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ce qui maltraite les élèves notamment c'est cette obsession pour l'économie qu'on a dans notre ministère on fait des économies en fermant par exemple des classes pour les élèves à besoins
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spécifiques c'est des des classes où on peut accueillir 10 15 élèves avec des professeurs spécialisés pour vraiment les accompagner au mieux bah on ferme ces structures les unes après les autres et les élèves on les met avec les autres
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et incroyable ça ne se passe pas bien les élèves ne se sentent pas bien en classe parfois ils ont des crises de de violence et sur qui ça retombe mais sur eux parce qu'ils sont rejetés par leurs camarades parce que nous on peut pas les accompagner au mieux on on est face à ce
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genre de situation et la seule réponse qu'on a de l'institution c'est ah mais il y a plus de [Musique] place dans cet épisode de dialogue je vais aborder un
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sujet difficile la crise de l'éducation nationale mais pas pour qu'on s'apitoise sur notre sort mais qu'on puisse se poser des questions vraiment centrales de qu'est-ce qu'on veut transmettre qu'est-ce qu'on veut transmettre à nos
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enfants qu'est-ce que c'est une éducation digne de ce nom je crois que ces questions sont vraiment essentielles fondamentales bonjour William bonjour je suis très content de te recevoir pour
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ton livre l'ex plus beau métier du monde parce que tu poses la question de qu'est-ce que le sens de l'enseignement aujourd'hui et c'est peut-être la question la
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plus une des questions les plus importantes les plus les plus essentielles qu'est-ce que c'est enseigner et comment au fond le savoir et l'espace de transformation de de
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l'individu c'est une vaste question et effectivement c'est une question en fait je trouve qu'on s'oose peu euh parce qu'on on considère que l'éducation c'est c'est un acquis en fait dans notre société euh et dès le le plus jeune âge
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on envoie les enfants à l'école et voilà c'est au professeur de s'occuper de ça on le met de côté et on s'en occupe plus et ça vient aussi de de de ce fait que aujourd'hui on considère que l'éducation
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c'est un peu le problème des profs c'est-à-dire que c'est à nous de gérer les crises qu'on est en train de auxquelles on est en train de faire face mais l'éducation il me semble que c'est l'affaire de tous c'est transmettre ce
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qu'on peut aux générations futures pour qu'elles aient les les outils intellectuel pour se défendre et pour créer de nouvelles choses à leur tour pour que le cycle de la vie Contin continue au mieux mais ça effectivement
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les enseignants on est sur le terrain avec avec tous nos élèves pour faire ça mais ça passe aussi par par les parents et par la société dans son ensemble moi ce qui me frappe parmi les nombreuses choses qui m'ont frappé en lisant ton
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livre c'est la manière dont l'éducation nationale met de côté la question centrale du contenu de l'enseignement on est de plus en plus tu
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décris très bien dans l'idée que le problème majeur ce sera un problème de entre guillemets pédagogie et moi je me disais je sais pas si tu es d'accord de de de l'image moi si j'ai besoin d'un maçon je veux
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d'abord un bon maçon h et on a l'impression que dans l'éducation l'idée que un prof d'anglais puisque c'est tu es tu tu éit prof d'anglais c'est quelqu'un qui aime l'anglais qui a une passion pour l'anglais qui a une
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compétence de l'anglais c'est plus ça qui importe mais c'est quelque chose d'assez flou qui serait la pédagogie ce sur quoi nos nos nos inspecteurs
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insistent et nos formateurs insistent énormément c'est effectivement la pédagogie c'est les techniques qu'il faut utiliser en classe donc là nous la grande mode depuis 20 ans c'est ce qu'on appelle en anglais he la la méthode actionnelle méthode actionnelle c'est
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considérer que l'élève est au cœur de la construction de son propre savoir et donc on imagine que voilà le savoir jaillit de l'élève que il se pose des question tout seul et il y répond tout seul il y a même un inspecteur lors de ma toute première inspection qui m'a dit
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le cours parfait c'est le cours le prof ne parle pas donc je me dis bon à quoi est-ce que je ser moi il se trouve que je sais parler anglais que j'ai j'ai étudié l'anglais pendant 5 ans que j'ai vécu dans des pays anglophones donc je je sais un peu de quoi je parle et je
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pense que je peux amener les les élèves vers ça mais non c'est à l'élève de de construire son son propre savoir il y a un côté il y a un côté si on y réfléchit qui est délirant c'est c'est il y a un côté
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quand on y réfléchit à première vue comme ça oui la pédagogie c'est bien mais un côté si je veux apprendre à nagé peu importe si le la personne sait nagé alors qu'au contraire on sait très bien que si la personne sait nagée a une
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passion pour nager connaî vraiment le corps je vais apprendre plus rapidement et là on est dans cette illusion qui est enfin moi que je trouve quand on y réfléchit euh très très insensé c'est un
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peu délirant et quand on a un inspecteur qui nous dit ça qu'est-ce qu'on fait on noche la tête parce que voilà on va pas le contredire c'est lui qui a le pouvoir de nous titulariser ou pas donc moi je riais intérieurement je riais jaune euh
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mais je me disais mais c'est quoi c'est un il est fou quoi et mais je disais oui oui je prenais des notes voilà pour lui faire croire que que j'étais complètement d'accord avec lui alors que à considérer que l'élève va apprendre à
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parler anglais tout seul en voyant une phrase au tableau et en s'imaginant tout seul les règles de gramur qui récou c'est comme si on jetait un élève dans une piscine et on lui dit bon ben maintenant tu sais nager quoi enfin c'est pas du tout des des des méthode
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qui qui fonctionne mais voilà ça ça permet un peu de de se dédoiner aussi des des échecs de de l'éducation de d'agir comme ça on a l'impression euh que ce qui compte c'est qu'il y a un
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prof devant chaque classe peu importe euh ce qui s'y joue dedans on a l'impression que la peur c'est juste une sorte de
