Waiting..
Auto Scroll
Sync
Top
Bottom
Select text to annotate, Click play in YouTube to begin
00:00:05
Bonjour et bienvenue sur ce premier webinaire "Comprendre ses élèves". Ce webinaire est organisé par l'ENSFEA qui est l'Ecole Nationale Supérieure de Formation de l'Enseignement Agricole, qui assure notament la formation des personnels d'enseignement et d'éducation des lycées agricoles. Je suis Audrey Murillo, maitresse de conférences à l'ENSFEA
00:00:30
et dans ce webinaire nous allons donner la parole à des chercheurs qui se sont intéressés au vécu des élèves de lycées agricoles. J'ai donc le plaisir d'accueillir aujourd'hui Hélène Veyrac professeure de l'enseignement supérieur agricole qui est rattachée à l'ENSFEA et à l'unité mixte de recherche EFTS Education, Formation, Travail, Savoirs. C'est un laboratoire toulousain de recherche en éducation
00:01:00
qui est sous la tutelle de l'ENSFEA et de l'université Toulouse Jean Jaurès. Donc un grand merci à Hélène Veyrac qui va évoquer les résultats d'une recherche qui porte sur la façon dont les éléves de l'enseignement agricole se représentent leurs cours et leurs enseignants. Je remercie également Willy Lacan qui est enseignant en Education Socio Culturelle au lycée agricole de Saint-Gaudens
00:01:25
et qui va nous rejoindre pour réagir à la conférence d'Hélène. Et comme nous sommes ensemble pour quarante minutes je donne tout de suite la parole à Hélène Veyrac qui va partager son écran. Bonjour à tout le monde. Pour cette présentation je vais m'appuyer sur une recherche que j'ai menée avec toi Audrey Murillo, et puis avec Julie Blanc et Philippe Sahuc.
00:01:58
Cette recherche est parue dans un article dans une revue qui s'appelle "Recherches en éducation". C'est une revue facile d'accès en ligne, gratuite. L'article s'intitule "Comment les élèves catégorisent leurs cours/enseignants Etude des catégories opératives dans une classe de quatrième de l'enseignement agricole.".
00:02:22
Vous avez la référence pour pouvoir y accéder en ligne. Nous nous sommes intéressés à comprendre les élèves mais sous l'angle de comment ils voient leurs cours et leurs enseignants. Alors comment on s'y est pris pour répondre à cette question ? On a utilisé l'emploi du temps d'une classe d'élèves de quatrième de l'enseignement agricole. et on a créé des étiquettes.
00:02:47
Donc on a par exemple maths, aménagement paysager, biologie/écologie. On a disposé les étiquettes sur une table et on a suivi une technique dite "étude des catégories opératives" qui est présentée plus en détail dans un autre article de la revue que j'ai citée tout à l'heure, dans le numéro 33.
00:03:13
Donc on a passé du temps avec chaque élève, individuellement, donc un chercheur et un élève assis cote à cote devant une table. Donc il faut s'imaginer les étiquettes posées sur une table là au hasard, mises en désordre. Il y avait aussi le nom des enseignants sur les étiquettes qui ne sont pas indiqués là évidemment. Donc pour bien comprendre et se rendre compte de la technique
00:03:41
je vais l'illustrer et faire comme si un élève était à côté de moi, qu'on va appeler Clément et je vais m'adresser à lui. "Donc Clément comme je te l'ai dit tout à l'heure je forme des enseignants mais pas tes enseignants, je connais pas tes enseignants, je vais pas les croiser. Je viens ici dans ton lycée que pour ces rencontres avec ta classse,
00:04:06
donc tout ce que tu diras me servira pour former des enseignants débutants. Donc comme tu le sais peut-être, les adultes ne savent pas toujours bien ce qui se passe dans la tête des élèves, comment les élèves voient les choses, ce qu'ils ressentent, ce qu'ils pensent. Donc c'est pour moi important de rencontrer un élève comme toi. Tu vas me parler de ton propre point de vue
00:04:32
qui n'est peut-être pas le même que celui d'autres jeunes. Donc c'est ta façon de penser qui m'intéresse pour comprendre comment toi tu vois les choses. Donc tu vois, on est parti de ton emploi du temps que tu as là, on a fait des vignettes, ces petites étiquettes là. Donc je te demande de regrouper ces vignettes et de mettre ensemble celles qui pour toi, vont ensemble.
