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Bonjour, je suis Sophie Jehel, je suis professeure à l'université Paris VIII en sciences de l'information et de la communication et je suis chercheure au laboratoire CEMTI. je mène depuis une quinzaine d'années, voire un peu plus, des recherches sur les pratiques médiatiques d'abord et numériques des adolescents et je procède principalement par entretien.
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En fait, le fait de travailler principalement sur les adolescents, ça m'a amenée aussi à travailler sur les contenus que regardent les adolescents, les plateformes numériques qu'utilisent les adolescents et donc à développer des recherches un petit peu à la fois en analyse de contenu et en réception. Alors, je vais maintenant passer au diaporama.
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J'ai choisi de vous présenter aujourd'hui un angle d'approche qui m'intéresse particulièrement, qui est celui des dilemmes éthiques des adolescents quand ils sont confrontés aux plateformes numériques, quand ils sont en phase, quand ils sont en activité sur les plateformes numériques. Mettre l'accent sur les dilemmes éthiques, c'est comprendre que la position des adolescents sur le numérique,
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dans leurs activités numériques, n'a rien de simple, n'a rien d'aussi naïf que ce que l'on peut entendre en permanence dans les grands médias quand il est question des adolescents, puisque, en général, quand on parle des adolescents, on va surtout parler de tous les problèmes qu'ils peuvent rencontrer, qui existent, bien sûr, mais en oubliant qu'ils sont des acteurs, que nous les avons placés,
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je veux dire, nous, collectivement, en tant qu'adultes, nous les plaçons dans des situations qui sont des situations difficiles, compliquées, et c'est d'ailleurs ce que remarquait très rapidement une chercheure du MIT, Danah Boyd, la vie des adolescents sur les plateformes numériques est compliquée, et donc c'est aussi être attentif, attentive
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à la manière dont ils vont présenter ces difficultés. Ma méthodologie de recherche consiste à essayer d'articuler la compréhension du fonctionnement des plateformes numériques et l'analyse de la réception des contenus, réception, et puis usage, activité des jeunes sur les dispositifs numériques.
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Donc, je procède principalement par entretien qualitatif, mais je peux disposer aussi d'éléments quantitatifs, puisque c'est aussi comme cela que je vais commencer. mon intervention tout à l'heure. donc travail de recherche qui essaie d'articuler, si vous voulez aussi, du qualitatif et du quantitatif, et le qualitatif, c'est cette méthodologie-là, qui est très artisanale,
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qui est très, comment dire, que l'on pouvait croire dépassée à l'heure du big data, me semble au contraire être une méthodologie extrêmement importante, parce qu'elle nous permet d'accéder à toutes les discussions intérieures, c'est ça que j'appelle dilemme éthique, toutes les discussions intérieures des usagers des plateformes numériques,
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alors qu'ils sont seuls devant leur écran, et donc évidemment, on accède uniquement à ce qu'ils vont bien vouloir nous confier pendant les entretiens. Je développe aussi de plus en plus une dimension pédagogique, parce qu'il y a un besoin aujourd'hui d'accompagner, notamment, les adolescents, en fait, il faudrait accompagner un peu tout le monde mais, les adolescents et les enseignants, par des recherches actions,
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par des recherches aussi, un nouveau dispositif que j'ai investi, qui s'appelle des recherches enquêtes créations, je vous montrerai quelques-unes des réalisations. Là, je vais vous donner quelques éléments, parce que ce qui est important, c'est que les enseignants, comme vous, comprennent un petit peu, l'ampleur des pratiques numériques des adolescents,
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en comprennent aussi l'intérêt, c'est-à-dire, nous sommes envahis d'explications des pratiques numériques en termes d'addiction, les étudiants eux-mêmes me disent « oui, c'est vrai, on est addict, il y a la dopamine, etc. », ce qui est une approche extrêmement partielle, et à mon avis peu explicative, finalement, des pratiques numériques, qui sont des pratiques culturelles,