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garderie généralisée plutôt que de prendre en compte la question centrale c'est qui est euh le le le contenu qui est enseigné
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mais c'est c'est tout à fait ça et là on a ce discours en boucle là depuis des des semaines depuis la rentrée là c'est donc monsieur hatal qui dit il y aura un professeur devant chaque élève voilà c'est ça c'est ça le le l'enjeu c'est
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c'est on va bien garder vos enfants et là pas plus tard que ce matin j'ai lu un témoignage d'une collègue qui dit le professeur de PS était absent euh et donc on a un professeur de chinois qui est venu faire cours de chinois à des
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élèves qui habituell ne font pas chinois mais voilà ils ont eu un petit cours comme ça et euh bon pourquoi pas mais c'est surtout ils sont gardés et surtout au niveau statistiqu les les établissements peuvent remonter voilà au
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ministère que les cours ont bien eu lieu et que il n'y a pas eu de perte d'heur de cours mais c'est c'est aberrant effectivement on a voilà on a des des professeurs là avec les remplacements cours qui viennent en remplacer d'autres au pied levés mais ça n'a aucun inérêt
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pédagogique c'est de la la pure garderie effectivement c'est c'est une perte de temps pour tout le monde et même au niveau du recrutement des enseignants vu qu'on a du mal à recruter car le métier n'attire plus on embauche mais littéralement en 15 minutes au téléphone
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quelqu'un qui le lendemain est envoyé en classe moi je trouve ça plutôt inquiétant parce que ce qui se joue évidemment si euh ce qu'on essaie de défendre c'est l'idée que ce qui importe c'est la transmission du savoir et aussi
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par là l'amour du savoir et l'idée que le savoir peut transformer une vie que que c'est ça qui peut transformer quelqu'un le le le l'ppter de la
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liberté et comment comment comment quand quand on peut le faire pour toi quand les moments où tu as été un prof heureux on peut transmettre le savoir et ce goût du savoir et cet amour du savoir euh
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j'ai longtemps été un prof heureux et effectivement c'est ce que tu dis c'est la base en étant heureux d'aller au collège au lycée en étant heureux d'être là bah déjà ça fonctionne beaucoup mieux quand on y va en entrîn dans les pieds les élèves ils s'en rendent bien compte
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donc quand j'étais heureux d'y aller quand j'étais heureux de d'avoir une certaine liberté pédagogique de pouvoir faire ce que je voulais euh de de de pouvoir bah choisir des thèmes qui m'intéressaient par exemple j'avais un cours moi que que j'adorais faire avec
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mes élèves c'était sur les les les chansons protestataires aux États-Unis euh voilà comment utiliser la la la musique pour faire passer des messages forts euh ben j'adorais faire ça j'adorais rechercher des musiques les
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étudier avec en classe avec eux les écouter voir leurs réaction susciter une curiosité en fait pour que eux-mêmes àors r tour se disent ah oui ça existe est-ce qu'il y a ça en France aussi est-ce que la musique que j'écoute est
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protestataire et bah c'est c'est ça en fait c'est quand on est heureux quand on a envie d'être là quand on a envie de partager des choses à des élèves quand moi-même je voilà c'est quelque chose que j'adorais faire bah les élèves s'y retrouvent je je dis pas que tous mes
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élèves étaient absolument absorbés par ce que je racontais mais il y en a certains qui qu' était et et ça ça suscitaé un engouement et on était content d'être là on passé un bon moment c'est ça la c'est ça la transmission j'ai l'impression que ce qui fait défaut
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puisquon parle plus que de pédagogie et et voilà et et de gardienage des des enfants c'est les conditions de transmission du savoir et la vraie question que qu'on voit dans apparaître
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dans ton livre et par tous les profs que tu as interrogé c'est le nombre d'élèves par classe qui est la question tabou alors si on veut vraiment travailler sur les condition j'ai l'impression que que
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c'est vraiment une question essentielle oui on on n'enseigne pas du tout de la même façon à 15 20 25 30 ou 35 moi j'ai j'ai enseigné jusqu'à 36 élèves de
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l'anglais ok je voyais les élèves 2 heures par semaine 36 élèves par classe il faisait mathématiquement il ne pouvait pas parler chacun plus de 1 minute 30 c'est voilà ça c'est une vraie réforme voilà une réforme qui veut
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vraiment changer quelque chose c'est pas un élève turbulent dans une classe de 35 dans une classe de 15 sera pas turbulent de la même on pour on pour le gérer on pourra le gérer mais mais ça je je l'ai vu mais voilà parce qu'il y a une année
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où notre établissement bénéficie encore de d'un système où on faisait les cours d'anglais en demi-groupe donc c'était un groupe une classe entière c'était 36 élèves on faisait cours à 18 élèves mais c'était c'était trop bien je je connaissais parfaitement mes élèves je
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pouvais circuler dans les rangs pendant qu'il faisaient un exercice les aider sans que ça soit le bazar l'année suivante hop on a supprimer ce système parce que c'est les maths finalement qui étaient plus importantes et qui ont bénéficié de de ça parce qu'on nous met
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en compéti aussi euh et donc ben j'avais les mêmes classes avec 36 élèves et c'était intenable j'avais du mal à faire cours correctement j'interromps quelques secondes l'épisode pour vous dire merci si vous êtes sur ma chaîne et vous êtes
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si nombreux à écouter dialogue c'est que vous êtes intéressé à prendre soin de vous à avoir souci du monde à vouloir développer plus d'affection de tendresse de chaleur dans ce monde qui en a bien besoin et si vous voulez être au courant
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de tout ce que je propose de dialogue de cours de rencontres c'est tout simple inscrivez-vous à ma newsletter en cliquant sur le lien ci-dessous et vous recevrez même un petit cadeau voilà je
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reviens maintenant à la suite de ce dialogue dans la dénégation que la question centrale est celle du savoir on voit dans les dernières réformes le fait que les jours de formation des
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professeurs va passer dans leurs vacances alors que c'était la dernière chose qui permettait au prof de se former et on voit bien là enfin c'est un mépris tellement profond pour qu'est-ce que ça