00:04:55
De manière que je me rende compte de ta manière de voir tout ça." Donc là je vais laisser Clément se concentrer sur les vignettes il commence à les déplacer sur la table, à regrouper les vignettes librement. Bon, en général ça prend peut-être deux minutes, parfois un peu plus. Donc là Clément fait une configuration, il s'arrête de déplacer les vignettes. Et je vais lui demander :
00:05:23
"Donc là Clément tu as fait plusieurs paquets, est-ce que tu peux me dire, ces catégories là, que tu as faites comment on pourrait appeler ce premier regroupement. Donc là par exemple, il y a une catégorie de cours où l'on parle des cours importants, donc on s'accorde sur une façon de nommer ce regroupement, et ensuite on passe au suivant, et ainsi de suite.
00:05:49
Donc on a une catégorie où "on parle de l'extérieur" et une autre qui est désignée voilà... cours... par exemple les cours... "les cours inconnus" pour éducation socio-culturelle et économie sociale et familiale. Donc les élèves peuvent ainsi exprimer des catégories qui ont une certaine logique entre elles comme "cours importants" ou "pas importants",
00:06:16
mais on peut voir aussi des catégories qui sont pas tout à fait cohérentes entre elles. Par exemple on peut avoir pour une même configuration la catégorie "il faut calculer" et une catégorie "le cours où on est pas enfermés". On a laissé les élèves exprimer leur façon de voir à partir de cette tâche de classement. Pour ce qu'on peut voir ici pour Clément, ce sont les données qu'on a effectivement recuellies comme ça,
00:06:45
c'était lors d'une première rencontre en septembre. Avant même qu'on voie ses enseignants... que lui-même voie ses enseignants. Donc on a voulu approcher comment la représentation des élèves évolue, en ayant une vision des cours dès le premier jour de la rentrée. Bon, ceci explique que Clément ne parle pas vraiment de ses enseignants mais plutôt des cours. Donc ensuite en octobre,
00:07:14
on est revenu dans le lycée agricole pour la même chose, j'ai positionné à nouveau les étiquettes sur la table, Clément en octobre a positionné les vignettes en deux grandes catégories qui ont été désignées par "le cours décontracté que j'aime où on a des avertissements avant les colles" et puis les cours où "je suis pas content c'est ennuyant, il faut se taire" et "j'ai pas envie de me faire coller".
00:07:47
Bon, les colles c'est les retenues. Là avec ces deux catégories Clément ne nous parle plus de la matière enseignée mais des aspects relationnels avec sa classe et, bon là des attraits qu'il peut ressentir, et aussi on voit la gestion de la discipline de l'enseignant apparaitre. Alors initialement avec mes collègues on avait prévu de s'en tenir à ces deux venues dans l'établissement. ... septembre / octobre.
00:08:14
Mais plusieurs élèves ont exprimé qu'ils aimaient bien ces moments, où ils pouvaient parler de leur façon de voir. Donc on est revenu deux fois de plus, en décembre et en février. Donc en décembre, voilà comment Clément a procédé à une nouvelle catégorisation des cours, Il a fait plusieurs catégories, avec des modifications comme on le voit, Bon, au départ c'était à chaque fois remis au centre de la table
00:08:43
sans tenir compte des configurations qu'il avait faites précédemment. Donc on voit les catégories : " les profs sympas que j'aime" et "les profs moins sympas que j'aime pas". Tout ça c'était pour décembre, on va voir la quatrième configuration de Clément. Et là il a créé... non pas deux catégories mais on va en voir trois apparaitre.
00:09:23
Alors, une catégorie sur la gauche qui est... ...celle des profs qui collent rarement, et puis celle des profs qui collent souvent. Et la troisième catégorie donc c'est "le prof qui dit qu'il va coller mais qui colle pas".