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j'ai du mal à comprendre pourquoi cette représentation de nos pratiques culturelles en des termes biologisants connaît un tel succès. Donc, les pratiques numériques des adolescents, elles sont très variées, je vais vous en donner quelques éléments, grâce à l'observatoire, que je conduis avec les CEMEA en Normandie,
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avec aussi depuis l'année dernière Jean-Marc Meunier, qui lui est un maître de conférences en psychologie cognitive, et cet Observatoire nous permet de récolter, alors selon les années c'est entre 4 et 7 000 réponses d'adolescents au niveau seconde, qui inclut aussi les filières professionnelles, et depuis deux ans aussi, un dispositif de questionnaire qui est conduit,
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enfin qui est passé en classe de première. Alors c'est de la recherche-action, parce qu'en fait ce questionnaire, il permet aussi aux enseignants qui participent au dispositif Éducation aux Écrans mené par les CEMEA, de lancer leurs travaux avec leurs élèves. Je vais résumer beaucoup, vous donner quelques éléments, vous pouvez aussi consulter l'Observatoire
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sur le site Éducation aux Écrans, qui est géré par Canopé, qui est aussi partenaire de cet Observatoire, que j'appelle OPNAN. Les réseaux socionumériques occupent une place très importante. Ensuite, ça ne veut pas dire non plus que les jeunes ne soient que sur les réseaux socionumériques quand ils sont sur le web, mais les réseaux socionumériques font partie des motivations importantes,
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font partie aussi des activités qui sont les plus fréquentes, et ce que l'on voit chaque année, c'est qu'il y a de nouveaux réseaux sociaux qui se développent et qui prennent place dans la vie des adolescents, mais cela va plutôt s'ajouter en réalité que remplacer complètement des réseaux plus anciens.
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Donc, je donne ce chiffre comme étant un plancher. On a au moins 79% des filles, 75% des garçons qui ont au moins quatre comptes de réseaux socionumériques ou plus. Ça veut dire qu'une partie très importante de leur vie va passer à gérer leurs activités numériques, gérer les relations qui passent sur ces quatre comptes.
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Et ça, c'est sans compter le fait que parfois, certains élèves, certains jeunes ont plusieurs comptes sur le même réseau social. Moi, j'ai rencontré déjà un adolescent qui était en troisième, qui m'expliquait qu'il avait six comptes sur Instagram parce que ça lui permettait de valoriser chacun des comptes et d'avoir un peu plus de chances de gagner
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dans des jeux concours, par exemple. Mais pour d'autres, ça va être qu'ils vont avoir des réseaux d'amis différents. Ça va être qu'ils ont des publications différentes ou ils ont un compte qui est semi-professionnel je dirais, qui vient valoriser des activités sportives. Et d'autres qui sont des comptes plus personnels, enfin voilà. Donc, c'est une gestion de leur sociabilité qui est extrêmement importante.
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Et on a aussi, malgré ce qu'on entend, parce qu'il y a un certain nombre d'enquêtes récentes qui disent que les adolescents utiliseraient moins, ou en tout cas, les pré-adolescents utiliseraient moins les comptes de réseaux socionumériques, parce qu'effectivement, il y a quand même tout un discours qui n'est pas du tout injustifié, de dire que tout ce temps qui est passé sur les réseaux sociaux,
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c'est un temps en moins pour se concentrer à lire ou à travailler ou à s'ennuyer, ou à faire autre chose, à se promener, etc. Donc, les parents de milieux favorisés sont plus stricts et essaient de repousser le plus possible l'accès à l'ensemble des réseaux sociaux et peut-être en particulier à TikTok.
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Mais on a, moi je constate quand même, dans cet observatoire, de plus en plus de filles qui ouvrent, qui disent avoir ouvert leurs comptes TikTok notamment, extrêmement tôt. Officiellement, du fait des lois californiennes, l'ouverture d'un compte avant 13 ans devrait être interdite sur TikTok sur TikTok comme sur les autres réseaux sociaux. Bon, c'est un jeu pour les enfants que de créer des comptes.