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veut dire qu'être prof qu'est-ce que c'est la nécessité fondamentale de se former dans n'importe quelle société les gens peuvent prendre du temps pour se former ça participe de quelque chose de central et alors quand on est prof et
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que l'essentiel c'est la transmission on on se dit mais en fait c'est extrêmement violent je trouve que c'est un peu pernicieux comme comme réforme donc de de passer les les les potentielles formations sur les vacances parce que donc va y avoir
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un refus en bloc des des enseignants et ça va nous faire passer pour les fénias une nouvelle fois qui ne veulent pas se former qui veulent pas faire deseffs qui ont plus de vacances que les autres et qui veulent les garder à tout prix qui pensent même pas aux élèves alors que c'est pas du tout ça qui qui se joue ce
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qui joue c'est que même les formateurs sont sont pas contents du tout euh c'est que ces vacances c'est pas un truc où on déconnecte pendant de semaines où on fait rien c'est des moments où on travaille déjà où on peut un peu lever
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le pied mais où on corrige nos cours nos copies pardon on prépare no nos cours euh et où on n' pas forcément le temps ni l'envie de se lancer dans une une nouvelle formation on n' pas idée dans
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d'autres corps de métier que le le temps de repos soit un moment de formation euh donc ça ça voilà ça va je pense retomber sur les collègues euh de toute façon là on on l'a déjà vu hein les
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formations intéressent beaucoup moins c'est pas de cette façon qu'on va inciter les les enseignants à se former et hélas personnellement moi je j'en ai suivi des des formations on m'a inscrit d'office à certaines formations c'était
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à mes yeux une perte de temps euh c'était lunaire ce qu'on nous faisait faire j'avis une formation qui dans en théorie était bien sur comment utiliser le cinéma en cours d'anglais pourquoi pas on a passé mais des heures à
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apprendre comment ouvrir un fichier vidéo sur ordinateur comment projeter encore une fois c'est pas ne pas mettre au cœur le contenu c'est ça qui au fond c'est la maîtrise du contenu qui permet
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la ion bien sûr alors là tu as abordé un autre thème absolument essentiel c'est euh ce le le mépris qui a notre société pour les profs et qui est une des
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grandes douleurs qu'ont tous les profs avec la phrase les profs ne foutent rien et ça c'est vraiment une d'abord c'est vraiment très douloureux c'est on se
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sent déconsidéré don j'ai souvent parlé sur cette chaîne de l'importance de de d'être reconnu qui est vraiment une question centrale et là c'est vraiment alors est-ce que tu peux me dire à la
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fois en quoi c'est vraiment pénible et en quoi c'est faux alors en quoi c'est pénible c'est que on est on a une une profession à laquelle on nous renvoie tout le temps même en dehors de de de
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nos heures d'enseignement quand on est un prof on est un prof toute la journée c'est-à-dire que si on va faire une faute quand on parle à l'oral hop on va nous corriger oh tu es prof et tu fais une faute si on est en vacances on va avoir une réflexion sur le fait d'être
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en vacances si on est chez soi à travailler on va avoir une réflexion sur le fait qu'on a de la chance de pouvoir être à la maison pour travailler en fait voilà on se résume à notre notre métier pour beaucoup de gens et comme tout le
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monde est passé par les bans de l'école tout le monde pense avoir un avis pertinent à donner sur la profession alors que être élève ou être professeur ce n'est pas du tout la même chose moi je l'ai bien vu en passant de
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l'autre côté il y a des des choses qu'on qu'on imagine pas du tout du tout et donc il y a cette image de de de l'enseignant un peu privilégié un peu dans sa bulle qui qui n'enseigne que 18h
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par semaine donc on imagine que il ne travaille que 18h par semaine comme si les les cours étaient créés par magie et les copies corrigé aussi et et il y a on est dans une société où on se on nous renvoie tous
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dos à dos ou chacun a des privilèges ou des avantages que l'autre n'a pas et et donc plutôt que de se dire bah chaque métier différent chaque métier a ses avantages ses inconvénients on va pointer du doigt ce qui ce qu'on veut
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chez l'autre et donc nous on considère que les enseignant travaille peu par semaine et ont beaucoup de vacances et donc rien que pour ça on va on va être très jalousé et et pointter du doigt
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comme étant des fa néant là où ce cette ça ne tient pas c'est que si c'était un métier si facile de faer à privilégier tout le temps en vacances le métier ne serait pas en crise actuellement n'aurait pas autant de mal
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à recruter il n'y aurait pas de gens comme moi qui démissionnent après 10 ans 15 ans de carrière et euh et les concours feraient ça le comble donc généralement quand on leur pose cette question c'est ah oui mais non moi je pourrais pas faire ça les élèves
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aujourd'hui sont trop difficiles ou bon faudrait savoir on peut on peut pas critiquer une profession en la traitant de féias et dire moi je pourrais pas faire ça c'est un petit peu incohérent est-ce que c'est vrai que qu'on est des
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Féas privilégiés moi je je j'ai j'ai rencontré là une une libraire récemment en dédicace qui m'a qui m'a invité et qui a dit que elle
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elle avait enseigné pendant 15 ans elle a fini par démissionner et là elle a ouvert sa librairie elle travaille de 9h à 19h tous les jours euh Sam me dit inclu et elle me dit certes je travaille plus mais en fait j'ai gagné en qualité
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de vie je suis heureuse d'aller au travail tout se passe beaucoup mieux j'ai un vrai rapport avec les autres et surtout j'ai une gratitude de mes clients euh une gratitude que je n'ai jamais euh retrouver dans dans mon métier d'enseignant cette reconnaissance
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on on l'a pas de la part des élèves ça c'est normal hein les élèves sont pas contents d'être là c'est pas un secret on n'a pas cette reconnaissance de la part des parents qui considèrent que on ne fait pas tout pour leur enfant en particulier donc on est on n'est pas un