00:09:52
Donc on a pu discuter avec chaque élève, Clément m'a expliqué qu'il n'a jamais été collé avec une de ses enseignantes alors qu'il aurait peut-être dû l'être d'après lui Il parle d'elle ainsi, il dit : "Elle est trop gentille, et ça fait qu'il y en a beaucoup trop... d'élèves... qui font des conneries". Donc on a eu des propos comme ça d'élèves, je vais citer aussi ceux de Maurine, Donc, elle qui commente, elle a fait deux grandes catégories
00:10:22
alors il y a "les profs sympas, ceux que j'aime" Elle nous dit : Et donc Maurine nous parle d'une autre catégorie, "les profs moins sympas, ceux que je n'aime pas". et elle nous dit... bon elle mélange le propos avec une enseignante et un groupe d'enseignants mais bon, ça donne : Donc ainsi on a de nombreuses expressions d'élèves
00:12:01
qu'on utilise notamment en formation, Il y a les quatre configurations de Clément qu'on a vues une pour chaque venue dans l'établissement et il est arrivé que les élèves fassent plusieurs configurations à un même moment. c'est-à-dire qu'ils ont rebattu les cartes et proposé une deuxième façon de voir leur enseignant donc au total on a eu plus de 130 configurations et on peut voir que, par exemple, pour un même prof
00:12:31
on a donc une vingtaine de points de vue des élèves de la classe dont voici un aperçu. Pour un même enseignant on peut avoir : Alors pour analyser toutes ces configurations on les a codées selon plusieurs dimensions. Ce qui peut permettre commme cela de rendre compte d'une manière un peu plus générale de toutes les façons de voir des élèves et de comprendre la dynamique au cours des semaines.
00:13:23
Je vais présenter les six dimensions des configurations. La première par ordre de fréquence d'apparition dans les configurations. Donc c'est "la matière et le contenu enseigné". Celui qui apparait le plus souvent. Au yeux des élèves un enseignant est quelqu'un qui enseigne une discipline avant tout. Mais cette dimension laisse la place progressivement au cours des années à d'autres dimensions. Bon évidemment cette dimension était forte en septembre
00:13:48
puisque les élèves n'avaient pas encore rencontré leurs enseignants, mais elle n'a pas été exclusive. Les élèves se représentent leurs enseignants, en septembre, avant même de les rencontrer, selon l'importance de la matière pour eux, et aussi selon la forme d'enseignement qu'ils imaginent. Globalement cette première dimension diminue vraiment au fil des semaines. On a ensuite quelquechose relatif à "l'attrait ou au rejet". Avec des catégories du type :
00:14:15
"j'aime aller en cours avec ce prof ou cette matière", "ça m'intéresse", "j'ai envie de découvrir". Alors c'est pas l'idée que le prof est sympa ou pas mais plutôt une dimension liée à la réception par l'élève de comment, lui, vit le cours et de ce que propose son enseignant Au contraire de la précédente, cette dimension a pris de plus en plus de place au cours des semaines. La dimension suivante un peu moins présente est relative aux "manières d'enseigner, manières d'apprendre".
00:14:43
Par exemple les élèves se représentent leurs enseignants sous l'angle du prof qui explique bien. Ou des élèves expriment aussi le cours où il faut réfléchir, où il faut mémoriser De manière plus spécifique à l'enseignement agricole les élèves ont souvent exprimé des catégories sous l'angle du fait d'être dehors, de travailler à l'extérieur. On relève plus de 15% sur les 137 configurations.
00:15:08
Par rapport à l'évolution au cours des semaines le nombre de catégories, qui relève de cette dimension, est relativement constant. Donc ensuite, un peu moins souvent les élèves caractérisent leurs cours et enseignants sous l'angle des aspects relationnels, du climat instauré par l'enseignant et sa façon de gérer la discipline. On va avoir le prof sympa, bonne ambiance On voit aussi l'activité des élèves apparaitre dans les catégories
00:15:35
comme "là où je dors", "où je suis attentif", ou "avec ces profs je vais faire des efforts". Quelques catégories relèvent d'une dimension qu'on a appelée "utilité, importance" Quand on dit "importance", c'est dans le sens de l'importance des cours pour le futur de l'élève. Donc au cours de l'année cette dimension diminue comme si la professionnalisation...
