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Bonjour. La psychanalyse est-elle une  thérapie de l'esprit, ou bien une escroquerie? Je cite les propres mots  prononcés par Jacques Lacan en 1977 : "Notre pratique est une escroquerie:  bluffer, faire ciller les gens, les éblouir avec des mots qui sont du chic." La psychanalyse est implanté  très tardivement en France, mais elle est aujourd'hui  omniprésente dans les médias, le sanitaire, le médico-social, les faculté  de psychologie et les cursus de psychiatrie,
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où elle conserve une influence considérable  alors qu'elle a quasiment disparu aux États-Unis et ne subsiste plus que de façon très  marginale chez nos voisins européens. En conformité avec leur retard initial,  la France, la Belgique francophone et la Suisse romande résistent obstinément à  un examen critique de la psychanalyse, pratique qui a pourtant des répercussions majeures sur une  grande partie de la population. Pour couper court à toute discussion, le  motif invoqué par la psychanalyse c'est :
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"Vous n'y connaissez rien, il faut être analysé pour comprendre". C'est la raison pour laquelle j'ai  invité quatre experts du divan. Trois d'entre eux ont été tellement longuement et profondément analysés,  qu'ils sont devenus psychanalystes: Jacques Van Rillaer, Jean-Pierre Ledru, Stuart Schneiderman Vous avez exercé la psychanalyse pendant  plusieurs décennies avant de vous déconvertir et de tourner le dos à la psychanalyse Mikkel Borch-Jacobsen, vous avez fait  des études de philosophie en France,
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et consacré votre thèse au sujet freudien. Vous avez enseigné la psychanalyse au département psychanalyse de l'université de Vincennes alors même que vous n'étiez pas psychanalyste.  Vous êtes aujourd'hui professeur de littérature comparée à l'université de Washington,  vous êtes l'auteur d'une dizaine de livres sur l'histoire de la psychanalyse, de  la psychiatrie, vous êtes l'un des co-auteurs du Livre Noir de la psychanalyse paru en  2005 aux Arènes, avec Jacques Van Rillaer. Avant d'en arriver à ce qu'a fait de vous un  des fers de lance des historiens critiques de la psychanalyse,
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j'aimerais beaucoup plus  me racontiez dans quelles circonstances vous avez été amené à enseigner la  psychanalyse et à vous déconvertir. J'ai jamais été sur  le divan, j'étais un philosophe, étudiant en philosophie, et c'est comme  ça que je me suis intéressé à Lacan. Lacan était parmi les grandes têtes  molles de l'époque avec Derida, avec Foucault, avec Deleuze et donc il était  tout à fait normal pour quelqu'un comme moi
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de s'intéresser à Lacan et c'est comme ça  que je suis entré dans la psychanalyse. C'est pas la porte lacanienne. Et c'est comme ça que j'ai abouti à Vincennes,  et où j'ai enseigné pendant juste un an, d'ailleurs, à la même époque où  Stuart Schneiderman enseignait aussi. Le même jour, en fait, on se  croisait dans la même salle, mais ça a duré très peu pour  moi, j'ai fait ça un an.
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Je participais aux travaux de  l'école freudienne de Lacan, et j'étais très vite rebutés d'une part  par l'inculture crasse de psychanalystes qui m'entouraient, et deuxièmement par le  psittacisme et le dogmatisme de ces gens. Donc tout simplement parce que je me sentais mal à l'aise je suis parti. J'ai pu continuer à enseigner à Vincennes et  je me suis mis à écrire une thèse sur Freud que
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vous avez mentionné, où je me suis intéressée  notamment à un essai de Freud qui s'appelle "Psychologie de masse: Analyse du moi", où  il parle de l'hypnose et de la suggestion. Là je suis tombé sur la problématique de l'hypnose  et de la suggestion qui m'a énormément intéressé, et j'ai fait une sorte de retour en  arrière historique, grâce, entre autres,
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aux grands ouvrages de Henri Ellenberger sur  l'histoire de découverte de l'inconscient. Je me suis rendu compte qu'il y avait tout  un continent qui avait été complètement occulté par la psychanalyse: l'hypnose,  la suggestion, le magnétisme animal, toutes sortes de choses, et de  là, tout à fait naturellement, j'ai développé une sorte d'attitude critique  vis-à-vis des théories psychanalytiques puisque
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je voyais trop bien comment ces théories  faisait l'impasse sur toutes sortes de questions qui avait été agitées avant et qu'il  n'avait jamais été résoluess par la psychanalyse. Au fur et à mesure je suis  devenu encore plus critique, notamment lorsque j'ai émigré aux  États-Unis, où j'ai commencé à lire la littérature anglo-saxonne sur la psychanalyse,  de la littérature d'historiens de la psychanalyse
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qui était pratiquement ignorée ici en  France, elles n'étaient pas traduites. Là, j'ai découvert encore pire, je me suis rendu  compte que l'histoire qu'on nous a raconté pour pour justifier la psychanalyse était en fait une sorte de légende brodée par Freud lui-même et ensuite embellie par les disciples et donc voilà  c'est comme ça que je suis devenu finalement un critique de la psychanalyse
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mais j'insiste  sur le fait que mon parcours critique, ma déconversion n'est pas une déconversion pratique  parce que j'ai jamais vraiment été converti, j'ai jamais vraiment adhéré à cette théorie. J'étais  intéressé intellectuellement à la psychanalyse mais je n'ai jamais été sur le divan et pour cette  raison, ma critique est très dépassionnée,
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j'ai pas de comptes à régler avec avec  la psychanalyse. En 2011 vous avez écrit un brûlot, "Les patients de Freud", un travail d'historien dans  lequel vous retracez le véritable parcours de 31 des patients de Freud C'est à dire qu'en fait, il a construit la renommée de la psychanalyse sur des cas princeps le cas Dora, le petit Hans  le moral, l'homme aux loups, Anna O.,
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qui a ouvert des problèmes psychanalytiques et en fait il y a des historiens, vous en faites partie, qui ont découvert qu'en fait, tout ça, c'était une mythologie. Oui, c'est une mythologie, Freud  déclarait dans ses écrits que toute la psychanalyse est basée sur l'observation des cas cliniques et il nous a laissé 5, 6 grands cas cliniques qui sont connus de tous
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Dora, l'homme aux loups, l'homme aux rats, Anna O., etc. c est donc théoriquement tout repose et donc théoriquement, tout repose là dessus. Le problème c'est qu'on ne savait  pas ce qui s'était réellement passé; ce qui s'était réellement dit dans le cabinet de Freud au moment où ces analyses ont eu lieu donc on n'avait aucun moyen de vérifier
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le seul moyen de vérifier, et de valider donc, les théories psychanalytiques, c'était de rassembler le maximum d'informations  sur les patients à travers des documents qu'ils auraient laissé ou le plus souvent à travers  des témoignages de personnes qui les avaient connues et c'est ce qu'on fait
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un certain nombre de citoyens de la psychanalyse a commencé je dirais par le freudien absolu, Kurt Eissler qui était le secrétaire des archives Freud qui a fait un boulot absolument incroyable dans les années  50, il est allé interviewer tous les survivants qui avaient eu connaissance des patients de Freud. Donc en jouant le naïf, il a ouvert la boîte de Pandore en fait
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Sauf qu'il l'a refermée tout de  suite. C'est à dire que les archives Freud ont été données à la bibliothèque du congrès avec des clauses  très strictes disant ces documents ne peuvent pas être déclassifiés avant 2050, il y en avait même 2111, etc. donc il fallait que les historiens fasse un véritable travail de détective pour trouver  d'autres moyens de vérifier la véracité des cas
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et donc ça a commencé avec Ellenberger, qui  a fait un travail sur Anna O. qui a montré d'abord que Anna O. était pas guérie, qu'elle avait une  très piètre opinion de Freud, et donc tout le mythe fondateur de la psychanalyse, *pouf!* s'évaporait. Mais c'est hallucinant parce que lorsqu'on lit "Les patients de Freud", ses 31 cas, donc certains  parmi des cas connus, d'autres de patients inconnus,
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c'est un festival, c'est tragique, c'est comique en  même temps, cocaïnomane, désespéré, drogué, beaucoup de suicide... En fait, c'est  hallucinant, on découvre un Freud qui est à l'opposé, à des années lumières de la géographie  freudienne. Tout à fait, on découvre un Freud qui a un grand cynisme
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en tout cas à partir d'un certain moment il y a un grand cynisme au niveau thérapeutique, il sait très  bien que la psychanalyse ne guérit pas comme ils le disent très souvent à ses correspondants, il le dit pas en public, en privé, mais il dit : on a besoin de ces gens pour la science. Alors si ça a  si mal marché dans les cas que Mikkel a analysé, c'est parce que je crois que Freud aussi a fait une thérapie, lui, qui les a fait tourner en rond
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dans leurs associations, et dans leurs interprétations,  les faisans ruminer, parce qu'une chose qui est particulièrement mauvaise, c'est la rumination indéfinie, et la co-rumination avec le thérapeute. Lacan a dit si quelqu'un va mieux en psychanalyse, ça n'a rien à faire avec la psychanalyse: C'est un accident. Jacques Van Rillaer, vous êtes docteur  en psychologie cognitive et comportementale, vous êtes professeur émérite de psychologie à l'université  de Louvain
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mais auparavant vous avez pratiqué la psychanalyse pendant une dizaine d'années dans le cadre de l'école belge de psychanalyse avant de quitter le mouvement et vous réorienter vers  les thérapies comportementales et cognitives. En 1980, au moment de votre déconversion, vous avez  écrit un ouvrage majeur qui est toujours édité aujourd'hui "Les illusions de la psychanalyse" dans  lequel vous déconstruisez le système freudien. Ce qui est très drôle c'est qu'au moment de votre déconversion, vous citez un certain nombre de psychanalystes
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dont Stuart Schneiderman, qui était encore dans le mouvement à l'époque. Vous êtes l'un des co-auteurs du "Livre noir  de la psychanalyse" paru en 2005 sous la direction de Catherine Meyer, j'aimerais que vous  nous racontiez dans quelles circonstances vous avez rencontré la psychanalyse parce que vous avez un parcours très différent, vous avez été analysés vous avez exercé la psychanalyse et qu'est ce qui  vous a amené à vous déconvertir à vous défaire de ce mouvement voilà quelques dates essentielles  parce que ça s'est fait sur une période quand
