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Bonjour à toutes et à tous et bienvenue au webinaire mensuel "Comprendre ses élèves", organisé par l'ENSFEA et le laboratoire EFTS, Éducation, Formation, Travail, Savoirs. Je suis Julie Blanc, et j'ai le plaisir d'accueillir aujourd'hui Philippe Sahuc, qui est animateur, chercheur, créateur à l'ENSFEA, et membre également de l'Unité Mixte de Recherche EFTS.
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Donc Philippe va ici évoquer les résultats d'une recherche qui porte sur les pratiques sociales et culturelles des jeunes de l'enseignement agricole. Nous accueillerons en suivant Claire Latil, animatrice du réseau "Animation & Développement Culturel" que je remercie également pour sa présence, et qui apportera son éclairage sur cette étude qu'elle a coordonnée et à laquelle elle a contribué.
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Donc sans plus tarder, je donne la parole à Philippe... pour sa présentation, merci Philippe ! Merci Julie, bonjour à tout le monde ! Alors... une connaissance des jeunes de l'enseignement agricole ça peut se baser sur de l'expérience, ça s'appelle "comprendre ses élèves", c'est sans doute ce dont sont porteurs une grande partie
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des personnes qui écoutent, et qui vont peut-être poser des questions tout à l'heure. Mais ça peut aussi se baser sur un travail, et c'est ce dont je vais parler aujourd'hui, un travail particulier, qui a été... une étude, une étude qui a consisté en une double enquête, qui s'est déroulée pendant l'hiver et le printemps 2019 qui avait au départ été concue préalablement avec donc un certain nombre de personnes qui ont participé à ça
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donc ça a été un travail d'équipe ! Je vais nommer ces personnes : Samuel Lavazais, Raphaël Moquelet, Serkan Narmanli, Fabrice Chapelot, Aurélien Djakouane, ont été avec moi-même les artisans de ce travail, et autour un cercle plus important de personnes réfléchissant à la conception et à l'organisation de ça dont Claire Latil qui aura la parole tout à l'heure. Donc une double étude,
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une étude quantitative, et une étude qualitative pour arriver à connaître les pratiques sociales et culturelles des jeunes de l'enseignement agricole. Une étude... quanti' qui est passée par un questionnaire ambitieux ! 271 questions !... 24 blocs ! Quand on entend ça, on se dit comment les jeunes ont-ils pu accepter d'y participer ? Alors ça a été testé avec eux, le temps moyen était d'une trentaine de minutes,
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et ça permettait quand même d'accéder à... eh ben les grands éléments de la vie telle qu'elle est la leur et de la manière dont des pratiques sociales et culturelles y trouvent place. Avec évidemment des explicitations... sur les pratiques qui sont les plus importantes pour eux et pour elles, et les circonstances, et le partage, et donc la dimension sociale, et pas simplement la dimension culturelle.
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Alors une étude ambitieuse, puisqu'au départ il y avait potentiellement 111000 lycéens concernés, 822 établissements, 6095 classes, sondages par classes entières à l'arrivée, on a eu donc, finalement, 180 établissements participants, 349 classes, et 5830... donc presque 6000 lycéens et lycéennes,
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il s'agit bien de l'âge lycée, les seconde, première, terminale, sur toutes les formes de filières existantes dans l'enseignement agricole. Et ça c'était pas suffisant, connaitre, repérer les pratiques c'est bien mais le "comment" est important et passe par le qualitatif, et ça a été donc, des entretiens... une quarantaine d'entretiens qui ont été menés dans 14 établissements... différents, des entretiens longs, des entretiens semi-directifs,
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des entretiens qui ont ensuite été transcrits 900 pages de documents de transcription, pour comprendre comment ces jeunes... qui avaient dialogué avec des gens pas si loin que ça de leur âge avaient pu parler, de ce qui comptait dans leur vie, et donc de ce qui se révélait, comme formes de pratiques, sociales et culturelles. Maintenant, je vais essayer de présenter trois points de, entre guillemets, résultats,
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mais qui comporteront également des contrepoints. Et pour ça, je vais me présenter à vous de manière légèrement différente. Et voilà ! car le premier point, c'est finalement "des jeunes comme les autres" Vous serez peut-être déçus par ce premier résultat, des jeunes comme les autres, eh oui ! Peut-être qu'on aimerait que ces jeunes de l'enseignement agricole soient si particuliers, et on en connait des particuliers sans doute,
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mais globalement, et notamment dans ce qui ressort de l'étude quantitative ces jeunes seraient finalement comme les autres. Alors comment on peut dire ça ? Eh bein on peut dire ça... par comparaison avec des enquêtes comparables c'est là que quelqu'un comme Aurélien Djakouane dont j'ai dit tout à l'heure qu'il participait à l'équipe, a eu un rôle très important, parce que c'est quelqu'un qui travaille ordinairement en tant que chercheur sur les pratiques sociales et culturelles des jeunes, en France, et notamment des jeunes lycéens. Alors qu'est-ce que ça veut dire des pratiques comparables ?