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Et de mentir sur leur âge. Mais c'est très, très connu, cela. Donc, chaque année, des nouveaux réseaux sociaux apparaissent : Bereal, Telegram, Discord, etc. Et on a aussi une difficulté de plus en plus à distinguer ce qui est vraiment réseau social dans lequel les jeunes peuvent publier, gérer un réseau de contacts,
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et puis des plateformes où ils peuvent jouer... Parce qu'on a de plus en plus d'hybridation, en réalité, sur l'ensemble des plateformes numériques qui proposent le développement d'un profil, le développement de publications, mais qui peuvent aussi être de plus en plus utilisées pour le visionnage. Par exemple, c'est ça qui est frappant avec TikTok.
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Donc, vous voyez que les plateformes les plus utilisées sont Instagram, Snapchat, TikTok et YouTube, de loin. TikTok a fait un bond, a gagné énormément d'audience chez les jeunes et les jeunes adultes avec la crise du Covid. C'est le moment où il y a eu beaucoup de temps libre
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et beaucoup aussi d'envie de s'amuser, de se distraire, de voir la vie du bon côté, on va dire. Et TikTok, avec ses vidéos amusantes, avec ses vidéos toujours accompagnées de musique, etc. a connu un grand succès. Il y a des différences genrées, vous avez vu. Les filles et les garçons vont plutôt sur les mêmes plateformes...
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Mais les garçons vont utiliser beaucoup plus Twitch et Discord qui sont en lien avec la culture vidéoludique. Les filles vont utiliser davantage les applications photographiques. Ça se voit beaucoup avec Pinterest, par exemple. Mais aussi avec les autres applications. Les garçons restent très attachés à la culture vidéoludique. Et également déclarent beaucoup plus que les filles
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consulter des sites à caractère sexuel. Donc, pornographiques, si vous voulez. Bon, les garçons et les filles, parce qu'on dit toujours que les filles jouent beaucoup aux jeux vidéo de plus en plus, etc., c'est vrai. Mais elles n'y jouent pas au même rythme. Elles ne jouent pas aux mêmes jeux. Dans ce tableau, cela se voit assez clairement. Alors, les risques perçus par les jeunes.
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Donc, les jeunes vont beaucoup sur ces plateformes parce qu'ils y nourrissent leurs relations amicales, principalement. Et aussi parce qu'ils se distraient sur les plateformes numériques. Ils y trouvent des informations. Ils s'y informent. C'est extrêmement important aussi pour eux. Ce qui ne veut pas dire qu'ils ne s'informent que sur les réseaux sociaux. Ils ont aussi une perception des risques qui est assez élevée.
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Et ce qui m'intéresse, c'est aussi d'essayer de comprendre comment ils cherchent à s'en prévenir. Cet observatoire existe depuis 2014-2015, et ce qui me frappe, c'est de voir que les filles sont toujours dans la même inquiétude quand elles sont sur ces plateformes, elles redoutent le harcèlement, les menaces, les insultes. Deux tiers des filles sont dans cette situation.
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Et c'est deux fois plus que les garçons. Ce qui monte d'ailleurs, c'est depuis 10 ans à peu près, ce sont les inquiétudes des garçons et ce sont aussi les violences subies par les garçons. Mais le niveau des inquiétudes et des violences subies par les filles ne baisse pas. Il y a une différence aussi dont on se rend compte, notamment avec mon collègue Jean-Marc Meunier, c'est que les violences subies, craintes, redoutées
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et subies par les filles sont plutôt de nature personnelle, de violences qui les visent personnellement, alors que les garçons vont avoir davantage de problèmes liés à des intrusions, des escroqueries, des spams. Les réactions sont différentes entre les filles et les garçons. Les filles ne restent pas passives, elles bloquent l'auteur. Et ce qui se passe de plus en plus...