00:16:01
le côté professionnalisant des cours s'atténuait au fil des semaines. Ce qui peut être compris au regard des spécificités des quatrième de l'enseignement agricole. Ce sont des classes où on apprend pas un métier mais plutôt c'est un dispositif de lutte contre le décrochage. Alors enfin, sur le dernier point, ce sont les configurations les moins souvent relevées. C’est la dimension relative à la « performance de l’élève »,
00:16:29
comme par exemple dans le regroupement "prof avec lequel j’ai de bonnes notes". On peut avancer qu’on a rencontré des élèves pour lesquels l'excellence scolaire n'est pas la préoccupation première. Avec d'autres élèves, notamment en filière seconde GT de l'enseignement agricole, seconde Générale et Technologique, cette dimension de la performance a été plus prégnante quand on a mené les entretiens.
00:16:54
Pour les élèves de quatrième, dans cette moitié d'année, la question de l'enseignant qui permet de faire réussir n'est pas très forte. Alors, pour conclure, on peut retenir que tous les élèves ne percoivent pas leurs enseignants de la même manière. Ca peut paraitre évident de dire ça mais... ça ne l'est peut-être pas pour tous les enseignants. Si je me réfère aux travaux sur la méta perception,
00:17:24
ces travaux montrent que la grande majorité des personnes ont tendance à tort, à penser qu'elles sont perçues comme elles se perçoivent elles-mêmes. Il est difficile d'imaginer qu'on est perçu autrement que comme on se perçoit soi-même. Pourtant c'est souvent le cas, les personnes d'un groupe social différentes de nous, nous percoivent de manière assez éloignée de comment on se perçoit soi-même. Je me permets, là, de faire référence à un article, encore, dans la revue
00:17:51
Recherches en éducation, et dans le numéro 33 c'est l'article de Stéphane Gagnepain, qui détaille ses travaux vraiment intéressants. Ils sont intéressants pour les professionnels de l'éducation notamment parce qu'il permettent de comprendre la fabrique des malentendus et des difficultés à communiquer. Bon évidemment c'est important aussi pour les professionnels de l'éducation de maintenir une bonne compréhension de leurs élèves
00:18:15
pour pouvoir adapter leur dispositif éducatif et de formation. Bon par ailleurs on peut retenir aussi qu'il y a une variabilité au cours des semaines. les élèves ne se représentent pas leurs enseignants de la même façon en octobre qu'en février. Les représentations témoignent d'une relation en train de se construire. Alors ces variations, intra et inter individuelles sont cependant relativement minimes
00:18:46
au regard des recherches qu'on a pu mener par la suite. Je veux dire qu'il y a quelquechose d'assez homogène dans les représentations de ces élèves de classe de quatrième de l'enseignement agricole public. Les élèves semblent disposer de relativement peu de repères pour appréhender la relation enseignant/élève. On a pu voir que la technique utilisée avec les étiquettes leur a permis de... ...de révéler une représentation pré-établie mais aussi peut-être de la développer
00:19:16
pas seulement de la réveler mais de développer une représentation. Dans une certaine façon, la tâche de catégorisation et l'activité langagière qu'elle nécessite leur a permis de construire une pensée sur leur enseignant. Et ces temps avec eux ont permis de créer de la signification. Alors pour terminer je vais citer encore Maurine, à cet égard, comme pour lui donner le dernier mot de cette présentation.
00:19:43
Elle nous dit... quand elle s'adressait à Audrey Murillo pour exprimer sa catégorie, elle dit : Quand les élèves regardent les étiquettes quand ils s'expriment à la suite de leur configuration il se passe quelquechose mentalement, qui n'est pas de l'ordre de l'introspection mais vraiment de la construction d'une intelligence...
00:20:19
peut-être de la relation scolaire. Construction d'une intelligence de ce qui se passe en classe et de leur comportement en classe. Donc ceci relève du développement d'une activité méta cognitive une sorte d'intelligence de leur propre mode de pensée, ça leur permet de modifier leur façon de se voir eux-mêmes mais également de percevoir leur enseignant.