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même de plus de 10 ans au total c'est comme les  déconversions religieuses je crois aussi que les gens ne perdent pas la fois comme ça D'ailleurs, vous vous destinez à la prêtrise au départ avant de devenir psychanalyste Comme beaucoup à l'époque enfin comme  beaucoup de gens qui sont après entrés en psychanalyse j'ai eu la chance étant bilingue  d'aller dans une université hollandaise où la
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psychanalyse avait fait son temps où il y avait  un assistant qui revenait des États-Unis qui était rogérien et un autre qui était  allé chez Wolpe et aussi chez Eysenck et qui pratiquaient les thérapies comportementales  donc il ya eu ce contexte alors au département de psychologie clinique de l'université de Nimègue  c'était aussi en 68 c'est à dire on mettait en
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question l'autorité on ne dépavait pas comme  à Paris mais il y avait quand même beaucoup de réflexion critique et notamment à l'égal de  la psychanalyse il y avait toute réflexion sur l'aspect politique de la psychanalyse c'est  les ouvriers font la grève c'est parce qu'ils n'ont pas résolu leur Oedipe, on subjectivise en quelque sorte les motifs de révolte c'est
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donc il y avait cette fiction politique  il y avait aussi pour moi la découverte de travaux sous la scientificité de la psychanalyse moi j'avais  jamais entendu parler de Karl Popper est-ce que la psychanalyse est une science, une pseudo science, est  ce que c'est réfutable enfin il y avait toutes ces réflexions sur la scientificité la psychanalyse  et ce qui pour moi était le plus fondamental peut-être parce que je suis flamand c'est le  rapport coût/bénéfice moi c'était important que
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les choses marchent et au département, les psychiatres de l'université de Nimègue envoyait systématiquement les personnes qui souffraient de  phobies chez cet assistant à Bürger qui revenait d'angleterre et des états unis qui traitait les  phobies donc j'ai vu là pour la première fois ce que je n'avais jamais entendu parler a Louvain, ce que c'était la désensibilisation systématique
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et le traitement comportemental des phobies alors  il y a un quatrième point qui rejoint ce que dit Mikkel c'est que j'étais de plus en plus agacé par l'incompréhension de textes lacanien dans la formation que nous avions on voyait quatre  textes de Lacan qui était relativement lisibles mais on ne parlait pas des derniers textes et  quand avec un texte j'allais chez mon patron en
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disant mais qu'est ce que ça veut dire il disait  de laisser circuler le signifiant moi je trouvais que c'était insuffisant à l'époque  donc en 68 on commençait si vous voulez mes doutes mais ma didactique n'était pas terminée  donc je l'ai terminée et j'ai fait quatre ans de didactique ce qui pour la Belgique était  bien. C'est très court en France. Non, non, nous avions
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trois séances par semaine à un moment donné mon  analyste m'a dit écoutez il faudrait quand même une fois faire quatre ou cinq séances par semaine  c'est comme ça que Freud travaillait donc j'ai fait ça aussi un beau jour il m'a dit aussi "Vous savez, voilà, je suis désolé mais c'est le nouvel an les honoraires augmentent et tout ça non j'étais  un peu gêné, quoique cet analyste était globalement un homme honnête je ne soupçonne pas  d'être vraiment un escroc ce qui a été alors
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un deuxième coup c'est que dans les années 70 j'ai  présenté ma thèse doctorale sur Freud sur l'agressivité et notamment le concept de pulsion d'agression me semblait un concept à rejeter et mon patron lorsque j'ai évoqué cette possibilité  m'a dit les gars vous allez lire Freud jusqu'à comprendre dont j'ai compris pour être un peu  vulgaire qu'il fallait fermer sa gueule faire sa thèse, devenir docteur en psychologie et  je me suis dit le jour où j'aurai le titre
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je dirai ce que je voudrais donc il ya eu de plus  en plus une espèce de ressentiment à l'égard de l'argument d'autorité je suis un peu un enfant de  68 ou si donc j'avais une vingtaine d'années en 68 ça m'a profondément marqué et alors j'ai eu la  demande d'un éditeur d'écrire un livre j'ai pensé sciences et illusions en psychanalyse et j'ai voulu  faire le tri entre ce qui était scientifique
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et non-scientifique et c'est à ce moment là que  j'ai découvert en préparant ce livre en 1975 à peu près le livre d'Ellenberger et là j'ai fait la même  expérience manifestement que Mikkel c'est à dire de découvrir que beaucoup de choses que l'on  attribue à Freud en fait n'était pas de lui et puis je découvrais quand même aussi que freud  avait menti honteusement sur le cas d'Anna O. donc c'est ça qui a fait que progressivement les  choses se sont délitées et qu'un beau jour faisant
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de plus en plus de critiques dans mon cercle de  psychanalystes quelqu'un m'a dit écoute jacques on se demande ce que toi tu fais encore ici est ce  qui n'est pas temps de donner sa démission et j'ai dit mais oui je la donne demain et donc c'est en 1979  le 20 novembre que j'ai envoyé ma lettre en disant voilà je ne fais plus partie de l'école belge  de psychanalyse. Stuart Schneiderman, vous êtes
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aujourd'hui coach à new york et blogueur, vous animez un blog qui s'intitule "Had Enough Therapy?" mais bien avant cela vous avez été analysés  par Lacan vous avez exercé la psychanalyse un petit peu à paris et surtout à new york  pendant combien de temps? je travaillais dans des hôpitaux à Paris mais j'ai vraiment peu exercé la psychanalyse à Paris Vous avez été formé à la psychanalyse à Paris. J'ai été formé à la psychanalyse je travaillais avec des malades
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en clinique à l'hôpital mais c'était vraiment pas de la psychanalyse, on était pas permis de faire de la psychanalyse pour les patients psychotiques en  clinique c'est-à-dire les Lacaniens ne voulaient pas, ils refusaient complètement de psychanalyser des  psychotiques Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui et ce qui est très amusant c'est qu'à l'époque  où Jacques Van Rillaer a écrit "Les illusions de la psychanalyse" vous êtes cité par Jacques comme  un des psychanalystes vous étiez pas déconvertis et
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notamment vous défendiez les séances à durée variable. Et aussi la manière dont Lacan pratiquait de manière hyper active ça aussi j'avais repris des articles en 2011 vous avez suivi l'affaire de censure de mon film "Le mur" ou "la psychanalyse à l'épreuve de l'autisme" et vous avez pris parti pour moi pour surtout les mères des enfants  autistes contre vos anciens collègues dans un article émouvant qui parut sur votre blog : "An Army of Mothers" à New York vous m'aviez dit que vous n'en
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reveniez pas que vos anciens collègues soient encore  là en 2012 vingt ans après que vous m'aviez dit quitter le mouvement en 2014 vous avez écrit "The Last Psychanalyst" un véritable réquisitoire contre la fabulation lacanienne j'aimerais que vous me racontiez et dans quelles circonstances vous avez été amené à entrer en psychanalyse qu'est ce qui  vous a motivé au départ vous avez été analysés par Lacan sachant que vous êtes américain et lui il  a développé en fait sa culture psychanalytique en
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réaction à ce que représentait la psychanalyse  américaine, l'ego psychology est incarnée par son analyse de Rudolph Lowenstein donc c'est une double rupture C'est pas simplement la psychanalyse américaine, la culture américaine la culture anglaise donc il dit que  la psychologie du moi c'est la théologie de libre entreprise donc ils attaquent  la culture protestante d'après Max Weber
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le libre entreprise vient de l'éthique protestante  c'est à dire une éthique de travail Lacan vendait l'éthique du désir, c'est pas la même  chose c'est pas le même être qui est un être de désir c'est pas la même chose qu'un être social qui suis une règle éthique ce qui m'a attiré chez Lacan c'est qu'il était très intelligent et il  était très bien à lire des textes moi j'étais
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critique littéraire donc les études sur la  littérature la philosophie etc, Lacan c'était son fort je peux dire le reste c'est un peu du  bla bla bla et un peu fondateur de culte et c'est à dire c'est un langage privée qui l'a inventée  pour les gens qui pouvaient apprendre à parler Lacan ça leur a fait aucun bien de faire la  psychanalyse mais au moins ils ont appris à parler
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Lacan ou lacanien. Une fois que j'étais à New  York, évidemment j'avais pas le soutien culturel qu'il y a en France où être en psychanalyse chez un psychanalyste lacanien c'est une affirmation de la valeur de la culture française est ce que c'est la vraie  culture française? Pas tellement mais c'est une sorte d'aristocratie décadente que vends Lacan en temps qu'étant purement français c'est-à-dire
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une culture française qui n'a pas été contaminée  par les anglais, les américains et tout le reste. Dans ton film "Le mur" il y a Monsieur Stevens qui dit que  le comportementalisme est en train de nous envahir c'est pas la première fois que la France a été  envahi par les forces anglo-saxonnes et si les gens avaient le moindre sens de l'histoire  ils auraient su que c'est peut-être pas la pire des
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choses à chaque fois ça dépend un peu du contexte.  Donc, à New York la valeur de la psychothérapie c'est "Est-ce que ça marche?" comme disait Jacques, c'est  un pays pragmatique, c'est une culture empirique, il faut que ça fasse quelque chose, donc j'avais trois  genres de clients: j'avais les gens qui voulaient devenir lacanien, c'est à dire apprendre à  parler lacanien, à donner leur vie à la théorie de ce
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que était la psychanalyse chez Lacan, il s'agissait  pas de se comprendre ni d'être conscient de rien de tout ça, c'était une question de donner sa vie  à la théorie, chaque fois que ça marche pas ils pensent que c'est une épreuve de  leur foi donc ils continuent plus fort c'est à dire qu'ils foncent encore plus fort, deuxièmement  des gens plutôt argentins qui voulaient réaliser
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leur désir inconscient qui est de devenir  français, troisièmement il y a des gens qui voulaient aller mieux, y compris c'est à dire au  début dans les années 80 au début des années 90 des internes en psychiatrie qui venaient en  disant "la psychanalyse est morte, on n'a plus rien à faire avec ça et vous vous allez  m'aider avec mes problèmes, avec ma femme, avec ça, et ça..."