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Voilà, c'est pour voir un petit peu la différence entre les problèmes que les garçons et les filles perçoivent sur les plateformes numériques. Et les réactions sont différentes. Les filles sont donc plus actives, mais c'est aussi parce qu'elles sont davantage menacées. Et ce qui se passe, c'est qu'on a une utilisation du signalement qui est de plus en plus fréquente.
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Alors ce que je voulais vous montrer là, c'est une forme de recherche enquête-création que je mène avec des étudiants de Master 2 de l'Université Paris 8 et puis en industrie culturelle des élèves photographes de l'ENS Louis Lumière, et puis on est soutenu par le dispositif EUR Artec, spécifique à Paris 8, Paris X Nanterre,
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et qui sont publiés sur le site numerique-investigation.org. Alors, je vous en parle aussi parce que sur ce site, vous pouvez trouver des enquêtes qui sont menées par les étudiants, donc en partenariat entre un étudiant.e en infocom et un ou une étudiante photographe, et ce sont donc des enquêtes qui sont menées sur les usages du numérique.
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Et je trouve... mon espoir, si vous voulez, la manière dont je les fais travailler, c'est un atelier dans lequel on les accompagne, ils bénéficient d'un accompagnement qu'on peut rarement leur offrir dans d'autres contextes, et ils mènent des enquêtes qu'ils publient sur ce site, et qui peuvent être aussi utilisées, à mon avis, ce sont des formes de médiation numérique
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qui peuvent être intéressantes. Donc là, par exemple, c'étaient des... des étudiantes qui découvrent que leurs jeunes frères avaient l'habitude de prendre des pseudos et des avatars féminins quand ils étaient petits, donc ça pose plein de questions sur est-ce que ça pourrait être une manière de lutter contre le sexisme, etc. Je laisse le suspense quant à la réponse.
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Et puis là, c'est une étudiante qui était très passionnée de jeux vidéo, et qui explique un peu quels sont... qui essaie de construire une typologie des réponses qui sont menées par les jeunes femmes sur les plateformes de jeux vidéo pour réagir, pour supporter les violences. Donc c'est un thème, le thème des violences numériques, qui est un thème qui intéresse énormément les étudiantes
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et qui les préoccupe. Le deuxième projet dont je voulais vous parler, et là je vais aller très vite, c'est un projet sur la manière dont les jeunes perçoivent et construisent leur protection, la protection de leur vie privée sur les plateformes numériques. Donc il y a un site que vous pouvez consulter, adoprivacy.fr, qui est soutenu par le Défenseur des Droits et l'INJEP.
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Donc si vous voulez, en gros, l'idée, c'est notre idée, et je compte... je vous en parle d'autant plus que je souhaite poursuivre ce projet, donc c'était de dire : la "privacy", les enjeux autour de la vie privée sont extrêmement complexes à comprendre, parce qu'il y a des dimensions éthiques, c'est-à-dire quelle est la responsabilité individuelle de chacun dans la protection de la vie privée, sa propre protection,
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mais aussi et surtout la protection de la vie privée des autres, je crois que c'est surtout là-dessus qu'il faudrait mettre l'accent, et donc nous avons mené des entretiens avec près de 200 jeunes, donc c'est un gros groupe de recherche que nous avons construit autour de ce projet, une quinzaine d'enseignants-chercheurs, nous avons donc fait des entretiens,
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et puis nous avons aussi construit des systèmes de micro-fiction pour des scénarios pédagogiques, si vous voulez, pour aider les enseignants et les jeunes à s'emparer de ces questions et à trouver des espaces, parce que les dilemmes éthiques, je vais y revenir dessus, mais l'important c'est de trouver à mon avis des espaces dans l'éducation nationale où on peut réfléchir ensemble,
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et ensemble ça veut dire aussi dans des petits groupes de jeunes dans la classe, donc travailler ces micro-fictions avec... en petits groupes dans la classe pour faire émerger des différences de positionnement, des différences de pensée, et ensuite nous avons pu les accompagner sur des créations.