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Eh bein ça veut dire par exemple que... par rapport à l'écoute musicale, on a quelque chose qui en fait aujourd'hui sans doute la pratique principale... des jeunes, aujourd'hui elle se diffuse dans l'ensemble des moments de vie, 97% des lycéens sont concernés. Tiens, tiens... ça veut dire quand même que 3% ne le sont pas, on a déjà des petits contrepoints qui apparaissent. C'est pour les 3/4 d'entre eux tous les jours,
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c'est pour près de 2/3 d'entre eux plus de 2 heures par jour, et ça passe notamment par un objet devenu essentiel dans la vie des jeunes de cet âge-là qui est le téléphone. 91% des lycéens de l'enseignement agricole déclarent écouter de la musique sur le téléphone portable. A partir de là, ce téléphone, eh ben, également, il permet un accès aux réseaux sociaux,
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et la pratique liée... les pratiques liées aux réseaux sociaux c'est encore un élément fort qui rapproche les jeunes de l'enseignement agricole de l'ensemble des jeunes. Téléphone, musique, réseaux sociaux, avec du partage, bien-sûr un poste, qui échappe parfois à la logique des partages numériques, mais quand même. Seulement voilà ! Il y a quand même des contrepoints. et ça c'est intéressant de le dire, parce que...
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Voilà ! Une connaissance peut définir des profils un peu massifs et en même temps elle révèle aussi des jeunes qui échappent à ça. Donc il faut savoir qu'on a, aujourd'hui, dans l'enseignement agricole peut-être ailleurs aussi mais peut-être qu'on les recherche moins, des jeunes qui n'ont pratiquement pas de pratiques liées aux réseaux sociaux. Des jeunes qui se méfient, de l'usage qu'il peut y avoir du téléphone,
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et même des jeunes... on en a au moins rencontré un dans le cadre de l'étude qualitative qui dit n'écouter aucune musique. Qui dit ne jamais prendre l'initiative de mettre de la musique, qui dit presque subir la musique quand elle arrive dans son environnement. Donc ! Même si on dégage des grands profils, Attention aux exceptions, attention peut-être aux choses émergentes aussi.
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Et puis ! Et c'est là le sens du dessin qui est derrière moi. Quand on dit : "les jeunes comme les autres", à partir de certains éléments qu'on a précisés dans un premier temps mais qu'on va finir par oublier. On va finir par se dire que ces jeunes ils sont un peu tous les mêmes mais alors du coup, petit à petit dans sa tête, quelle image va-t-on cristalliser ? Est-ce que par exemple... j'ai imaginé la situation où, une marseillaise se mettrait à retentir
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aura-t-on des jeunes se mettant aussitôt au garde-à-vous ? Il y en a sans doute. Ou d'autres qui iront chercher des interprétations plus iconoclastes. Il y a sans doute, de ces deux catégories là, même si globalement, par rapport aux éléments dont j'ai parlés tout à l'heure les réseaux sociaux, l'écoute musicale, ces jeunes là sont des jeunes comme les autres. Je vais maintenant aller me présenter à vous
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d'une manière encore différente, pour vous parler d'un point... qui a été marquant dès l'étude quantitative. Marquant et qui a étonné apparemment là les gens habitués aux pratiques sociales et culturelles des jeunes lycéens "éducation nationale" mais dans le fond auxquels on a pas l'habitude tellement de poser ces questions là. Ça a été l'importance du travail dans la vie de ces jeunes.