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donc les gens qui voulaient aller mieux, le plus  profondément ils voulaient aller mieux, le moins on faisait de la psychanalyse, c'est à dire qu'il y a des gens qui  sont venus en me disant "ah mais vous allez me dire quoi faire avec ça, comment gérer la situation,  si vous ne le faites pas j'ai une astrologue, elle va me le dire" littéralement, quelqu'un m'a dit ça,  et dans ce cas là, j'ai dit à la personne
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Je vais vous dire quoi faire si vous me  promettez que vous allez faire ce que je vous dit de faire, donc on a fait un deal, c'était un   contrat, je lui ai dit : "Vous allez faire ça et ça et ça C'est là vous avez cessé d'être psychanalyste  pour devenir psychothérapeute en quelque sorte. chaque fois que je me trouvais à diriger le patient  et pas la cure, d'abord je culpabilisais un peu, mais j'ai vu que les gens qui étaient sous ce régime là, ils allaient mieux. Les autres gens,
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ils devenaient lacaniens, mais ils n'allaient pas forcément mieux, et ça, ça change des choses, à part ça il y a l'aspect institutionnel, l'arrivée  des lacaniens aux États-Unis, c'était quand même embarrassant, vous avez des gens comme Miller qui  idéalisait Lacan à un niveau qui ressemblait à la scientologie, et ça n'a pas impressionné les  gens. Il y a le professeur Chomsky qui n'est
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pas un homme d'extrême droite, qui a dit un jour  que Lacan était un charlatan. Professeur Chomsky il s'y connait en linguistique, on peut dire ça. Lacan  parlait tout le temps de linguistique Chomsky pensait que Lacan, c'est un charlatan  ça veut dire que tout ce que disait Lacan sur la linguistique, c'était nul. On va avoir l'occasion  d'y revenir, mais d'abord j'aimerais qu'on aborde le cas
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de Jean-Pierre Ledru, donc vous êtes psychiatre  en libéral, mais avant cela vous avez exercé la psychanalyse pendant 20 ans. J'aimerais que vous  nous racontiez dans quelles circonstances vous avez rencontré la psychanalyse et les circonstances  de votre déconversion. Je me suis effectivement converti à la psychanalyse, après... Vous même, vous vous destinez à la prêtrise, au départ. Pas vraiment, mais j'étais catholique pratiquant. Le célibat m'a toujours embêté quand même.
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Je me suis converti à la psychanalyse peu  après m'être déconverti de la religion catholique. Pendant les événements de mai 68, j'ai participé  à des commissions sur lesquels on réfléchissait sur des tas de trucs, moi ce qui m'intéressait,  c'est commission sciences humaines, et dans ces réunions j'ai rencontré des psychiatres formé à  la psychanalyse, pas forcément psychanalystes mais en tout cas ayant fait eux mêmes une psychanalyse. j'ai retenu de ça deux choses: un, le psychanalyste ne
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vous juge pas. C'est l'essentiel pour moi. Passer  ma vie jusque là à être jugé, c'était vraiment une ouverture quelque chose de complètement nouveau.  Deux, c'est de la science quand même, on me l'a dit je l'ai cru, voilà. Alors, à partir de  là, j'étais étudiant en médecine à ce moment là, je me suis orienté vers la psychiatrie en me  disant "De toute façon, il y a des points
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communs entre la psychiatre et la psychanalyse, mais  ce qui m'intéresse c'est la psychanalyse, j'espère devenir psychanalyste et si j'y arrive pas, je serai  que psychiatre, je pourrait le dire comme ça. J'ai suivi un parcours long et difficile. Qu'est-ce  qui vous a donné le virus du doute? Est-ce que c'était un processus progressif, ou est-ce qu'il y avait  un jour où tout a basculé? C'est presque un jour. Arrivait un moment où j'estimais vraiment  avoir fini mon parcours psychanalytique en
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tant que psychanalysant, au bout de plus de 20 ans de divan. Je me suis dit bon, maintenant ça va, j'ai assez avancé dans mon rapport à la psychanalyse, je suis psychanalyste, ok, je sais qu'il y a des tas de gens qui font des thérapies pour aider les  gens à aller mieux moi j'estimais aussi pour moi la psychanalyse c'était pour aider des gens à aller  mieux, j'étais peut-être aussi naïf sur ce point Ça me rendait pas bien, d'ailleurs, de me rendre  compte que j'avais pas tant que ça
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de bons résultats, alors j'étais donc arrivé à  ce point où je me suis dit que maintenant je peux aller regarder moi-même ce que font les autres, puisque jusque là je croyais tout ce qu'on me disait, je n'étais pas allé voir. Donc, je me suis  dit: je vais aller voir. Oh [ __ ] la surprise! Je me suis dis: ces gens là sont très intéressants,  et ce que racontent les psychanalystes sur eux est complètement faux et les psychanalystes parle  de la haine des thérapeutes, notamment TCC envers
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les psychanalystes mais quand on lit "L'anti-livre-noir" par exemple édité par Jacques-Alain Miller et qu'on sort, on voit que la haine est du côté  des psychanalystes. Alors j'ai commencé à m'informer à un certain nombre de choses, j'ai  fait des lectures de choses qui n'étaient pas très conseillées, déconseillées même, dans des  milieux psychanalytiques, sur l'hypnose, sur les neurosciences... Je me suis beaucoup intéressé aux animaux pour  un petit peu réfléchir à ce qu'on peut avoir, nous,
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d'animal dans notre fonctionnement, par rapport  à Lacan qui nous dit de toute façon le corps, le cerveau, on s'en fout, la psychanalyse c'est le  langage, c'est la logique, etc., le reste on s'en fout. Je me suis aperçu qu'on n'a pas  intérêt à s'en foutre. Est-ce que vous pouvez nous raconter les circonstances de la passe, qu'est-ce que c'est qu'une "passe", qu'est ce qu'il s'est passé à ce moment crucial du parcours d'un lacanien, un pur lacanien?
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Alors c'est une espèce d'examen de passage  dans lequel on parle de son analyse, et de où on en est arrivé avec son analyse puisque on était nommé analyste de l'école quand on réussissait sa passe, et à ma deuxième passe, donc là j'estime  avoir terminé mon analyse, être devenu analyste et j'ai raconté à mes deux passeurs: "Ben voilà, je  crois plus à la psychanalyse". Après je leur ai
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expliqué, je n'y crois plus au sens je suis plus  un croyant de la psychanalyse, je suis dans la position de Freud quand il disait que "Un seul élément  vienne contredire ma théorie, je balaye tout et je recommence. Mais il était fort pour que rien ne  vienne contredire sa théorie, ça c'est une autre chose. Si seulement il avait fait ce qu'il avait dit. J'étais dans cette position mais j'étais pour de vrai Comme j'ai commencé à m'ouvrir, j'ai commencé à  faire des lectures, j'ai lu "Mensonges freudiens" de Bénesteau où on parle déjà beaucoup de la fausseté  des cas de Freud, tous les cas de Freud publiés
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sont des cas trafiqués, et ça a été un dur moment  pour moi, une bonne nuit d'insomnie après avoir lu ce bouquin. Donc au moment d'être adoubé en fait de  manière ultime par vos pairs, vous exprimez un doute et puis c'est la fin, quoi. Du coup, j'ai pas été nommé, parce que j'ai dit ce que j'ai dit je crois plus à la psychanalyse, ça  été pris au pied de la lettre par les deux et par le
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jury. Quand quelques temps plus tard je me  suis aperçu qu'effectivement j'y croyais plus au sens de ça ne répond plus pour moi à une  pratique qui vaut le coup, c'est plus la question d'être en position de croyance, c'est ayant maintenant  réfléchi, observé, fait le bilan de ma pratique dans la psychanalyse, je veux plus de ça. La passe, c'est comme l'inquisition c'est à dire que "est ce que les convertis sont vraiment convertis?".
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ce qui est la  question, le vrai contexte de tout ça, on comprend rien de la psychanalyse si on comprends pas le  contexte religieux. C'est de vérifier que la pureté de l'enseignement de Lacan et de Freud chez des  personnes qui sont amenés à devenir psychanalystes Ce sont des gens qui sont des croyants, c'est  pas des gens qui ont compris quelque chose, c'est pas des gens qui savent faire quelque chose, ça n'a rien à faire avec les gens qui veulent aider
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des gens. Vous assistez aux séminaires de Lacan, est-ce  que vous compreniez ce qu'il disait Lacan? Pas tant que ça, mais on comprenait des choses. On participait dans un événement c'était comme à l'église ou à la synagogue, c'est comme la mère, c'est le  prêtre, il apporte des choses, il s'agissait de ça, il s'agissait de participation. On comprenait pas,  mais personne comprenait grand chose.