00:20:44
Et probablement aussi, leur façon d'être, de faire leur façon d'interagir avec leur enseignant. Et donc peut-être aussi leur façon de grandir d'être au monde, le fait de vivre ensemble. Donc voilà les quelques idées que je voulais partager avec vous. Donc Audrey c'est peut-être le moment des questions,
00:21:07
et de la réflexion avec les personnes ? Qui ont pu poser peut-être quelques remarques ? Merci beaucoup Hélène pour cette conférence qui était très claire. J'ai deux questions pour toi, et puis il se peut que d'autres remarques et questions arrivent via les participants, donc vous avez le bouton Q&R en bas de l'interface Alors j'ai une première question
00:21:33
donc, sur les critères : "Ne pourrait-on pas se dire que si les élèves ne parlent plus de la matière en milieu d'année c'est parceque ce n'est plus une nouveauté pour eux ils ont découvert la matière et sont passés à autrechose mais c'est peut-être toujours aussi important pour eux. Alors c'est vrai que ce n'est pas parce qu'ils n'en parlent pas aussi que ce n'est pas là, c'est un peu la difficulté de cette technique
00:21:57
ce n'est pas parce qu'ils ne l'évoquent pas que ce n'est pas important. Disons, ce qu'on peut dire c'est qui est dit est important mais ce qui n'est pas dit c'est un peu plus compliqué. Oui. Alors, on a d'autres questions qui sont apparues Hélène. "Pensez-vous pertinent de faire ce test avec les étiquettes avec mes classes ?" demande une enseignante. Disons que là, les élèves s'adressent toujours à quelqu'un.
00:22:30
Là, l'adressage, c'est à des chercheurs qui passent dans leur établissement et qui après n'ont pas vocation à divulguer à leurs enseignants les résultats. C'est vrai que le contexte dans lequel on va positionner les élèves pour qu'ils s'expriment est déterminant sur ce qu'ils vont dire ils ne s'adressent pas de la même façon à un autre élève,
00:22:59
à un enseignant, à un chercheur, etc. Oui, ça pourrait être fait mais... faire catégoriser autrechose que ses collègues... Peut-être faire catégoriser par exemple différentes façons d'enseigner Se dire... Il y a des cours à l'extérieur, il y a des visites d'exploitations agricoles
00:23:30
il y a des cours qui sont notés, il y a des évaluations, des corrections, et peut-être regarder comme ça, comment est-ce qu'ils catégorisent, pour avoir un discours sur les façons d'enseigner enfin, les situations d'enseignement/apprentissage. Donc peut-être faire catégoriser les situations d'enseignement/apprentissage mais faire catégoriser leurs collègues, c'est quand même plus compliqué,
00:23:55
ça non, il ne faut pas le faire. ou alors le faire avec... vraiment réfléchir à un cadre ! Vraiment pour pouvoir le faire bien. Mais par contre ça peut être intéressant de partir de choses par exemple des exemples que j'ai montrés pour les faire parler. Dire "ah bein non nous on voit pas comme ça" ou au contraire, "oui on est d'accord" voilà, ça peut être un point de départ pour une discussion. Merci Hélène, on a encore plusieurs questions, une participante qui exprime que elle, elle travaille avec de jeunes adolescents
00:24:27
et elle demande s'il y a des différences en fonction de l'âge, lycée/BTS. Oui, je suis sûr qu'il y a des différences Là on en a fait que sur deux niveaux mais... C'est sûr qu'il y a quand même une sorte de maturité qui se fait sur ce qui se passe dans le lien entre... un lycée enfin... une institution établissement scolaire les adultes, et puis eux, qui sont en train de grandir.
00:24:54
Donc forcément, il y a quand même des choses qui s'affinent là on voyait des choses pas très mûres entre guillemets "j'aime/j'aime pas", et on a vraiment mis en place un dispositif pour arriver à avoir un discours avoir un propos, avoir des paroles. Mais bon peut-être que pour d'autres jeunes, il n'y a pas besoin de mettre tout ça en place pour qu'ils puissent parler de ce qu'ils ressentent,
00:25:20
de ce qu'ils vivent dans l'établissement. Alors une participante nous demande de rementionner la référence aux publications ce sera plus facile par écrit, vous pouvez les retrouver... elles y sont déjà sur la page web du webinaire, donc si vous allez sur le site ensfea.fr vous cliquez sur l'actualité en première page et vous parvenez à la page du webinaire et à la biblio. Une autre remarque :
00:25:45
La progressivité et la maturation de la perception dans le temps est très intéressante votre travail, si déployé à une plus grande échelle et en fonction des filières pourrait-il venir étayer la prise en main des classes en début d'année puis participer à une réflexion sur les postures d'enseignement en général ? L'enjeu est de taille et s'inscrit dans le prolongement des rénovations en cours où la notion d'accompagnant sera décisive. A toi Hélène. Oui, alors c'est un travail de longue haleine, ça prend du temps...
