est que pour partie imputable au concours tel qu'il fonctionne maintenant depuis deux siècles en France et pas en changeant les concours qu'on changera la société même si on
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aboutissait à une prise en compte utopique et parfaite du méridienne sur détermination par problèmes d'efficacité de l'État par l'état de la société telle qu'elle se présente aujourd'hui
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pour autant ça ne signifie pas que des efforts ne soient pas nécessaires alors ce qui est intéressant c'est que depuis le 19e siècle on a à peu près tout tenté en matière de projet d'école on a que une seule qui a vu le jour toutes les
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autres soit se sont arrêtés rapidement comme celle de 1848 soit n'ont jamais vu le jour comme celle de 1936 mais ce qui est intéressant c'est que le réflexe chaque fois qu'une grande crise a été traversée
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par notre pays a été de refonder la haute administration et de le faire en créant une grande école personne n'a jamais imaginé que l'on pouvait régler le problème en tous les cas essayer d'y apporter une solution en
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se rapprochant de l'université ce qui est intéressant à l'université c'est que d'abord elle apparaît aujourd'hui comme une des rares institutions associées à une mobilité
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sociale assonant ascendante notre pays beaucoup plus que les grandes écoles ou la mobilité sociale ou en tout cas la diversité sociale est plutôt et plutôt sur une pente descendante
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et puis par ailleurs l'université bien plus que les grandes écoles c'est un lieu de recherche or pour faire face au monde tel qu'ils se présente avec ses incertitudes c'est complexité
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la connaissance des méthodes de la recherche l'acquisition d'une culture de la recherche apparaîtrait à mon sens comme un élément permettant de mieux anticiper
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les évolutions que nous connaissons en définitive une association étroite de l'université non seulement à la formation mais aussi aux modalités de recrutement des fonctionnaires apparaît aujourd'hui comme une toupie peut-être
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mais une utopie souhaitable [Applaudissements] [Musique]
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