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On comprenait certaines choses, ici et là, oui, mais Lacan, ce qu'il a vendu c'est l'ignorance , c'est à dire les gens de l'école, ils comprennent très très peu, ils se détachent tous, il faut le dire mais ils se joignent par amour pour Lacan, c'est à dire  c'est un amour sans limite pour cette personne mais c'est la seule chose qui les joignent!  Il y a l'idée qu'on comprendra un jour, dans l'après
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vie mais il faut dix ans pour comprendre ce  qu'a dit Lacan, j'ai entendu ça. Vous étiez dans une démarche intellectuelle permanente qui à  force de s'accrocher à essayer de trouver du sens presque cabalistique dans les écrits dans la  parole diptyque de Lacan, est ce que ça vous a pas empêché justement, quand je dis vous c'est  toute une génération en fait, de prendre du recul sur le sens profond de la démarche? Au moment qu'on  arrive à New York et on commence à parler avec les
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américains donc on commence à lire Wittgenstein, on  commence à lire Kripke, on commence à lire ces gens-là, bon, on ouvre Wittgenstein et il dit on n'a pas  besoin de la logique pour comprendre le langage. Tout Lacan, c'était basé sur l'idée qu'on allait  utiliser la logique formelle pour comprendre le langage. Wittgenstein dit "Mais non". Kripke, il a des théories de références, assez important
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des noms propres, bla bla bla, avec l'accord n'a  pas de référence donc tout est dans l'air. À ce moment là, ça commence à s'écrouler, le système,  parce que ce système fermé, on entre en étant croyant, ça n'a rien à faire avec rien, dans la réalité notamment il ya une anecdote qui est assez importante dans mon existence et c'est  le fait qu'un ami donc psychanalyste me raconte
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un jour que il y a eu un petit groupe de l'école belge de psychanalyses qui a passé 2 soirées sur deux phrases de Lacan, en deux phrases par  lesquelles Lacan termine son interview à l'ORTF et qui a été publié sous le titre "télévision".  et Lacan termine en disant "L'interprétation doit être preste pour satisfaire à l'entreprise de ce  qui perdure de perte pure à ceux qui ne parie que
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du père au pire" et donc les collègues ils avaient  passé deux soirées à décoder ces paroles pour le moins sibyllines il y avait un problème avec la  première phrase, l'interprétation doit être preste parce que Freud avait dit qu'il fallait surtout ne  pas s'empresser d'interpréter, l'entreprêt est un mot qui ne se trouvait pas dans le dictionnaire,  ni robert ni littré, mais surtout l'autre phrase
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était problématique : "de ce qui perdure de perte  pure à ce qui ne parie du père au pire" et il y avait dans le groupe heureusement il y avait  quelqu'un qui faisait ces contrôles chez Lacan à Paris et qui a été chargé de demander au maître ce  que signifiait cette phrase sous laquelle on avait passé deux soirées entières à discuter sur le père, de ce qui perdure, de la pire chose qu'est
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père et il est revenu en disant "J'ai demandé  à Lacan ce que signifiait cette phase et il a dit j'ai dit ça pour les assonances" à ce moment là je  me suis dit donc Lacan il peut dire n'importe quoi et donc ça prends du sens pour autant qu'on  y passe suffisamment de temps et qu'on croit que ça a un sens et donc ça a été un choc dans  ma vie donc ça s'est passé en 1975 et à partir de
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ce moment là moi je suis resté freudien à ce moment  là encore quelques années mais pour moi Lacan c'était du charlatanisme. Freud au départ avait  la conviction de soigner des patients et à un moment donné il s'est rendu compte que ça ne marchait  pas et il a conservé sa théorie contre ses patients et crédit d'une fiction. Au crédit de Freud  je dirais que toutes ces théories et tous ces changements théoriques sont dûs en fin de compte  au fait qu'il rencontre des difficultés dans
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la pratique et il essaie de les résoudre mais  comme il est extraordinairement inventif, il produit 36 théories, c'est pas le même processus  qu'un scientifique qui essaie de faire de monter un montage expérimental pour vraiment  prouver quelque chose, non. Il a quand même dit que ça soignait les gens, que ces gens étaient guéris. Il voulait aussi
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produire des théories pour expliquer pourquoi  ça marchait pas. Voilà exactement. L'instinct de mort ça explique pourquoi ça marche pas voilà. Une stratégie autoimmunisante. C'est très pratique parce qu'effectivement  alors on peut dire aux gens mais oui si vous si vous guérissez pas si c'est parce qu'il y a l'instinct de mort, parce qu'il y a ci, parce que ça, parce que vous aimez la mort, vous aimez vos symptômes et pour  Lacan, vous en jouissez. Ça explique tout!
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Je pense qu'en tout cas c'est l'expérience  que moi j'ai eu quand j'ai commencé à pratiquer c'est qu'il y a quand même des personnes qui  vont mieux et on peut attribuer alors cela ce qu'on appelle les facteurs thérapeutique non  spécifiques, c'est-à-dire que les gens sont écoutés déculpabilisés, une espèce de brainstorming  qui fait qu'ils ont des idées de faire autre chose et donc pour des cas simples lorsque il n'y a pas des gros problèmes comme par
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exemple une trouble obsessionnel compulsif ou une  agoraphobie grave ou une dépendance, l'alcoolisme et tout ça je pense que bon quand il s'agit de  petits problèmes psychologiques à la limite, tout marche, le problème c'est que il nous faut en tant  que psychothérapeute si nous voulons travailler honnêtement nous devons essayer de trouver  quels sont vraiment les facteurs curatifs
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qui sont spécifiques par exemple nous savons  pour traiter des phobies il faut passer par l'exposition tout à fait progressive au stimuli  phobogène, et que si on se contente de parler en termes symboliques de dire vous avez peur des  araignées, Freud dit en 1933 que la peur des araignées c'est la peur du sexe féminin  vous avez peur des serpents c'est parce que vous avez peur du pénis, Freud l'a dit, il écrit la  peur importante de tous serpent s'est toujours
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dit il la peur du pénis vous avez beau discuter  avec ça, ça ne marche pas il faut faire autrement Il y a aussi quelque chose d'autre que Mikkel a dit, c'est  les "cures" de Freud étaient des fictions et Lacan, il parle jamais du patient  donc il proposait même pas que il avait soigné quoi que ce soit l'idée dans les écoles c'était  qu'on soigne pas encore c'est à dire un de ces
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beaux jours ça va se passer et la raison que ça va  se passer c'est parce qu'on a produit des fictions. et les fictions sont cohérentes complètes et elles ont du sens en tant que fiction, la réalité devait se transformer en fiction une fois qu'on arrive à  faire transformer la réalité et fiction les gens seront guéris mais avant ça, bon on attend. Le fait  qu'ils ont pas de résultats ça ne les dérange pas,
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ça marche sur la promesse l'espoir c'est un processus  en soi donc éventuellement encore dans l'avenir ça va se passer, mais pas maintenant on n'est pas  suffisamment purifié. Mais si la psychanalyse ne vise pas à guérir les gens c'est quoi ses objectifs?  Son motif, c'est de les faire croire, c'est de les tourner en croyant qu'ils sont de vrai convertis et qui font partie du culte c'est
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une organisation comme un culte c'est  ce que tout le monde a vu aux états unis, quand Miller et compagnie sont venus aux états unis ,tout le  monde a su, c'était la scientologie, c'était le culte, c'était Tom Cruise, on connaissait Tom Cruise, on avait besoin d'un autre qui venait de la France, il s'agit de ça, il s'agit de faire ce  que Miller voulait, parce que moi j'ai fait des
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choses qu'il voulait pas et on s'est rompus à  cause de ça. Freud a développé une religion quelque part, il a voulu sauvegarder  sa théorie contre ses patients en développant une mythologie et Lacan c'est vécu comme un  prophète. Non, c'était comme le Christ. Ça veut dire que Miller est allé à Massachusetts en 1984 ou 5, je ne sais pas quand, et il a dit qu'il se prenait pour le Saint Paul
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Lui, c'est Saint Paul, Lacan, c'est Jésus Christ  Freud, c'est le Père Dieu. C'est très très clair, c'est ça ce qu'ils voulaient faire, ils voulaient créer une nouvelle religion et c'était difficile de faire parce que tout le monde se détestait. J'aimerais qu'on parle un petit  peu du rapport spécifique des psychanalystes à l'argent d'abord j'aimerais expliquer pourquoi il faut que ça coûte, pourquoi une analyse il faut que ça coûte, pourquoi il y aurait une espèce de  de collage symbolique entre le travail analytique
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et l'argent qu'il faut payer? Attendez, ça c'est déjà un piège de demander pourquoi est-ce qu'il faut payer, parce que là, on entre  dans des considérations théoriques, alors il faut dénoncer le raisonnement... non. C'est très  simple. Freud était un pauvre médecin de Vienne qui a gravi les échelons de la médecine à  Vienne et qui,on le voit dans sa correspondance
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qui maintenant est disponible en allemand avec  sa fiancée, avec sa belle-soeur etc, est obsédé par la question d'argent. Il va à Paris et  là il découvre Charcot qui est une sorte grand gourou avant Lacan, avant Freud qui lui  aussi a bâti une fortune avec ses patients il a en traitement, la reine d’Angleterre, l'empereur  du Brésil, le grand duc Nicolas de Russie etc et
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voilà il se rend compte à quel point on peut faire  de l'argent avec les névrosés. Les névrosés sont les plaies des médecins tout le monde le sait  mais on peut faire beaucoup beaucoup d'argent il a fait beaucoup d'argent c'est ça la base de  tout. Moi je vais théoriser ça malgré tout je vais théoriser ça: il demande l'argent pour culpabiliser  les gens c'est à dire ils les font croire qu'ils
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doivent payer quelque chose mais tout le processus  se découvrir pourquoi ils doivent payer quelque chose c'est une initiation dans une culture de  culpabilité et de se dépasser de la honte oui moi j'aimerais donner un exemple du rapport  de Freud à l'argent, comment ça fonctionnait très concrètement dans ses analyses au tournant du siècle, il a une analysante, madame von Ferste qui est très riche
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héritière d'une banque et elle est constipée. C'est un de ses symptômes et Freud a à ce moment là une théorie sur l'équivalence  entre des excréments et l'or et lui dit Chère madame il faut que vous appreniez à lâcher  par exemple à lâcher de l'argent et qu'est ce
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qu'elle fait? Elle l'obéit et elle lui donne une villa  qu'il s'empresse de vendre. Est-ce que ça agressé constipation? Je ne pense pas, elle a toujours eu  les mêmes symptômes, mais voilà ça c'est un exemple frappant de, je dirais d'abus de faiblesse, undue influence. Le Docteur Frink,
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un psychiatre new-yorkais qui était tombé amoureux  d'une patiente et il est allé voir Freud qui lui a dit : Il faut divorcer votre femme, il faut que votre amante divorce son mari, vous allez vous marier. Les deux lui donnait plein d'argent. C'est vrai  qu'il y a aussi le côté business c'est à dire que la thérapie c'est quand même la carotte  qui attirent les clients dans le cas de Freud