00:26:13
de faire tout ça. Mais après c'est vrai qu'il y a d'autres travaux internationaux aussi qui permettent d'avoir des données au moins sur le début de la relation et ce qui se passe au départ. Là j'ai envie de citer ton ouvrage, Audrey "Prendre un bon départ avec ses classes" d'Audrey Murillo qui permet peut-être de donner plus d'indications sur le début de cette relation
00:26:38
et sur le côté, aussi, "point de vue des élèves" Oui ce serait effectivement intéressant de... d'agrandir un peu cette recherche. Alors Hélène les questions affluent de toutes parts. Des questions sur : "Est-ce que l'on a transmis les résultats ou débriefé avec les élèves d'une part et les enseignants d'autre part éventuellement afin que ces derniers adaptent leur posture ?"
00:27:08
Alors, c'était pas le cadre qu'on a donné et qu'on a tenu c'était de demander à l'établissement de nous accueillir mais on avait pas un retour justement. Donc quand j'ai parlé tout à l'heure à Clément fictivement je lui ai dit que l'on n'en rendait pas compte à ses enseignants. Et c'était quelquechose d'important pour qu'ils puissent avoir une parole justement qui ne soit pas instrumentalisée... de leur part je veux dire.
00:27:34
Qu'il ne disent pas ça pour changer des choses par rapport à leur enseignant. Donc c'est pas du tout ce qu'on a fait c'était le cadre qu'on avait décidé, on avait pas de retour à faire dans l'établissement. Bon par contre on a fait une petite demi-journée où on a présenté sous forme de posters, d'échanges, de barcamps, où on a voulu quand même faire un retour mais on a fait attention à ne pas engager de discussions avec eux autres,
00:28:02
et puis pas divulger... On a pas à rendre compte de comment les élèves voyaient leur enseignant par rapport à cet établissement là. C'est vraiment des données qui sont utlisées pour d'autres établissements. On prend encore deux petites minutes pour les questions si jamais on ne peut pas répondre à toutes les questions vous nous excuserez on laissera la parole à Willy Lacan qui va également réagir à la conférence d'Hélène.
00:28:33
Alors il y a une question sur l'impact sur la formation des enseignants qu'est-ce qu'on conseillerait à des enseignants pour améliorer leur relation avec leurs apprenants En terme d'intelligence de la relation scolaire quels conseils vous donneriez à des jeunes enseignants ou des enseignants en difficulté. Alors, déjà de se dire que la relation évolue la façon de voir, elle est disparate dans la classe. Souvent on entend les enseignants dire :
00:29:00
"C'est une classe difficile, une classe ceci, une classe cela" alors qu'en fait, bon, il y a une dynamique de la classe mais aussi chacun voit la situation de manière différente Peut-être pour un enseignant un peu plus en difficulté puisque c'était la question il y a l'idée de cadre, de poser un cadre peut-être ce que je dis de Clément qui disait "Mais c'est quoi ces profs qui annoncent des choses qu'ils ne tiennent pas !"