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Alors quand on dit travail... Ben oui ! Le dessin vous le suggère hein... Alors peut-être pas conduire la pelleteuse de l'exploitation du lycée mais avoir en tous les cas un certain nombre de tâches qui d'habitude, correspondent, à ces formes de travail, qu'on accomplit, pour gagner sa vie, contre rémunération. Et donc on se dit : "Tiens ! l'importance du travail par rapport à ces jeunes
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et l'importance même parfois de la quantité de travail dans le temps de vie de ces jeunes fait penser quoi : qu'ils ont besoin d'argent ?" Et c'est peut-être bien le cas effectivement d'une partie d'entre eux. Peut-être que le travail est un moyen d'intégration au delà de ce que l'école propose, et les études, eh bien oui... Et notamment quand on est dans une famille agricole, participer à la vie de la ferme, participer à celle des voisins,
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ça peut être un moyen... de s'intégrer. Donc déjà, il est intéressant de voir que... Alors que le monde scolaire français aime bien parler de travail pour le travail scolaire et je pense que les lycées n'y font pas exception, y'aurait peut-être à se méfier dans le vocabulaire, parce que quand on parle de travail, dans la vie de certains et une bonne partie de ces jeunes... c'est effectivement quelque chose qui n'est pas
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de l'ordre de ce fameux travail scolaire qu'on ferait peut-être mieux d'appeler "études". Sachant par exemple que donc dans l'étude quantitative, 28% des jeunes travaillent... une fois par semaine ou plus... notamment dans des exploitations agricoles. Et 6% travaillent tous les jours ! Alors évidemment ceux-là ne sont pas internes, mais voilà, parmi le monde des demi-pensionnaires des lycées agricoles il y a des jeunes qui en rentrant tous les soirs travaillent...
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La traite des vaches, du rangement de matériel, différentes choses en tous cas qui sont bel et bien des formes de travail. Alors pourquoi ces jeunes là travaillent-ils en dehors des suppositions qu'on a pu faire à partir du quanti... Besoin d'argent, une forme d'intégration... logique, ils visent peut-être ça. Et c'est là que certains des entretiens ont été très intéressants Car certains de ces entretiens ont effectivement rencontré...
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à la faveur peut-être de la chance, pourrait-on dire mais il y avait de grandes chances pour qu'on en trouve puisque c'est si répandu l'importance du travail chez eux Ces entretiens ont rencontré de ces jeunes pour qui le travail est si important. Et là on s'est aperçu, que contrairement à ce qu'on pouvait penser, ce travail ne s'accomplit pas toujours contre rémunération. C'est pas toujours le travail qu'on fait par besoin d'argent, pour gagner sa vie, pour pouvoir... avoir même son argent de poche, alors...
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Évidemment quand il s'agit de travail accompli dans la famille on le comprend... Mais, bien souvent, c'est un travail qui ne s'accomplit pas que dans la famille et c'est quand même pas contre de l'argent que ce travail est fait. Il se trouve que, ce travail... certains jeunes l'accomplissent, diraient-ils eux-mêmes, ou peut-être pas avec la même expression, mais quelque chose, quand même de similaire par goût, par intérêt, par plaisir.
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Par intérêt, non pas intérêt financier mais intérêt par exemple de découvrir des choses dans le travail, d'inventer des choses dans le travail. Ca c'est très intéressant parce que, on est bien dans une pratique culturelle, y'a de l'invention. La mise au travail permet d'inventer des choses. Elle permet aussi de créer des liens, elle permet de trouver du sens. Il y a apparemment, pour certains de ces jeunes, par le travail qu'on va exercer, chez les vieilles dames du village,
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chez un voisin qui est un peu seul sur son exploitation... Même parfois chez ses parents, qui tiennent une ferme auberge, on a vu tous ces cas là, dans les entretiens, il y a parfois comme une sorte de don, qu'on adresse à l'autre ou peut-être de contre don parfois qu'on reçoit de lui. Donc quelque chose qui montre que ces jeunes ne sont pas tant des âpres au gain
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que peut-être des expérimentateurs d'autres formes de relations sociales par le travail. Mais arrivons maintenant à un troisième point qui était peut-être attendu... Et qui est... Celui de la principale source de différences entre ces jeunes de l'enseignement agricole.