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la carotte attirait des clients très très juteux Des clients américains, ça a commencé avec des clients Viennois etc et ça c'est quelque chose que vraiment, on n'a jamais vraiment réaliser à quel point les les analyses de Freud coutaient cher et à quel point  seuls des millionnaires pouvait se payer les
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analystes de Freud. À partir de 1905 il est célèbre  et il pratique des prix inabordables ça c'est un peu comme Lacan qui lui aussi a pratiqué  des prix sidérants. Non, pas forcément, il y a tout les niveaux. Oui, "sliding scale". Il faut aussi ajouter que Freud a institutionnalisé la pratique de la  didactique donc à partir des années 1910, 15 ou
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quelque chose comme ça il ne fait plus d'analyses thérapeutiques c'est fini avec l'homme aux loups à peu près et il écrit lui-même a Pfister qui  veut lui envoyer des patients comme dit Mikkel il faut lire essentiellement la correspondance pour  avoir une vue réaliste de ce personnage il répond à Pfister qui veut lui envoyer des patients il  dit je ne travaille plus qu'en faisant des
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didactiques, je n'ai plus que des didactiques  américaine et je travaille pour le dollar. Il l'écrit noir sur blanc. Les gens comprennent ce  que signifie qu'une didactique c'est en fait avoir pour patients en analyse des gens qui veut  devenir psychanalystes. Oui, et il ne fait plus que ça pratiquement enfin il a encore l'un ou l'autre,  Lieberman ou quoi enfin mais globalement c'est ça qu'il fait et donc (???) Gardiner enfin  tout ceux là qui viennent faire des didactiques qui
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viennent des états unis et qui payent très cher  et qui sont très soumis, car Abraham écrit dans son journal de sa psychanalyse j'avais peur de  Freud parce que c'est lui qui allait donner des clés de la profession de psychanalyste  il écrit noir sur blanc il y avait une série de choses que j'ai envie de dire mais que je  n'osais pas dire dans mon analyse. Oui, ça c'était Freud c'était son époque et il y a eu Lacan et Lacan  a innové avec le concept de séance à durée variable
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parce que normalement chez les freudiens  une séance de psychanalyse ça dure une heure une heure trois quart d'heure c'est plutôt autour d'une demi-heure aujourd'hui comme quoi les les freudiens se lacanisse peut-être un peu mais  alors Lacan a innové que le concept de séance à durée variable. C'est ce concept qui dit qu'il doit  pas suivre les règles des autres. Le concept de séance à durée variable, la séance est du coup toujours aussi aussi cher qu'avant simplement le principe c'est qu'elle est interrompue au bon vouloir de l'analyste, c'est l'analyste qui dit stop, c'est terminé.
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C'est pas seulement interrompu, c'était de 2 ou une minute ou quelque chose comme ça, c'est l'interruption mais c'est la quantité de gens  que Lacan a pu voir, que évidemment le fisc a découvert un beau jour que il y avait des gens  qui allaient là, l'un après l'autre après l'autre c'était un business, un business très profitable. Mais les psychanalyste lacaniens aujourd'hui poursuivent ce business.
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Oui alors il faut ajouter tout de  même parce que beaucoup de personnes ignorent y compris dans l'école lacanienne et moi même je  n'ai appris qu'assez tard, étant déjà dans cette école que ces séances à durée variable qui sont  invariablement courtes, très courtes et à la limite, comme disait François Perrier, on venait simplement  se faire poinçonner, on pouvait dire
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je suis analyste chez Lacan, mais on enlevait  même pas son manteau, alors c'est cette pratique là qui a fait que l'association internationale  à décréter que les analyses didactiques faites chez Lacan n'avaient guère de valeur, et que ceux qui  avaient fait une analyse didactique chez Lacan éventuellement s'ils voulaient être reconnus par  l'association internationale devait refaire un morceau de psychanalyse et ça s'est passé donc si  ma mémoire est bonne en 63 donc l'année suivante
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Lacan fondait sa propre école ou alors il a pu  faire exactement tout ce qu'il voulait donc le motif de la création de l'école freudienne  de Paris elle trouve son origine exactement dans cette pratique des séances écourtées ou  minimales. Alors dans la même logique une séance de psychanalyse ça doit obligatoirement se payer en  espèces? Oui absolument c'est intéressant c'est
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pas que vous nous offrez l'argent, ils prenaient ça  Si quelqu'un est chez Lacan, et Lacan dit combien vous avez dans la poche? Vous me le donnez. C'est comme ça que ça se passait c'est pas tout à fait un échange. J'ai une anecdote à ce sujet elle est assez fameuse dans l'école freudienne et sans doute que Stuart la connais C'est une anecdote qui est arrivé à un de mes amis qui était en analyse
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chez Lacan il était l'héritier d'une famille très  aisée, quand il commence son analyse chez Lacan il n'a pas encore l'argent de l'héritage est donc  au bout d'un moment Lacan veut augmenter le rythme des séances, les séances courtes, et  mon ami dit non, je suis désolé, je ne peux pas j'ai pas assez d'argent. Pas de problème, on va faire une  ardoise, c'est à dire que vous allez venir chez
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moi 5, 6 fois par jour, c'était toujours  le mardi, exactement par jour, c'était le mardi pour mon ami, et puis quand vous aurez votre héritage, vous viendrez me le donner. Effectivement au bout de quelques années les deux parents décèdent, mon ami se pointe chez  Lacan avec une énorme valise remplie de billets
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de banque, tout l'héritage, le nez sur le bureau de  Lacan qui ouvre la valise des commence à compter. Il faisait ça tout le temps. Mais là, il a compté des millions C'était ça le rapport à l'argent, c'était  n'importe quoi. C'est d'une véritable assuétude, il avait une véritable assuétude à l'argent  comme d'autres ont une assuétude à l'alcool.
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Lacan, il a impulsé chez les lacaniens une pratique  de la psychanalyse où on devait absolument éviter le transfert, donc des psychanalystes qui ne parlent  très peu, voir pas du tout, qu'ils sont censés être "Still Face"... - C'est une séduction, c'est une façon de séduire des gens. - De les séduire ou de les frustrer? - Les deux ! Les deux en principal, parce que l'idée du sujet supposé savoir, cela
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veut dire que le patient imagine que l'analyste en sait quelque chose et que l'analyste peut dire ce qu'il sait, et le processus analytique selon Lacan, c'est la façon dont le patient découvre son vrai désir de baiser sa maman, mais il découvre ça en lui même et en lisant les gestes et les activités de l'analyste, parce que Lacan il n'était pas cloué à  son siège. - C'est la question que j'allais poser. Il était
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comment, Lacan, en analyse? - Il faisait des choses  il marchait, il comptait l'argent, il lisait le journal il mangeait quelque chose, il faisait beaucoup de  choses, c'est à dire que c'était en activité, c'était en Amérique ce qu'on appelle quelqu'un qui a ADHD. - Hyperactif? - Utiliser des ordres d'activité, les américains pensent que Lacan faisait des séances courtes parce qu'il avait un niveau
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d'attention qui durait pas au delà de 2, 3 minutes puis *boum*, il devait faire autre chose. Mais il jouait le pantomime c'est ça  ce que faisait Lacan, et les gens se sont dit ça doit vouloir dire quelque chose. c'est à dire s'il prenait un papier et qu'il faisait tomber ça par terre, les gens pensaient cela voulait dire qu'il faut  laisser tomber ce sujet, il faut parler d'autre chose
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donc il y avait en sorte une communication  non verbale que Lacan offre, et les pauvres analysants — moi parmi eux — on essayait de lire ça, et  d'interpréter ça, mais c'était ça l'interprétation qui se faisait ce n'est pas l'analyse disant  "Vous avez envie de votre maman" n'y a rien de ça. - C'est comme lire dans la mare de café - Oui  voilà, c'est de l'astrologie, et tout le concept
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c'est que la vérité est ailleurs. Un patient arrive en analyse parce qu'il a une souffrance, et qu'il se dit que là il y a quelqu'un et un processus qui va l'aider à trouver une réponse à sa souffrance et il se trouve dévoyé vers l'idée qu' il y a un sens caché et que ce qu'il dit, ce qu'il pense, ce qu'il ressent,  ce n'est pas la vérité, ce n'est pas sa vérité est que c'est le cas de la cure et son analyste et du  coup il se trouve engagé à ruminer quelque chose
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et à chercher un sens mystique cabalistique. - Mais ce que disait Jacques, c'est très pertinent, parce Lacan disait la même chose toutes les analyses  sont des analyses didactiques donc les gens ne sont pas là pour se faire soigner, ils sont là  pour apprendre quelque chose. Ce qu'ils apprennent c'est la théorie freudienne on dit que c'est la seule analyse c'est l'analyse didactique donc on n'est pas là en tant qu'être souffrant on est là en tant  qu'être ignorant qui veut savoir quelque chose
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même aujourd'hui tout le monde doit s'effacer  et s'écraser pour élever Lacan et maintenant Jacques-Alain Miller, c'est-à-dire qu'il ne faut pas dire quoi que ce  soit d'original, d'intéressant, il faut dire des choses qui sont de l'ordre de d'explication  de textes lacans. - C'est exactement la même chose. - Je crois que oui. - Exactement la même chose. - Ce qui fascine c'est que les gens se laissent embarquer là dedans
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parce que là on touche les concepts que je voulais  développer avec vous, c'est quand même la notion de de transfert la notion de dépendance à l'analyse  les personnes qui entrent en analyse justement pas chez quelqu'un qui va avoir une attitude de psychothérapeute. -Il faut aussi dire qu'il vendait des indulgences aussi. - Comment expliquer que des gens se laissent  embarquer là dedans même ce qui m'a fasciné
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c'est que même des gens qui ont conscience d'être  maltraités par leur psychanalyste n'arrivent pas à s'en défaire. - Alors moi je n'avais pas conscience  d'être maltraité, et c'est pas la culpabilité que ça faisait marcher chez moi la psychanalyse, c'est  la quête du graal, au bout de l'analyse il y avait quelque chose d'extraordinaire qu'on ne pouvait  obtenir d'aucune autre manière on était l'élite qui allait gagner. J'aimerais  ajouter que l'être humain est fondamentalement
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croyant c'est grâce au fait que nous croyons  facilement que l'espèce humaine survit, si les enfants ne croyaient pas leurs parents, s'ils  disaient "Ah, moi je vais faire mon expérience" ça tournerait mal. Fondamentalement l'être humain  croit, il croit très facilement. Regardez les religions comme les gens croient n'importe quoi, ils se font tuer pour ça, ils tuent d'autres... La croyance est un phénomène absolument universel  dans l'humanité et je pense que, au risque de