00:29:23
Ca c'est quand même quelquechose d'important en l'occurence Clément... il a été collé souvent quand même ce n'est pas pour rien qu'il a donné cette catégorie là ! Et donc il a été quand le premier, aussi, un peu victime de cadres qui sont annoncés et qui ne sont pas tenus. Bon après ça peut être écouter les jeunes, mais pas forcément tout le temps en groupe, mais peut-être les écouter à des moments individuellement
00:29:50
et là ils s'adressent à leur enseignant plus qu'aux personnes autour qui les entendent. Allez, une dernière question : "Est-ce qu'il serait pertinent de dire aux élèves que nous devons également leur apprendre l'autonomie émotionnelle et donc peut-être ne pas toujours être sympas avec eux, etc." Oui c'est pas l'idée de forcément... d'être trop sympa ! D'ailleurs c'est ça Clément aussi...l
00:30:19
Alors, ça dépend de ce que l'on entend derrière "sympa". En formation on s'appuie vraiment sur l'idée qu'il faut avoir à la fois une bienveillance et un cadre. Quand on arrive à tenir les deux, où vraiment il se passe quelquechose et puis aussi profiter du moment, avoir un peu de détachement, un peu d'humour mais... il ne faut pas chercher à être sympa
00:30:46
on voit bien que ça ne fonctionne pas comme ça... mais c'est plutôt tenir un cadre qui permet après, peut-être, de rassurer, de permettre aux élèves d'avoir une activité dans un contexte sécurisé qui leur permet de comprendre ce qu'ils font là, ce qu'ils ont à apprendre. Et qui peut après arriver à dire "Bon il est sympa, il est pas sympa" Mais on voit bien que ces catégories de début d'année voilà, elles s'estompent pour autrechose.
00:31:19
Oui, chercher à être sympa c'est pas le... c'est nécessaire mais pas suffisant, voilà ! Merci beaucoup pour ces échanges rythmés et denses. Alors comme on s'est engagés à tenir quarante minutes Je vais devoir malheureusement devoir couper les échanges ici, pour laisser la parole et je vais laisser physiquement ma place d'ailleurs à Willy Lacan, qui a prévu une réaction à cette conférence. d'ailleurs à Willy Lacan, qui a prévu une réaction à cette conférence.
00:31:54
Bonjour à tous. En amont je voulais simplement préciser dans quel cadre j'intervenais ici, puisque je suis enseignant en Education Socio Culturelle depuis une vingtaine d'années et c'est à ce titre qu'on m'a demandé de réagir à la conférence qui vous a été présentée à partir de mon expérience de terrain. Une des premières choses sur lesquelles je voulais réagir c'était...
00:32:19
ce qu'a dit Hélène Veyrac sur l'idée que les élèves avaient des représentations plurielles et évolutives. Et moi j'aimerais rajouter aussi que... là on parle des élèves mais l'étude n'a pas parlé du groupe et moi mon ressenti c'est que... parfois le groupe élève, le groupe classe, se construit lui-même une représentation, ou des représentations qui sont pas toujours les mêmes que celles qui sont propres à chacun.
00:32:48
Que le groupe n'est pas juste la somme des individualités. Grossomodo quand j'arrive devant une classe j'arrive à la fois devant des élèves avec lequel j'ai une histoire, j'ai un vécu, etc. mais j'arrive aussi devant quinze à trente personnes qui ont elles-même chacune leur vécu, leur vécu de la journée, leur histoire personnelle un peu plus large, etc.
00:33:15
et que, en plus, ces représentations individuelles et collectives elles évoluent toute l'année. Donc moi je suis face à cette complexité et à la fois j'ai un contenu à transmettre. Et du coup voilà... Je pense que... en tous cas c'est ce que je me dis avec l'expérience qu'on ne peut pas maitriser tous ces paramètres là et qu'il faut accepter...
00:33:40
justement de pas vouloir à tout prix tout maitriser systématiquement dans ces représentations comme les élèves de nous-mêmes. Alors, le dessin, peut-être, que vous voyez apparaitre il fait référence à une deuxième chose qui a été dite dans la conférence c'est sur mes représentations que j'ai de moi-même. et ça c'est un dessin qui est censé illustrer, peut-être, mes débuts en tant qu'enseignant. Puisque j'avais l'impression que...
00:34:08
ce que moi j'apportais, ce que moi je trouvais dans la discipline que je venais enseigner sur la motivation que j'avais, sur l'entousiasme que j'avais je pensais que ça suffisait à ce que ce soit partagé par les élèves. Bon c'est sûrement un raccourci assez général quand on débute bon, et très vite je me suis aperçu que ce n'était pas le cas, que par exemple la légitimité il fallait que je la construise
00:34:37
et que c'était des choses qu'il fallait interroger chez les élèves que ce n'était pas quelquechose de spontané, d'évident, de naturel Et voilà, c'était certainement une découverte... une des premières découvertes pour voir que les représentations des élèves étaient nombreuses et différentes. Les représentations des élèves, pour moi ça me renvoie aussi aux attentes qu'ont les élèves.