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bon prof on n' pas cette reconnaissance de la part de notre hiérarchie de nos inspecteurs qui viennent nous humilier régulièrement lors d'inspection et on n' pas cette reconnaissance euh de de la société en général donc avec euh voilà
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c'estes ces a prioris ni la reconnaissance de notre gouvernement donc c'est un métier où ouais on se sent un petit peu seul et un petit peu rejeté or on peut dire que voilà comme tout
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métier très humain prof médecin infirmier c'est plutôt des métiers où on se surinvestit h parce que le travail qu'on peut faire pour l'humain est est sans limite et voilà et que un prof est
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en rapport à des êtres humain il est prêt à des efforts immenses c'est c'est pas du tout la même chose que d'avoir un boulot le soir on on rentre chez soi euh on est moins inquiet là il y a quand
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même il y a des enjeux dramatique qui se qui se noue on pense aux élèves on voit comment on peut améliorer les choses on réfléchit il y a une sorte de voilà il y a il y a une une sorte de responsabilité
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qu' a le prof qui qui est euh qui est euh intense et là on retrouve ce que je disais au début euh l' le sens de son travail est extrêmement
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euh prenant oui c'est pas un métier où quand ça sonne admettons à 17h ou à 18h au lycée hop on ferme la porte de sa salle et ça y est la journée est finie non c'est un métier qu'on qui qui retourne à la maison avec nous que ce
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soit parce qu'on a du travail ou parce que effectivement si on apprend qu'un élève a été battu par sa famille si on apprend qu'un élève est harcelé si on apprend que un élève est en larme parce qu'il n'arrive pas à apprendre
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correctement ben c'est c'est pas quelque chose qu'on peut laisser comme ça au seuil de l'établissement et oublier une fois qu'on revient chez soi on vit on porte toutes ces choses en nous au quotidien effectivement c'est c'est un métier très prenant même psychologiquement oui émotionnellement
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on est très ENF j'ai été prof quelques années on se sent très engagé devant ces élèves on sent qu'on a une responsabilité fondamentale on sait que ça peut transformer leur vie bien sûr et
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c'est ça c'est ça qui est qui est dramatique c'est ça qui est très dur je pense pour pour beaucoup de collègues c'est tout ça on le ressent très fort en nous et on se dit qu'on n pas les moyens de les de les accompagner de les aider
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correctement ces élèves et là je parlais de de mon excollègue donc devenu libraire qui m'a dit en fait voilà le le métier je ne me convenait plus parce que j'avais l'impression de de devenir finalement complice d'un système qui
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n'aidait pas les élèves et qui parfois même les maltraitait et que quand on est témoin de ça on n pas envie d' d'en être complice effectivement qu'est-ce qui maltraite les élèves dans le système ce
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qui maltraite les élèves notamment c'est cette obsession pour l'économie qu'on a sur sur dans notre ministère on on fait des économies en fermant par exemple des des
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classes pour les élèves à besoins spécifiques on a les classes ULIS pour les élèves en situation de handicap on a les classes sea pour les élèves en très grande difficulté on a les IME qui est
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qui sont également pour les élèves en situation de handicap ou les les ITEP pour les élèves qui ont mal à se socialiser tout ça c'est des des classes où on peut accueillir 10 15
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élèves avec des professeurs spécialisés pour vraiment les accompagner au mieux bah on ferme ces structures les unes après les autres et les élèves on les met avec les autres et incroyable ça ne se passe pas bien les élèves sont ne se
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sentent pas bien en classe parfois ils ont des crises de de violence et sur qui ça retombe mais sur eux parce qu'ils sont rejetés par leur camarad parce que nous on peut pas les accompagner au mieux et donc on on est face à ce genre de situation et la la seule réponse
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qu'on a de l'institution c'est ah mais il y a plus de place bon c'est voilà ça c'est le genre de situation dramatique de auquel on fait face au quotidien parce que ces élèves on les a du premier jour de l'année jusqu'au dernier s'ils ne sont pas
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exclus avant parce que c'est la seule solution finalement qu' qu'on trouve pour eux c'est de les exclure et les envoyer dans un autre établissement alors un autre phénomène que que fait apparaître ton livre qui est alors là complètement stupéfiant c'est que
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l'administration est contre les profs en im imaginant une boîte où on Fa que des chaussures et que le PDG soit l'ennemi numéro 1 des employés c'est juste quelque chose d'impensable j'ai l'impression que c'est quand même un des
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seul endroit où il y a un tel conflit du ministre par rapport à aux gens qui travaillent la réforme café blanquaire a été faite contre les profs contre leur
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avis contre la viis de tous les profs de tous les syndicat c'est c'est euh stupéfiant non c'est oui c'est cidérant euh on on sait que le le ministère ne ne
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répond aucunement à nos besoins et puis encore qu'il agit parfois contre nos nos intérêts et les intérêts des élèves donc là sur cette réforme par exemple c'est réforme du lycée 2019 quand elle a été annoncé qu'on a vu les textes on a
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pointé du doigt tout ce qui n'allait pas et tout ce qui allait poser problème la la machine blancire s'est mise en route nous a écrasé en nous trotant au passage de preneur d'otage si on osait faire grève euh et et tous les problèmes qu'on
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avait pointé du doigt ben aujourd'hui on les découvre dans la presse ah les épreuves sont trop tôt ah les élèves sont stressé parce qu'il y a trop d'épreuves et on est obligé la réforme est obligé d'être déconstruite pas à pas
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petit à petit donc c'est juste mais c'est on se dit mais une telle violence tous les profs avaient dit que c'était matériellement impossible de faire passer le bac de cette manière là c'est
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impossible on le fait quand même on le fait quand même et c'est impossible donc doucement on est en train d'essayer de défaire cette réforme mais au prix d'une d'une violence est-ce qu'il y a d'autres éléments que tu pourrais souligner de de