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paraître un peu prétentieux, il faut beaucoup de  maturité, beaucoup d'années, beaucoup de travail pour commencer à être un libre penseur, pour avoir de l'esprit critique. - Mais il y a l'effet gourou aussi, parce qu'on croit en une personne y a projeté  des choses dans la relation à la personne de son analyste oui parce qu'on peut croire à des idées, mais là il s'agit d'être véritablement dans la dépendance d'une personne, ce qui est fascinant c'est que les gens qui sont en
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analyses, à un moment donné, deviennent drogués du divan s'ils  entrent dans le processus dans le cadre de la cure-type et développe une aversion  pour leurs parents, pour leurs familles, pour leurs proches qui ne sont pas eux-mêmes  dans un processus analytique, il y a une espèce de formatage, est-ce que vous êtes d'accord avec ça? - Ça relève du lavage de cerveau si on lit les cas de lavage de cerveau, ça commence avec ça:  vous coupez les contacts de la personne,
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avec sa famille, ses amis etc et puis vous le  contrôlez, vous pouvez le faire dire et faire croire n'importe quoi, s'il n'a que vous il va  dire ce que vous faites. - L'analyse c'est au centre de l'existence de la personne, on le voit deux  trois fois par semaine dans l'analyse classique à l'époque chez Freud c'était six fois par semaine  et donc il est au centre de votre existence, ça
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devient la personne la plus importante, les gens  en analyse parlent davantage avec l'analyste qu'avec leur conjoint, ou avec leur amant que sais-je? Ça devient  vraiment le personnage important, la référence ultime. - Je crois qu'il est quelque chose d'autre  avec la psychanalyse c'est que en psychanalyse ça ça vaut aussi bien pour Freud que pour Lacan, on ne guérira ou on accédera son désir dans la
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version lacanienne que si on croit, on accorde sa  foi à l'analyste, non pas seulement à l'analyste, parce que l'analyste peux être relativement indifférent, mais à la théorie de l'analyste et donc il y a tout un processus d'endoctrinement qui a lieu en  analyse, qui a lieu dans des religions et dans d'autres psychothérapie et donc c'est ça qui fait le caractère sectaire, recruteur de la
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psychanalyse c'est que pour guérir, pour aller mieux, pour accéder à son désir, il faut devenir un disciple. - Est ce que ce processus d'endoctrinement  ne commence pas au moment où l'analyste justement refuse d'entendre la souffrance du patient mais  commence à lui insuffler l'idée que la vérité est ailleurs, qu'à un moment donné il souffre  d'une vérité cachée, et que finalement toute l'expression — - C'est ça la psychanalyse! — expérience et c'est là qu'il y a une rupture fondamentale entre la démarche psychothérapique et la démarche  psychanalytique. - En psychanalyse, il n'y a pas de référence,
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elle référence la réalité. Mon impression  est que la psychanalyse marche par une modification du comportement, parce que ce que cela vous apprend c'est une mauvaise habitude qui s'appelle l'association libre et Lacan savait bien que c'était difficile à acquérir cette habitude donc il fallait du temps et quand  il rompait toutes les séances il faisait qu'on
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disait des fragments, mais des fragments sont  incohérents et si quelqu'un apprend vraiment à faire l'association libre, c'est un discours qui  va vous rendre "mal-fonctionnant" dans la société. Impossible de pratiquer ça et fonctionner bien dans la société, donc cette coupure entre la personne et le monde social est effectuée par  l'association libre et les gens n'ont rien d'autre
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que de devenir psychanalystes; ils sont incapables de  faire quoi que ce soit d'autre. - Et une philosophie à la base qui consiste à dire qu'il faut défendre  votre désir, mais en partant du principe que l'enfer c'est l'autre quelque part, et que les autres sont une contrainte bien une démarche asocialisante, vous êtes d'accord avec ça cette perception  ? - Oui, les autres peuvent  être les anglais, les américains, les ennemis... - Papa, Maman...
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- Et les ennemis de l'homme pur  français. En France il s'agit de ça, c'est à dire une inflammation culturelle en étant contre ses envahisseurs. - C'est le syndrome d'Astérix. - Le problème c'est que la France est, avec l'Argentine,  le pays le plus freudien ou le pays le plus psychanalytique au monde et donc les gens spontanément  déjà croient, on sait qu'un placebo, par exemple
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les pilules placebo, ça ne marche que dans les cultures  où les gens croient aux médicaments, ça ne marche pas dans les cultures où il y a des chamans, et  c'est la même chose évidemment en France ou dans la Belgique francophone les gens croient  en la psychanalyse, et donc c'est difficile d'avoir l'esprit critique lorsqu'on est dans cette culture, c'est beaucoup plus facile si on est dans un autre pays comme la hollande etc. - Le New York Times aujourd'hui a un article sur la psychanalyse où
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une dame parle d'un livre qui vient de sortir qui  est fait par le chef du département de psychiatrie à Columbia, et ce que dit le chef du département c'est que quand on demande à Freud des preuves ou des démonstrations scientifiques de la validité de sa pratique, ce qu'il a fait, c'est qu'il a dénoncé les gens qui questionnaient, et en ça, il a  créé une pseudo-religion, parce que moi j'appelle
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ça des religions, c'est évident, ils n'avaient pas leurs résultats, ils pouvaient pas montrer en quoi ça marchait, si quelqu'un avait une phobie — et je sais que j'ai été attaqué pour dire ça, il y a des années et des années — psychanalyser la phobie ça fait rien du tout, ce que ça fait ça enracine ça enracine la phobie, parce que ça la laisse continuer et ça donne
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l'impression que c'est presque tout puissant, et  le plus qu'on, à temps, attaquait la phobie ou attaquait les situations qui produisent la phobie par la thérapie comportementale, le plus fort ça devient. Il faut ajouter évidemment que même pour le comportementaliste, il y a des mécanismes que le patient ne comprend pas. Par exemple, il comprends pas qu'en faisant de l'évitement, il renforce,
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donc on peut dire il y a des mécaniques qui sont inconscients, pas connus et donc il y a un savoir, évidemment, à expliquer. Mais ce que ce que fait alors la psychanalyse c'est jouer là dessus d'une façon on pourrait dire  perverse, en disant, vous savez, le sens ultime est toujours caché tant que vous ne trouvez pas, vous  n'aurez pas le graal. - Et il est irrémédiablement
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caché quelque part, c'est un processus permanent. - Il est très profondément caché. - C'est un processus permanent parce qu'il n'y a pas de référence, c'est-à-dire l'association  libre, encore un mauvaise habitude qu'on force les gens à faire, c'est pas un choix de faire ça, l'association libre apprend aux gens que les mots n'ont rien à faire avec rien. Dans la réalité, les mots  ont à faire aux fantasmes, aux sentiments,
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des choses comme ça. - Est-ce que ça n'aurait pas un effet destructurant justement et pathogène? - J'aimerais donner un exemple clinique. J'ai reçu un jour le fils d'une psychanalyste qui  élevait un gros problème parce que il avait des fantasmes incestueux à l'égard de sa mère, donc dès  qu'il voyait sa mère il avait une série d'images tout à fait choquantes qui le choquait et il est venu, il  avait déjà fait pas mal de psychothérapie pour
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essayer de chasser cette image et pour essayer  pourquoi il l'avait. Alors, pourquoi chercher la cause d'une image incestueuse? ou est ce qu'on  va les chercher plus profond? et donc moi je lui expliquais que nous avions tous, moi compris, et je lui ai donné des exemples du fait que nous avons tous des idées intrusives, des idées parasites, des  idées obscènes qui nous passe par la tête et que
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le problème pour lui, c'était lorsque ces idées venaient, de ne pas essayer de les repousser, ni d'ailleurs essayer de chercher le sens parce qu'il pensait qu'en creusant la signification, il allait en être débarrassé. Alors moi je lui ai bien expliqué qu'il fallait pas essayer de s'en débarrasser que plus qu'il voulait creuser ou repousser... - Plus il les renforçaient. - Ça se transformerai en obsession et donc il fallait laisser passer cette idée en disant "Zut, elle est de nouveau là" et j'essaie de m'occuper quand
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même d'autres choses, et donc en quelques séances,  l'affaire était réglée, et la maman psychanalyste m'a téléphoné en me disant "Bien merci de votre aide", bon je sais pas si elle s'est convertie à mon approche, ce n'est pas toujours aussi facile, bien  sûr, mais ça montre bien comment la recherche de la signification ultime ne résout pas les problèmes ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a pas des processus,
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par exemple, ce garçon ignorait qu'à force de repousser des idées, on les transforme en obsession. Ça, il l'ignorait, ça c'était un processus inconscient  si vous voulez. - C'est un processus inconscient mais qui pouvait être très bien rendu conscient  et qu'il a rendu conscient simplement en lui expliquant. - Tu donnais un conseil technique comme le fait n'importe quel thérapeute, alors que les psychanalystes peu vont te dire "Ah, mais vous ne savez pas quelque
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chose, et la seule façon qu'on le saura c'est en interprétant ce que vous faites" et donc on entre dans ce processus. - Ce qui est redoutable c'est que ça court-circuite l'esprit critique, parce que dans la même logique, le rejet de tous les sentiments critiques qui peuvent émerger chez un patient donc "Finalement j'avance pas, finalement mon psychanalyste ne m'aide pas à surmonté mes problèmes, finalement j'ai des doutes sur les  écrits éventuels psychanalytiques", en fait
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le tout de la démarche, la culture psychanalytique  l'amène à mettre en question ses doutes, ses propres doutes. - Tout à fait. - C'est pas simplement mettre en question, ça explique aux gens que cela veut dire quelque chose, alors que Jacques a dit à ce  garçon "Ça veut rien dire", ça ne vous appartient pas forcément  et on va pas intégrer ça dans votre histoire. la conséquence d'interroger là-dessus, il s'est interrogé là-dessus en se disant "L'interprétation est
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un processus sans fin, alors qu'est ce que c'est que la fin de l'analyse si l'interprétation est un processus sans fin?". C'est là qu'il a monté la traversée du fantasme, l'identification de symptômes, enfin toutes ces théories qu'il a construit de la fin de l'analyse, qui étaient intéressantes parce qu'elle changeait tous les trois ans ce qui fait que quand un de ces analysants était arrivé au bout, il disait "Mais attendez, c'est pas ça du tout la fin de l'analyse, c'est ce que j'allais dire maintenant" - C'est ce que j'ai fait. c'est très important ce que dit Jacques, parce qu'il faut couper
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cette idée qu'il y a un esprit fantôme là dedans quelque part qui dirige tout ça, dont il faut savoir ce que ça veut dire. Et de laisser dire ça, c'est ça le problème de la psychanalyse. - Et alors il est guéri. - Oui! C'est ça l'idée de la psychanalyse, on n'est pas guéri, on devient lacanien, freudien, on fait partie du culte mais on est surement pas guéri des pensées intrusives, etc, etc.
