Avant de conclure, il est important d'aborder les éventuelles questions éthiques que peut soulever notre approche comportementale. En effet, certains d'entre vous se sont peut être déjà posé la question de savoir s'il ne s'agissait pas de conditionner les élèves, voire même de les manipuler. Est ce que c'est éthique de faire cela ? La question peut se poser à 2 niveaux, Premièrement, est-ce que les objectifs sont éthiques ? Et Deuxièmement, est-ce que les moyens sont éthiques ? Alors en ce qui concerne les objectifs,

l'approche que j'ai exposée, elle ne fait que répondre aux objectifs qui sont déjà consensuels au sein du monde éducatif. Il s'agit d'enseigner aux élèves des comportements compatibles avec les apprentissages à l'école, avec la vie en société et avec le travail dans la vie professionnelle. Tous les enseignants s'efforcent déjà d'atteindre de tels objectifs et ils sont d'ailleurs énoncés dans le socle commun. Il y a donc peu de doutes sur leur légitimité. En ce qui concerne les moyens, d'abord,

si les objectifs sont jugés légitimes, alors il est légitime d'utiliser des moyens efficaces plutôt que des moyens inefficaces. Aucun enseignant ne souhaite être inefficace. Ce qui ne serait pas éthique, ça serait au contraire de poursuivre un but éthique de manière inefficace, alors que des moyens efficaces existent. Les élèves et les enseignants sont les victimes des comportements perturbateurs. Ils sont donc aussi victimes des approches inefficaces de gestion

du comportement. Alors bien évidemment, l'efficacité c'est important, mais si les moyens utilisés pour être efficace portent atteinte aux personnes, ils ne sont bien sûr pas légitimes. Mais de ce point de vue, l'approche comportementale que j'ai exposée, en étant moins punitive que les méthodes prédominantes du monde enseignant, sont en fait plus bienveillantes et plus respectueuse, et plus appréciées des élèves. Elles sont clairement préférables au système répressif habituel.

Bon mais alors le conditionnement, est ce que c'est vraiment éthique? Beaucoup de gens ont peur du mot conditionnement, sans doute parce qu'ils ne savent pas ce que c'est, et qu'ils imaginent que c'est un pouvoir magique, puissant, qui permettrait de manipuler les autres. Mais en fait, le conditionnement c'est juste l'apprentissage d'associations. En l'occurrence, ici c'est l'apprentissage d'associations entre des antécédents et des comportements, ou d'association entre des conséquences et des comportements.

C'est un mécanisme universel et indispensable au comportement humain. Et nous l'utilisons tous, tous les jours, les uns sur les autres, il a rien de foncièrement problématique. Par ailleurs, ça vaut la peine également de comparer ce que nous proposons ici avec la situation actuelle. Lorsqu'un enseignant crie sur un élève ou lui donne une punition, qui est vraiment une situation hyper fréquente, il a un objectif qui est considéré comme éthique et

que personne ne conteste. Et pour cela, il tente de modifier le comportement de l'élève et il espère bien le faire de manière efficace en le conditionnant à l'aide d'une punition, même s'il n'a pas conscience qu'il fait du conditionnement. Par conséquent, tous les problèmes éthiques qui pourrait éventuellement être soulevés au sujet de l'approche comportementale se posent de la même manière au sujet de ce que font déjà tous les enseignants. Malheureusement, la manière dont les enseignants gèrent le

comportement de leurs élèves et souvent peu efficace. Ici, tout le propos est d'aider les enseignants à atteindre les mêmes objectifs jugés éthiques, de manière plus efficace, pour le bénéfice de tous et en premier lieu pour le bénéfice des élèves concernés. De plus, l'utilisation privilégiée de récompenses par rapport aux punitions diminue les désagréments ressentis par les élèves et fait donc de cette méthode un moyen plus éthique que l'usage généralisé et inefficace des punitions.