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de de cette manière dont l'administration est à ce point contre les profs ah oui mais j'ai un exemple très très précis et qui me marquera toute ma vie parce que c'était lors de ma 3e année d'enseignement j'étais
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encore tout tout tout frais dans le métier et j'étais ce qu'on appelle TZR donc remplaçant j'étais envoyé sur plusieurs établissements et très vite j'ai remarqué qu' on m'appelait juste on me disait VO là voà et qu'il y avait aucune trace écrite de quoi que ce soit
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donc je me renseigne et il y a un syndicat qui me dit il faut que tu aies ce qu'on appelle un arrêté d'affectation parce que si tu as un problème sur la route si tu as un accident faut que tu sois couvert parce que sinon ils vont vite se dédoiner euh donc avant avant un
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nouveau remplacement on m'appelle et j'ai dit ben voilà je me rendrai dans mon établissement quand j'aurai mon arrêté d'affectation le chef d'établissement dit non non on n pas le temps pour ça il faut vite se rendre je dis bah non non moi j'ai besoin il y a aucun métier où on travaille sans avoir
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de contrat moi il me faut m'en arrêter et le le chef d'établissement me hurle dessus raccroche appelle le rectorat le l'arrêter mais envoyé dans les 5 minutes comme quoi c'était pas si compliqué me
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rappelle en me disant voilà vous l'avez votre arrêté mais sachez que vous êtes fait des ennemis au rectorat je me suis fait des ennemis parce que j'ai réclamé à ce que mes droits soient respectés et qu'est-ce que ça veut dire se faire des
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ennemis au rectorat enfin c'est pourquoi donc voilà je ça c'est typiquement si si on élève un peu la voix si on ne plus baisser les yeux on devient l'ennemi oui
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donc on on voit là euh cette tension très forte entre les profs et un savoir vraiment mais en plus c'était pas c'est pas des questions idéologiques c'est des question pratique
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d'organisation qui sont euh et alors ce rectorat ben le fameux rectorat de versaill là dont on parle beaucoup ces derniers temps qui est inhumain possible le rectorat de versaill ce qu'il faut savoir donc il
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est dans versaill il est littéralement gardé par des gardes armées on ne peut pas y rentrer comme ça donc dans le rectorat de versaill il y a ce qu'on app tu fa allusion aux fameuses lettres que ont reçu des parents qui se plaignaient
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que leur enfant étaent harcelés des lettres qui ont été dénoncé même maintenant par le ministre qui était extrêmement euh oui le le ministre découvre par voie de presse que le rectorat a des pratiques inhumaines bon
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mais ça tout le monde le savait il suff il suffisait de parler aux enseignants ou aux parents et donc ce moi j'aià plus dans les pratiques in tu tu tu euh alors là comme ça j'aurais du mal à à à donner
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des exemples mais oui oui c'est enfin on sait que bah voilà il menace de porter plainte à des parents qui qui osent bah s'inquiéter de de la façon dont sont traités leurs enfants donc c'est quand même c'est
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quand même grave et euh voilà c'est des pratiques sur le fait bah voilà juste dire d'un prof que c'est un ennemi moi je trouve ça inhumain je trouve pas ça je trouve pas ça normal euh et donc une fois j'ai euh voulu rencontrer ma la
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personne qui était en charge de mon dossier il est impossible pour un enseignant de se rendre et de de de faire face à son à au RH aux ressources humaines c'est impossible il y a des gardes à l'entrée qui vous empêchent de
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rentrer donc c'est on voit la déconnexion le voilà entre les agents et leurs supérieurs il n'y a pas de rencontre possible donc on c'est pas étonnant que ces gens soient déconnectés
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et se mettent à à imaginer les les profs comme comme les ennemis parce que littéralement il il ne rencontre jamais alors un autre axe que je trouve très intéressant de ton analyse c'est euh la
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fausse bienveillance donc ça c'est quelque chose dont je me suis moiême beaucoup engagé la bienveillance qui était une tellement belle idée tellement importante et maintenant récupérée par le management un peu on voit ça partout
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comme une manière de nier euh la réalité de ce qui se passe sur le terrain et alors je voilà moi j'avais bien vu comment le management utilise aujourd'hui la bienveillance pour empêcher les gens de dire non de de de
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révéler les injustices mais alors là ça prend des grandes proportions dans l'éducation nationale oui la bienveillance comme comme je dis dans le livre c'est pour les autres c'est pour les élèves nous on est censé
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être extrêmement bienveillant pour les élèves donc c'estàdire que tout doit être mis en avant tout est très bien même on doit pas leur mettre de mauvaises notes donc la bienveillance premièrement c'est arrêter d'avoir une
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une exigence pédagogique par rapport aux enfin de contenu pédagogique dans ce sens-là par rapport aux élèves et la demande que on sur note les élèves oui
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alors c'est mais parce que en fait et on envoie les les limites de ces bveillance c'est que là on a un un ministre qui dit ça va pas du tout le niveau en français en math et est pas acceptable il faut il
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faut mettre le paquet sur les fondamentaux mais je comprends pas pourtant les résultats du Brevet c'est 99 % réussite et les résultats du bac c'est 90 % de réussite si c'était si mauvais les élèves ils sont pas censés l'avoir le brevet le bac non c'est clair
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ben donc c'est que on les surnote on les surnote on leur ment sur le résultat et pareil dans un genre d'exemple qui qui est très révélateur il y a pour passer le brevet il faut que les élèves valident certains certaines compétences
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donc moi en anglais il y a des élèves qui n'avaient pas validé des compétences comme comprendre un texte court comme savoir se présenter donc je m'ettais non acquis mais pour qu'ils aient le brevet il faut que ça soit acquis donc comment
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on fait ben le chef d'établissement est passé derrière moi et il a validé tout ce que j'avais mis comme non acquis comme ça B c'est bon l'élèves peut avoir le brevet tout le monde est content et on peut l'évacuer vers le lycée quoi donc oui on ment aux élèves sur leur