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- Lacan, vous en êtes des exemples, à implanté en fait la culture psychanalytique dans les facultés de philosophie, draguer des philosophes, ce qui est paradoxal c'est que aujourd'hui il y a une influence considérable de la psychanalyse, qui faiblit mais enfin qui est quand même très importante, en psychiatrie, en France, dans les pays de culture francophone, et qui va à l'encontre des principes de la psychanalyse. Le principe de la
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psychanalyse, c'est que vous faites une  démarche d'aller vers un psychanalyste, vous êtes conscient de faire sa démarche, ça doit  être un engagement personnel qui doit coûter de l'argent, vous devez être en principe conscient et volontaire par rapport à cette démarche et la présence de la psychanalyse dans la psychiatrie s'impose à des gens qui parfois ne sont même pas capables de parler, ne sont absolument pas  conscients d'être en analyse, ça s'impose à eux et en plus ça leur coûte rien, donc en fait c'est contraire aux valeurs mêmes de la psychanalyse.
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- Ça s'appelle des "analyses crocodiles". Ils défendent les gens, et s'ils défendent pas les gens, ils défendent leur fric. - Mikkel pourrait expliquer que Freud a essayé évidemment d'entrer dans le monde psychiatrique et que c'est les psychiatres qui ont  bien vu que ça ne marchait pas, mais ce que je voulais dire de toute façon c'est que Lacan,  lorsque ses didactiques n'ont plus été retenues, il
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a ouvert tout grand les portes de la profession à qui voulait. Moi, j'ai connu un peintre, je sais pas si cela dit quelque chose, Mundt, qui est  un peintre qui est venu s'établir à Paris qui faisait de magnifiques tableaux, il avait quelques  problèmes il est allé en analyse chez Lacan et après quelques mois ou quelques années d'analyse il s'est établi comme psychanalyste.
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Sa formation de base ce n'est pas la psychologie,  ni la psychiatrie, ni même la médecine, c'est la peinture, l'académie de peinture. Donc il a ouvert les portes de la psychanalyse à tout le monde et en particulier à des philosophes, des  mathématiciens, des spécialistes du langage, de la critique littéraire, comme Stuart. Donc il y a des centaines, des milliers de lacaniens
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qui ont pratiqué ce genre de choses  sans compter que certains ont dit "Voilà, comme dit Lacan, je m'autorise de moi même et donc  il a, peut-être par agressivité, par cynisme, il a envahi le champ de la psychanalyse en noyant les  gens de la société internationale qui avaient dénoncé sa pratique donc voilà pourquoi aussi il a séduit des philosophes il a surtout séduit aussi
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les journalistes. - Ça permet de noyer le poisson par rapport à l'absence d'efficacité thérapeutique ou fait de refuser est justement de  se poser la question de l'efficacité thérapeutique à la part du moment qu'on insuffle la psychanalyse  chez des gens qui sont des artistes, des gens des médias des gens qui sont pas des thérapeutes, on évite  la problématique de l'efficacité basée sur des preuves. - Et alors qu'ils trouvent des satisfaction  narcissiques, enfin un des plus beaux exemples c'est Madame Sarkozy, qui dans le journal psychologie  a dit tout récemment qu'elle est en psychanalyse
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depuis dix ans, que pendant les huit premières  années elle avait quatre séances par semaine, et que maintenant elle continue à raison de deux  séances par semaine, et elle dit je suis absolue adepte de la psychanalyse et c'est depuis dix  ans. Alors, est-ce qu'elle a des gros problèmes psychiatrique, je ne sais pas, est ce qu'elle est  devenue narcissique, de plus en plus narcissique, j'ai tendance à le croire. - Est-ce qu'elle est sous la dépendance? - Est-ce que son mari a du temps à lui consacrer, est-ce
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qu'elle a ses satisfactions affectives ou autres  sur un divan? Mais vous voyez comment quelqu'un qui ne souffre apparemment pas de troubles  psychiatriques avérés, et depuis 10 ans alors vous vous rendez compte le nombre de séances  par semaine? Ça fait (j'ai fait un petit calcul) plus de 1000 séances, elle est chez un lacanien, mais ça  lui coûte une fortune, faites les calculs, c'est énorme! Et ça continue! Et elle est totalement  adepte. - Et elle est fière, elle le dit dans
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le magazine psychologique, à qui veut l'entendre. - C'est effrayant tout ça. - Et Gérard Miller est tout fier de la présenter et de donner Madame Sarkozy. - Un peu comme un scientologue utilise des stars de cinéma pour revendre la scientologie. - De toute façon, dans les années 50, aux États-Unis c'est exactement ce que faisait des psychanalystes. - Avec Woody Allen. - Ça se faisait aux États-Unis, parce que c'était lié dans les années
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50 avec le "method acting", le "actor studio", les  comédiens qui suivent la méthode comme Marilyn Monroe. Elle était patiente psychanalytique, apparemment  ça lui a pas beaucoup réussi mais elle était patiente psychanalytique, et pas mal d'acteurs, des gens dans les médias, les artistes, ils l'étaient. Mais c'est curieux que les États-Unis ont dépassé ça dans les années 50, 60, 70, les facultés
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de psychiatrie était bourrées de psychanalystes; il y en  a plus. Woody Allen était le champion de la psychothérapie, de la psychanalyse il a fait 35  ans et après 35 ans, il est tombé amoureux d'une fille de 16-17 ans, quelque chose comme ça, et il  s'est marié avec elle sans le moindre sens des conséquences pour sa famille et pour son fils. C'est-à-dire on peut dire que c'est l'inceste
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ou non, mais ça a sûrement fait beaucoup de  mal à son fils qui l'a dénoncé à cause de ça et l'idée que les gens doivent être responsables  pour les autres ça absolument n'existe pas dans la psychanalyse, on est responsable de  d'agir selon son désir, bla bla bla, mais de faire des choses pour les autres, de s'entendre  avec les autres, ça n'existe pas dans la psychanalyse.