00:35:06
puisque... j'ai l'impression, en écoutant Hélène, et puis en regardant les différentes expériences je vois bien que les élèves ont eux-mêmes, parfois, des demandes, des attentes qui sont contradictoires. Peut-être l'exemple le plus évident qui me vient, qui est récent c'est un exemple dans une classe où les élèves lors d'une... en plus, je suis prof principal avec une classe, donc on fait le point avant le conseil de classe et...
00:35:35
une partie des élèves profite en plus de l'absence des autres pour dire que les profs sont assez souples avec telle élève par exemple qui est... qui est plutôt une élève qui a du mal à participer à l'oral et du coup les profs tiennent compte de ça et la questionnent un peu moins, ou sont plus attentionnés avec elle. Et les autres élèves, qui eux sont parfois un peu bousculés par les profs à l'oral pour qu'ils interviennent
00:36:02
considèrent ça comme une injustice. Mais ces propres élèves, qui repèrent là une injustice demandent en même temps, que l'on tienne compte de leur propre individualité. C'est-à-dire que certains ont un PAP, ou certains ont d'autres difficultés ailleurs, etc. Donc voilà, dans les représentations, en tous cas dans les attentes des élèves ils peuvent avoir parfois des représentations... ou des attentes en tous cas qui peuvent être contradictoires
00:36:28
et nous on est obligé de construire avec, de tricoter avec ça. La conférence me questionne aussi sur les... ce dont on hérite comme représentation. C'est-à-dire que... j'ai changé plusieurs fois d'établissement et un peu régulièrement, je vois bien que lorsqu'on arrive dans un établissement on arrive aussi avec les représentations qui ont été construites par nos prédécesseurs.
00:36:57
enfin, en partie par nos prédécesseurs puisque sûrement que chacun... chaque élève construit ses représentations mais en tous cas nous on y participe Et donc il y a cette... cette notion là, aussi, de choses qui nous échappent, qui ne nous est pas propre telles qu'au départ on a l'impression qu'on maitrise comment les autres nous voient mais en fait, on hérite aussi d'une certaine partie. Et également, on...
00:37:24
on participe peut-être à la représentation qu'ont les élèves des autres enseignants. C'est-à-dire que là on a parlé des représentations des élèves mais nous-mêmes nous avons certainement des représentations des autres disciplines mais nous avons des représentations aussi de nos autres collègues voire des collègues dont on ne partage pas tout à fait les manières de faire, les pédagogies, etc. Et il n'est pas exclu quand même que...
00:37:50
volontairement ou involontairement parfois on soit nous-mêmes porteurs, nous contribuions en tous cas à alimenter les représentations, aussi peut-être une caricature des représentations ça pourrait être... la réputation, j'allais dire, d'un autre collègue. Et enfin il y a deux/trois choses qui ont été dites que aussi la question, de nos représentations à nous,
00:38:21
envers les classes, et envers les promotions, les filières etc. qu'on peut parfois, nous-mêmes, un peu simplifier ou trop vite catégoriser. Et je terminerai quand même sur les espaces où l'on se questionne puisqu'on a vu dans la conférence que les élèves eux-mêmes... en tous cas ils avaient trouvé un intérêt à ce questionnement. Et nous-mêmes les représentations qu'on a des élèves
00:38:47
finalement ça intervient peut-être durant les conseils de classe et dans les conseils de classe quand même il arrive régulièrement que l'on se requestionne en tous cas moi ça m'arrive régulièrement que la représentation que j'avais d'un élève ou d'un groupe d'élèves évolue en écoutant les autres collègues. Donc... il faut se donner comme objectif quand même que nos représentations ne soient pas figées mais qu'elles puissent évoluer
00:39:13
dans le temps aussi, comme celles des élèves évoluent. Voilà, je vous remercie. Merci beaucoup à Willy pour ce lien entre la recherche et le terrain finalement. Un grand merci à tous pour votre participation pour les remarques que je vois dans le fil de discussion. Le webinaire sera disponible prochainement en replay sur le site de l'ENSFEA. Merci encore Hélène, merci Willy
00:39:39
et merci à tous pour votre présence et votre participation.
End of transcript