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niveau mais ça voilà on s'en rend bien compte mais et nous c'est c'est très humiliant de la part d'un professeur de d'avoir des élèves qui qui ne comprennent pas grand-chose en classe et qui se retrouvent avec des notes comme
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15 16 sur 20 comment est-ce qu'on est censé ensuite les motiver à travailler plus à s'investir plus quand eux ils ont l'impression d'être exceptionnel ça fonctionne pas la bienveillance c'est donc pas du tout la
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vraie bienveillance qui serait de les emmener comme tu le dis à donner le meilleur deeux-même mais la bienveillance c'est c'est au fond les les les les empêcher au fond ne pas leur permettre de voir qu'est-ce que serait
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d'avoir une vraie exigence envers eux-mêmees alors c'est c'est un mensonge terrible parce que dans la vie plus tard il y aura ils auront pas cette bienveillance par de la vie la la la bienveillance s'arrête généralement aux portes de parcours sup euh parcours sup
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donc c'est cette sorte de machine étrange où les élèves font leur vux euh pour aller dans le supérieur et là ils ont tous des notes exceptionnel mais le problème c'est qu'il n a pas de place pour tout le monde et donc ils sont
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recalés et ils comprennent ils comprennent pas donc effectivement là c'est le les les premières frustrations qui naissent et ensuite à l'université euh ben voilà les places sont chères pour aller à la fin de la licence pour
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aller jusqu'en Master et là les les élèves font face à des déconvenus parce qu'ils s'imaginent tout maîtriser et ils se rendent compte qu'ils ne savent pas grand chose donc c'est vraiment une forme de mensonge au fond et c'est le contraire de la bienveillance c'est au
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fond une forme de malveillance on appelle bienveillance quelque chose qui B c'est pour moi je trouve que c'est pas un cadeau qu'on leur fait effectivement et alors la bien l'exigence de bienveillance c'est aussi euh quand il y a vraiment des problèmes de pas euh le
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dire de ne rien faire il faut fa que le le maître de maître mot de de Jean-Michel Blanquer c'était tout va bien nous sommes prêts tout est sous contrôle et donc effectivement dans cet ordre d'idée s'il y a un problème le une
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façon de le régler c'est de ne pas en parler donc les problèmes de harcèlement ils sont souvent mis sous le tapis parce que on ne veut pas que ça vienne nuire aux statistiques de l'établissement si un élève est exclu bah ça rentre dans un
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peu les les States de voilà du collège ou du lycée et donc faut tout passer sous silence il faut que que rien ne dépasse est-ce que sur le sur le harcèlement tu as qu'est-ce que tu as constaté et qu'est-ce que tu vois qui
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pourrait être etdent sur la la question du harcèlement ce qu'on voit ben c'est c'est lié au problème d'effectif dont on parlait tout à l'heure forcément dans des classes surchargées les les problèmes de harcèlement vont être plus difficiles à
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détecter euh c'est c'est difficile de voir ce qui se passe quand il y a 36 élèves et qu'on les voit peu euh et au-delà de ça il y a aussi le la question de des surveillants euh pareil qui sont en dans les cours de récréation
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à un surveillant pour 150 élèves est-ce qu'il peuvent gérer ça facilement je sais pas les assistantes sociales qui sont supprimés des établissements les infirmières qui sont une demi-journée par établissement qui ont à leur charge
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des milliers d'élèves ah il y a plus d' il y a plus une infirmière dans chaque établissement ah non non non mais ça j'en aais parlé les les gens sont étonnés mais c'est quand parce que de notre dans not deux montants ah oui il
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avait une infirmière en permanence et ça rendait beaucoup de service CIT souvent une soupable de sécurité je me souviens chanceux si on a une infirmière sur un jour de la semaine c'est-à-dire que si un élève tombe se blesse ou quoi faut
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que ça soit le mardi sinon sinon tant pis pour lui et mais mais les infirmières servent pas qu'à ça c'est aussi voilà une soupape quand un élève va pas bien mais c'est pareil donc pour les on a des des PSI aussi dans les établissements un jour par semaine enfin
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voilà tous ces gens qui sont dilués sur des des établissements ils ne sont pas là pour accompagner les élèves qui ont qui en ont besoin et aussi ben je vais prendre un exemple de l'année dernière j'avais
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un élève qui n'arrêtait pas insulter d'autres il insultait les filles de la classe il traitait tous les noms qu'est-ce que je fais moi bah je l'exclus je l'exclu cours ça ça peut pas durer 5 minutes plus tard on me le renvoie parce que il y a pas de
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surveillant pour pouvoir le le garder donc qu'est-ce que je fais je je suis obligé de faire cours je suis obligé de le garder donc voilà je je le gère tant bien que mal mais les élèves quand ell le voi revenir ell se disent bon ben on
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peut rien pour moi en fait donc ça c'est le genre de situation auqu on est confronté donc on vous fait perdre votre autorité qui est fondamentale on on montre aux élèves qu'on peut pas les protéger et on montre à l'élè et qu'il a
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pas d'autorité possible et l'élève qui revient il revient tout sourire alors là lui il a gagné et au cours suivant je est-ce que au cours suivant quand il insultera les élèves est-ce que je vais le renvoyer bah non parce que ben je sais qu'on que ça va être humiliant de
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le voir revenir 5 minutes plus tard donc on gère comme on peut mais on peut pas gérer quoi et quand il est absent les élèves sont sont ravis parce que bahes se sentent mieux elles sent en sécurité il y a mais ça par exemple cet élève en
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question et je c'est c'est pas le mal sur terre c'est un élève qui est mal dans sa peau qui qui devrait être dans une structure spécialisée qui a un niveau mais très très faible et qui voilà elle devrait être dans une classe
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où il y a que 10 élèves et où on s'occupe de lui et où où il ne jette pas sa frustration sur les autres mais ça il y a pas de place pour lui le dernier point euh dont je voulais parler c'est le le