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- Les personnes qui ont une analyse critique de la  psychanalyse subissent les foudres d'un mouvement qui est très intolérant à la frustration, imperméable à toute remise en question et qui a un pouvoir social très important. - Tout à fait. Moi je peux en témoigner parce que pendant quand même une quinzaine d'années après mon premier  livre, j'étais relativement bien vu dans les milieux
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universitaires. On savait que j'avais des opinions  pas très orthodoxes mais en même temps, j'étais un bon lecteur de Freud, déconstructeur, ça marchait  très bien, je me faisais invité dans les colloques et une fois on s'est retrouvés, Stuart et moi, à l'une de ces nombreux colloques, dans les départements de littérature. À partir de l'instant où j'ai publié  mon petit livre sur Anna O. où je mettais en cause
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la véracité d'un cas de Freud, je n'ai plus  jamais été invité nulle part pour un colloque de psychanalyse ou même à titre individuel  pour venir présenter mes travaux dans une université. Ça c'est aux états unis, là on voit  très bien comment, en tout cas dans ce milieu
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là, qui n'est pas le même que celui de la  psychiatrie, de la psychothérapie en général, mais qui est le milieu très limitée des campus,  des départements de littérature, la psychanalyse continue vraiment avoir une pouvoir très concret. Après il y a eu en France la réaction démesurée
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des psychanalystes, non pas seulement à  mon égard mais à l'égard de mon ami Jacques et à d'autres Ça s'est traduit par, au moment de la publication du "Livre  Noir de la psychanalyse" par, quand même, des attaques absolument féroces, des attaques ad hominem, c'est  à dire on nous a traîné dans la
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boue en nous présentant soit comme des séides de  l'extrême droite, soit comme des antisémites, soit comme des valets de l'industrie pharmaceutique,  soit comme des dresseurs d'ours parce que ça c'était pour les collègues comportementalistes,  et là, il était très très frappant de voir
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qu'à aucun moment, les psychanalystes n'ont  véritablement mobilisé des arguments rationnels pour contrer ce qui était avancé dans notre livre. Ils sont incapables de faire autrement. - Aucune discussion, le principe c'est de retourner l'attaque contre l'auteur en disant qu'il y a un sens caché  à votre observation. - Tout à fait, tout à fait, et l'accusation d'antisémitisme, elle est ignoble, elle a été utilisée par Elisabeth
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Roudinesco, entre autres, Catherine Clément aussi, d'autres gens, une amie de Roudinesco, et c'est une accusation ignoble parce qu'elle est complètement sans fondement, elle le sait très bien d'ailleurs.  mais qui est très significative parce que c'est une accusation qui avait déjà été utilisé par  Freud lui-même avant même qu'on brûle ses
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livres à l'époque du nazisme et il a utilisé ce  mécanisme de défense de la psychanalyse contre Jung, en l'accusant en 1914 de préjugés raciaux  au moment où ils se sont séparés, en 1917 il a de nouveau utilisé le même argument disons que les  résistances à la psychanalyse étaient peut-être dûes en partie à un antisémitisme, au fait qu'il était juif,  et donc c'est un vieux mécanisme de défense
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de la psychanalyse complètement irrationnel, parce que lorsqu'on y réfléchit ça ne tient pas de bois un seul instant. - Il a accusé un certain nombre  de juifs d'être antisémites. - Mais bien sûr! C'est là où c'est irrationnel, c'est que ça ne  correspond à aucune réalité et encore une fois elle le sait très bien. - C'est un pare feu , c'est un rideau de fer c'est toutes ces
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tentatives d'objectivation des problématiques  sur les discussions sur la théorie la pratique psychanalytique. - Et ça a très bien marché, c'est  sa clique qui est lamentable, en France, tous les ans. - En Belgique il n'y a qu'une seule personne qui a plus d'arguments : c'est Pierre Mertens, que j'ai été  voir un jour alors qu'il faisait une conférence, je lui ai demandé s'il maintenait toujours cette  accusation, il avait l'air tout perdu. Oui,
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c'est l'accusation de Madame Roudinesco, la seule chose qu'il m'a répondu, il m'a dit : "Madame Roudinesco est une dame très bien  et c'est une de mes amies. - Au-delà de ça, il voit bien dans des débats qui  agitent le monde de l'autisme aujourd'hui dès que des psychiatres traditionalistes d'obédience  psychanalytique sont confrontés au fait que les familles ne veulent plus d'internement  psychiatrique pour leurs enfants autistes et que comme le reste du monde un enfant n'a rien à faire dans  un hôpital psychiatrique tout de suite, c'est des arguments de
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groupes comme le collectif des 39 on est dans  l'émotion comme "c'est du fascisme, vous êtes contre, vous nous retirer notre  nos gosses, notre gagne pain donc vous êtes fasciste et nous on est les humanistes". Jacques  Lacan se destinait à la prêtrise, il est né dans une famille profondément catholique, et donc  le fait d'aussi d'allumer ses parfums d'antisémitisme, c'est aussi pour but de masquer  l'influence d'une certaine tradition catholique
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- Et le fait qu'il fréquentait Mr. Heidegger  qui est un nazi notoire, je me dis, on lit ça dans Roudinesco, faut faire un peu attention avec  les gens qu'on fréquente quand même. - Pour revenir sur l'autisme, dans le milieu psychanalytique, il y a un  terrorisme entre psychanalystes. Il se trouve que j'ai été recruté par une association qui s'occupe  des personnes qui ont le syndrome d'Asperger,
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d'autisme de haut niveau. J'ai été recruté pour  valider psychiatriquement des bilans qui sont faits par des psychologues mais qui n'ont de  valeur que si un tampon du psychiatre. Ça fait trois ans que je fais ça, au bout d'un an ou  deux, j'en avais un peu marre et je n'arrête pas de demander à la directrice de me remplacer.  Personne ne veut le faire, moi je risque rien, je
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fais psychiatre et psychothérapeute en libéral,  je travaille pas avec des institutions, je suis à moitié en retraite mais les collègues qui sont  eux prits dans les fils institutionnels et tout ça même s'ils partagent au fond mes idées  mes connaissances sur l'autisme, ne peuvent pas officiellement le déclarer et se montrer dans  ce sens. - Aujourd'hui, est-ce que vous êtes des
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thérapeutes heureux ? Parce que vous avez quitté  la psychanalyse mais vous êtes toujours thérapeutes, vous recevez des patients, c'est votre métier, c'est  votre vie, ça c'est très important aussi de dire. Vous avez tourné le dos de la psychanalyse, mais vous avez absolument pas tourner le dos de la démarche fondamentale finalement qui vous a mobilisé. - Je trouve ça formidable, chaque fois que dans une séance il se passe des choses, donc je vois bien  que ça va changer mais après sera plus pareil qu'avant - Quand on voit les gens changer, c'est  très satisfaisant. Les gens m'ont demandé à New
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York, je faisais une réunion la semaine dernière  le monde et ils m'ont demandé "Est ce que cela vous manque la psychanalyse?" je dis "Jamais". Ça ne me manque jamais  parce que je préfère aider les gens. C'est beaucoup plus intéressant d'aider les gens, de  discuter avec les gens, de travailler avec les gens et de les voir apprendre à faire des choses eux-mêmes que d'être là en tant que psychanalyste, mais
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oui, mais oui. - Sans risquer de s'endormir - On risque de s'endormir, c'est ennuyeux, et c'est frustant, ce n'est pas une profession gratifiante à mon avis. - Moi j'ai beaucoup de renforcement, d'autant plus que je fais très volontiers ce  qu'on appelle de l'immersion en situation donc quand les gens ont peur du métro je vais avec  eux dans le métro, enfin, il y a des séances
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préalables bien sûr, je fais ce qu'on appelle  des confrontations de la situation phobogène de manière hiérarchisée, ça va de soi, contrairement à ce que dit Miller, je ne mets pas des gens directement devant un cancrelat et je fais hurler, je  fais des désensibilisation systématiques qui donne très bons résultats, aussi des troubles  obsessionnels-compulsifs, où on apprend aux gens de plus attacher trop d'importance aux idées intrusives, ou aussi on leur apprend à résister
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à des impulsions mais de manière programmée  etc. donc oui j'ai vraiment beaucoup de satisfaction, beaucoup plus que autrefois, où j'en  avais de temps à autre, mais ça marche beaucoup mieux, d'ailleurs, à l'époque où j'étais analyste j'ai quand même  vu autour de moi aussi des suicides, et une des choses aussi qui m'a fait changer c'est de voir  que parmi les grands maîtres de la psychanalyse certains avaient des gros problèmes. Quand François  Périer, que vous avez connu, est venu à Louvain faire
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une conférence, il tenait un langage bizarre j'ai  demandé à mon patron Jacques Scott ,vous comprenez je me demandais si c'était du lacanien, et Jacques  Scott m'a dit : "Périer ferait mieux de de boire l'eau qui porte son nom", alors j'ai compris qu'il était en  état d'ébriété et alors j'ai appris aussi qu'il ne pouvait pas s'arrêter de boire. Le grand  lacanien à Louvain, Alphonse de Waelhens n'osait
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pas traversé un boulevard: il devait aller donner  son séminaire, je me souviens que Scott un jour m'a dit "Est-ce que vous pouvez aller chercher Alphonse?" il m'a dit "parce que il est agoraphobe il n'ose pas traverser un boulevard." écoutez, pour moi c'était  un choc donc celui qui nous commenter les écrits lacaniens n'osait pas traverser un boulevard!  Moi j'étais déjà allé aux Pays-Bas, j'avais déjà vu ce qu'était un thérapie comportementale et  moi je savais qu'en aidant les gens à traverser
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des boulevards, en faisant des exercices etc, et bien  on pouvait les débarrasser de ça. Donc tout ça a joué en 10 ans pour alors me faire perdre les  illusions de ma jeunesse. - Ce sera mot de la fin, Merci Monsieur, merci infiniment. alors voici  quelques conseils de lecture on a commencé par "Le livre noir de la psychanalyse" que je  recommande le livre de Stuart, le dernier en date,
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"The Last Psychoanalyst", pour l'instant c'est pour les anglophones Jacques Van Rillaer, "Les illusions de  la psychanalyse", paru en 81 - En 81, il a édité et il est toujours en vente. "Les psychanalyse, des mythologies du  XXème siècle" co-écrit avec Nicolas Gauvrit et "La nouvelle gestion de soi, ce qu'il  faut faire pour vivre mieux". - On peut faire
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autre chose que critiquer la psychanalyse,  heureusement. Mikkel Jacobsen, "Lacan, le maître absolu", "Le dossier Freud : enquête sur  l'histoire de la psychanalyse" co-écrit avec Sonu Shamdazani, "Souvenirs  d'Anna O.: une mystification centenaire" et "Les patients de Freud - Destins" bientôt  suivi d'une suite, en préparation, et alors je
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conseille aussi à tous ce qui est un  must "Histoire de la découverte de l'inconscient" de Henri Ellenberger  qui, notamment, démarche ce travail d'historien, il explique que Freud n'a  pas réinventé l'inconscient de la psychothérapie.
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