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L'idée c'était de trouver un objet, je ne vous dis pas qu'il soit complètement original, mais il nous semblait important d'essayer de rapprocher les questions juridiques qui sont au cœur des questions de la protection de la vie privée, les rapprocher des problèmes concrets que les jeunes rencontrent en permanence, et puis de les aider à les formuler, et donc en les formulant,
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les aider aussi eux à trouver peut-être des solutions, et nous pensons, dans ce projet qu'il y a une dimension politique importante, même si nos droits fondamentaux comme la protection de la vie privée ne sont pas entièrement respectés aujourd'hui par les grandes plateformes numériques, même si l'Union Européenne a pour devoir, notamment, de les respecter, de les protéger, c'est important quand même
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de faire vivre la réflexion des jeunes et de leurs responsabilités là-dessus. Donc vous pouvez trouver sur le site aussi des petits entretiens, des petits films d'entretiens réalisés avec les jeunes qui montrent justement leur capacité à comprendre les enjeux, c'est-à-dire c'est ça qui est très important à mon avis aujourd'hui, c'est que les enseignants comprennent que les jeunes ont compris un certain nombre de choses, et qu'il faut les accompagner pour collectivement comprendre aussi
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les difficultés qu'ils rencontrent et pouvoir les aider d'une façon un peu pertinente. Et donc là vous avez quelques exemples de réalisations qu'ils ont pu mener avec... en étant accompagnés notamment par Lorena Lisembard qui poursuit une thèse, une thèse avec moi et qui vient, elle, des arts plastiques et donc qui en même temps investit
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des problématiques de sciences de l'information et de la communication. Alors je vais vous demander encore deux minutes si vous le voulez bien, juste pour expliquer d'où viennent les dilemmes éthiques. Les dilemmes éthiques viennent du fait que sur les plateformes numériques, les plateformes numériques suscitent, incitent au partage, instrumentalisent les émotions
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et construisent des dispositifs de surveillance panoptique, c'est-à-dire complètement généralisées. Je ne vais pas développer ces trois concepts qui sont complexes mais qui sont en même temps à mon avis fondamentaux pour sortir d'une culpabilisation des jeunes ou des usagers en disant oui mais ils publient n'importe quoi, etc. Les jeunes ne publient pas n'importe quoi, la plupart d'entre eux réfléchissent mais simplement ils sont stimulés
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parce que ces plateformes viennent faire intrusion, leur permettent à la fois si vous voulez de développer leur sociabilité mais en même temps font intrusion dans leur vie affective. Et donc c'est très compliqué de gérer des injonctions tout à fait contradictoires. Donc le travail émotionnel et les dilemmes éthiques sont liés à ce travail émotionnel,
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c'est le fait que les jeunes, et ça je l'ai constaté, je suis venue à ce concept qui vient de Arlie Hochschild, j'y suis venue parce qu'en entendant la manière dont les jeunes me parlaient, je comprenais bien qu'ils étaient en permanence à se poser un grand nombre de questions, c'est-à-dire : "Est-ce que je dois publier ? Est-ce que je ne dois pas publier ? Est-ce que je dois réagir à un message ? Ou est-ce que je dois prendre sur moi ?
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J'ai envie d'exister." Et pour exister, les filles ressentent ça très fort, que pour exister il faut avoir un compte, il faut publier quelques images, mais publier c'est aussi se mettre en risque. Si on répond pas aux copains, c'est pour ça que les notifications sont tellement importantes, c'est que si on répond pas aux copains immédiatement, ils risquent de le prendre mal, donc comment est-ce qu'on arrive à discuter de tout cela
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et aussi à comprendre quels sont les droits, les droits qui traversent... qui sont nécessaires à la pratique des plateformes numériques, le droit à l'image, le droit à la vie privée, l'usurpation d'identité, la protection des données personnelles, connaître les recours et comprendre aussi la responsabilité de chacun vis-à-vis de l'image des autres. Voilà, je vais m'arrêter là-dessus. Je vous remercie de votre attention.
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