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déclassement h là peut-être tu on peut redire un peu les les chiffres parce que c'est c'est vraiment stpéfiant pour ceux qui ne savent pas encore ah ben un professeur aujourd'hui qui se lance dans
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le métier gagne 1,1 une fois le SMIC après 5 ans d'études après un concours et donc comment ça se présente ça on le sait ou on l'imagine
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parce que quand je dit à mes élèves vous pouvez devenir prof si vous voulez il me rit littéralement au nez en me disant mais monsieur moi j'ai envie de gagner de l'argent donc il le savent que le prof n'est pas un métier qui fait rêver
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ou un métier qui permet d'avoir une bonne position dans les années 80 un professeur en début de carrière gagnait 2,2 fois le SMIG ou aujourd'hui c'est une fois,2 c'est impressionnant
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oui c'est euh il y a il y a des gens qui me qui me disent mais vous saviez en signant à quoi vous attendre non parce que moi quand j'ai quand je suis rentré dans le métier à ce moment-là l'année j'ai eu beaucoup de chance on a eu ce qu'on
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appelle le gel du point d'indice c'est-à-dire notre salaire a été gelé et depuis 10 ans pendant 10 ans il a continué d'être geler là ils l'ont déjelé l'année dernière avant de le rejeler à nouveau euh mais donc voilà on a en gros notre salaire lui n'a pas
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bougé pendant que tout le coût de la vie n'a pas cessé d'augmenter mon mon loyer augmenté tous les ans la nourriture l'électricité l'essence et donc je je gagnais moins bien ma vie au bout de 10
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ans que à mes débuts ce qui est quand même assez sidérant effectivement c'est dur d'attirer la jeunesse avec avec de de tel salaire c'est normal qu'il se tourne vers autre chose un quelqu'un qui a fait
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bac+ 5 en math il peut être ingénieur avoir un salaire commencer sa carrière à 3000 € pourquoi est-ce qu'il a commencé à 1600 et des brouettes c'est pour ça qu'on on manque
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de prof de math est-ce que parcours sup a changé les choses dans dans la vie des élèves dans la vie de l'école parcours sup c'est comme j'ai dit tout à l'heure une
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une sorte de machine sans visage qui qui détermine un peu l'avenir des lycéens et donc les élèves ils ne craignent pas leur profs ou la note qu'on pour leur mettre en tant que tel ce qu'il
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craignent c'est l'impact que ça pourrait avoir dans parcours sup et l'existence de parcours sub fait que maintenant dès la première on évalue les élèves euh dans pour parcours sup en
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fait c'estàdire qu'on on éévalue pas moi et c'est ça qui qui qui fait perdre du sens au métier c'est que je n'évaluais pas leur capacité à parler à comprendre l'anglais non je leur mettais des notes pour que ces notes soient dans la entrer
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dans la moulinette de parcours sup pour savoir s'ils auront le droit ou pas d'aller dans telle ou telle filière c'est c'est pas ma vision de l'enseignement moi je j'ai envie de voir si si mes élèves ont bien compris un
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cours s'ils sont capables de de de réutiliser ce que je leur ai appris s'il se débrouille bien en anglais donc on voit là aussi que le sens de la formation le sens de la transmission
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est effacé abîmé et ça c'est vraiment le fil conducteur on pourrait dire que la raison pourquoi tu as fini par démissionner l'éducation nationale c'est que le sens profond de la transmission
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euh est trop atteinte c'est ça c'est en fait ça change là complètement le sens de l'évaluation normalement on évalue un élève pour voilà pour savoir s'il a compris quelque chose là on évalue un élève pour nourrir un algorithme bon
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c'est effectivement c'est pas ma vision de de l'enseignement c'est pas ce pourquoi je suis là et et c'est cette réforme du lycée là donc couplé à parcours sub qui qui nous transforme en machine à
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évaluer un enseignant n'est pas une machine à évaluer si on pouvait ne pas évaluer du tout nos élèves je pense qu'on en serait ravi on est capable de savoir sans faire des note chiffré quel élève a compris ou quel élève est en
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difficulté ça ça ça se ressent assez rapidement euh mais voilà la note chiffrée a son importance et on doit s'y soumettre tu as été donc comme comme on
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l'a dit tu as été un prof heureux à partir de quel moment tu t'es senti moins heureux et à partir de quel moment tu t'es dit que tu allais essayer de quitter l'éducation nationale j'étais heureux assez longtemps malgré des
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débuts difficiles hein parce que j'étais remplaçant sur trois établissements sur une année c'était des conditions pas évidentes mais je croyais en ce que je faisais et à partir du moment où j'ai arrêté d'y croire euh bah là et comment ça s'est passé tuarrêté comment c'est la
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réforme du lycée c'est 2019 réforme du lycée le fait que on s'était battu contre qu'on avait l'impression d'être les seuls à s'intéresser à ça et que donc quand on se quand on faisait grève
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quand on perdait des jours de salaire pour pour lutter contre cette réforme on est traité de de Fas comme si on faisait grve pour nous on est traité de preneur d'otage euh alors que ben moi ce que ce
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contre quoi je me battais c'est contre quelque chose que qui me semblait néfaste pour les élèves euh et et le fait qu'elle a été mise en place et que voilà tout ce qu'on avait pointé du doigt arrivé et que j'ai j'étais devenu voilà une machine à à
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évaluer et je me dis mais ce n'est pas ce que je veux faire ce n'est pas mon métier c'est pas ce pourquoi j'ai signé il y a 10 ans et je me suis dit bon à ce moment-là je me suis dit je vais retourner au collège j'arrête le lycée là éforme du lycée c'est pas possible je
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retourne au collège j'ai changé d'académie je suis arrivé dans l'académie de Toulouse et là euh bah j'avais 10 ans de carrière derrière moi et je suis redevenu remplaçant parce que c'est le le jeu du système de mutation
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de points et arrivrié à 35 ans et être envoyé à 90 km de chez soi faire des à être sur plusieurs établissements à la fois ou quoi je me suis dit non en fait je ne suis pas récompenser pour pour mes
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efforts dans ce métier donc il est temps de partir là je je je traînnais les pieds pour en allant au collège vu que j'avais une heure de route pour aller au collège j'avais le temps de mugrer de dire mais qu'est-ce que je fais là ça aucun
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sens et voilà ce le fait de passer du lycée au collège n'a finalement pas aidé à à raviver la flamme et donc je me suis dit bon il est temps de partir avant de de faire ce métier comme un comme un ce
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qu'on appelle un job alimentaire pour moi c'est pas un job alimentaire et alors quitter l'éducation nationale c'est pas si facile non ça c'est juste alors là c'est le truc dingue qu'on découvre dans ton ah oui on peut pas
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quitter comme ça non non non euh et je voilà j'en suis la PR vivante donc entre le moment où j'ai rencontré au rectorat quelqu'un pour lui faire part de mon ma volonté de partir et le moment où ça a été accepté il s'est passé 7 mois 7 mois
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c'est énorme euh j'ai fait une demande de rupture conventionnelle donc c'est une sorte d'entretien d'embauche je devais leur prouver que à quel point j'étais motivé pour partir donc c'est assez assez curieux avec un dossier et tout fallait
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montrer que j'avais des quelque chose qui m'attendait à à la sortie de l'éducation nationale parce qu'ils m'ont dit mais ils me l'ont dit très clairement une rupture conventionnelle ouvre les droits au chômage et on ne veut pas vous payer le chômage on n' pas le budget pour donc montrez-nous que
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vous avez un travail qui vous attend donc j'avais voilà j'avais quelque chose ils ont attendu 6 mois pour me répondre ils m'ont dit non parce que nécessité de service nécessité de service dans le jargon de l'éducation nationale ça veut
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dire pénurie de prof pourquoi ils ont attendu 6 mois pour découvrir qu'il y avait cette pénurie il le savaiit très bien sauf que pendant ces 6 mois qu'est-ce que j'ai fait moi je suis un gentil soldat ben j'ai continué à faire cours si il m'avait donné cette réponse
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négative en novembre je me serais peut-être mis à partir plutôt à et donc ils auraient eu un prof en moins donc ils ont essayé de me garder le plus longtemps possible à me faire patienter j'ai fait une demande de démission parce que la
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démission se demande dans l'éducation nationale elle ne se pose pas et j'ai attendu un Moisant avant d'avoir la réponse et là ils ont accepté donc tu as fait l'année ils ont fait faire l'année ilont fait faire l'année et surtout cette pénurie de prof elle était tou
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toujours là mais ils m'ont laissé partir un mois plus tard pourquoi parce que en démission il me payent pas de droit au chômage il me payent pas de de prime de départ ou quoi que ce soit je pars sans rien ça les arrange de façon
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économique et voilà donc il aura fallu une année scolaire pour pour que je puisse partir ce qu'il faut savoir c'est que les démissions donc peuvent être refusées également si c'est le cas et c'est c'est pas une légende urbaine ça arrive j'ai j'ai reçu plein de témoignages de collègues à ce sujet et
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moi-même je remplaçais l'année dernière une collègue qui a été obligé de faire un abandon de poste de ne plus se rendre dans son établissement parce qu'on lui avait refusé sa démission c'est quoi l'abandon de poste par rapport à la démion l'abandon de poste c'est on ne se rend plus dans son établissement on nous
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dit non non vous restez là et donc on y va plus pendant 4 mois on est payé parce au cas où on reviennne pendant 4 mois nos élèves ne peuvent pas avoir de prof parce que ils pensent que le leur va
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revenir euh donc c'est ça n'a aucun sens et après l'état dit bon ben vous êtes radiés vous n'êtes pas venu rendez-nous l'argent et c'est bon vous pouvez partir c'est absurde
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c'est forcer quelqu'un à rester dans un métier ça n'a aucun sens surtout quand ce métier c'est être face à des élèves être face à des enfants on peut pas forcer un adulte à être face à des enfants et ben c'est ce qu'on fait c'est
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une pratique comment tu te sens aujourd'hui je me sens très bien je me sens très bien je voilà je je j'ai l'impression d'avoir fait le bon choix c'est un choix
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que je je fais que j'ai fait à contrecœur j'aurais largement préféré faire ma carrière dans l'éducation nationale et pouvoir voilà un peu gravir les échelons avoir un établissement qui me plaît me sentir bien dans mon métier c'est ce pourquoi j'ai j'ai signé à
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l'origine euh voilà donc je suis parti un peu à contre-cœur mais c'est je regrette pas ce choix et parmi tous les témoignages que j'ai j'ai reçu toutes les personnes 100 % des personnes qui m'ont dit qu'elles avaient démissionn
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m'ont dit que elles ne regrettaient absolument pas leur choix oui parce que il faut dire que beaucoup de gens tont écrit que que que tu demandes beaucoup de témoignages ton livre est vraiment nourri de dizaines de centaines de témoignages tu as reçu combien de
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témoignages de profs j'en ai reçu 2400 et j'aurais pu en savoir plus c'est juste que j'ai dit arrêter de m'en envoyer j'en ai trop là parce que bah faut les lire après donc j'en ai reçu
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2400 en 2 3 mois et j'en ai sélectionné une centaine pour l'ouvrage euh et j'ai pas pris les plus spectaculaires ou les plus incroyables au contraire j'ai choisi les plus banales ceux
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quand on les lit en tant que prof on se dit ah oui j'ai vécu ça en fait et c'est ça qui est qui est assez fort c'est cette banalité de de de la maltraitance institutionnelle ou de de de se sentir
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mal au travail et et la plupart de ces témoignages termine par j'adore mon métier je je me suis donné à fond à 100 % dedans mais j'en peux plus c'est intéressant de voir que on quitte on
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s'épuise pas parce qu'on a'aime pas son métier mais parce qu'on peut pas faire ce qu'on aimerait faire ouais parce qu'on l'aime trop on l'aime trop pour ce qu'il est en train de de devenir bah merci beaucoup merci à vous merci
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d'avoir suivi cet épisode de dialogue j'ai hâte de lire vos commentaires n'hésitez pas à vous abonner pour ne pas manquer les prochains épisodes et je vous dis à très vite je vous embrasse
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[Musique] tous
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