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Qu'attendait-on ? Des histoires de filières, des histoires de territorialité, des histoires de classes sociales... Tout ça aurait pu légitimement être attendu comme source de différences, tout ça d'ailleurs en a produit, Mais il convient de reconnaitre et notamment c'est ressorti de manière très forte... de l'étude quantitative : la principale source de différences entre les jeunes de l'enseignement agricole
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par rapport à leurs pratiques sociales et culturelles, c'est le sexe ! C'est à partir du sexe que l'on voit se différencier... des garçons qui... statistiquement on peut se permettre de le dire vu les nombres qu'on a pratiquent plus les jeux vidéos que les filles. Des garçons qui ont... certains diront "on pouvait s'y attendre" mais quand même... des activités de chasse, de pêche, plus que les filles. Des garçons qui... statistiquement hein !
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je reste prudent là-dessus, en tous cas je veux pas... voilà... penser... laisser entendre qu'il s'agit de cas par cas mais vraiment d'éléments statistiques, des garçons qui vont plus vers le travail rémunéré, ça rejoint le point précédent, que les filles. Plus de travail agricole également. Mais !... Un des points peut-être plus inattendus, des garçons qui participent plus à la vie associative hors du lycée
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que les filles... statistiquement. Qui vont plus à des événements sportifs, mais qui vont plus globalement au spectacle, que les filles... statistiquement. De leur côté les filles, statistiquement toujours... pratiquent d'avantage des activités liées à la photographie, liées au dessin, liées à l'écriture. Statistiquement passent davantage de temps devant la télévision.
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Statistiquement encore vont davantage au cinéma, vont davantage aux concerts, lisent d'avantage. Vont davantage à des expositions. J'ai parlé de sexes. Et peut-être que certains pourraient trouver que l'étude est sur ce plan là un peu rétrograde... puisque... juste binariser le sexe entre filles et garçons, aujourd'hui, évidemment, commence à être un peu dépassé.
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Et c'est vrai que... les questions de genre sont plus subtiles, de moins en moins binaires, Il convient de reconnaître que sur ce plan là... le point de départ de notre étude a été, notamment pour l'étude quantitative, le classique de la reconnaissance du sexe. Du sexe en tous cas... déclaré par les personnes... que l'on a rencontrées.
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Bien évidemment, là encore, le qualitatif, les entretiens, ont montré des choses qui disent bien que les statistiques, ce n'est qu'une part de la connaissance. Filles passionnées de chasse, on en a rencontrées. Des garçons qui, de leur côté, se lancent dans des activités créatives par rapport à de l'image, on en a rencontré. Donc là encore, un élément quand même à garder et qui interroge,
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le fait que, c'est par rapport à la différence de sexe, que les pratiques se différencient statistiquement le plus, et que bien-sûr, d'un cas à l'autre, les choses peuvent s'inverser. Et que donc pour ça, la connaissance individuelle ne pourra jamais être remplacée par ce qu'amène la connaissance statistique. Bon ! Ben j'arrive avec tout ça à mon final... Mon final... il va emmener...
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un peu d'émeraude dans cette affaire. Voilà, une aurore boréale qui amène cette couleur, elle est censée faire juste ça, d'émeraude parce que, moi il me semble que, ce que dit cette étude donne des formes d'espoir mais peut-être en même temps lance des formes de défis, de défis à l'enseignement agricole. ce sera peut-être l'occasion d'en discuter, sans doute que Claire Latil en dira quelque chose après.
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Mais... bon... y'a des choses... voilà... à en tirer, qui disent que... y'a pleins de graines d'avenir intéressantes chez ces jeunes et par rapport à plein de préoccupations qu'on peut avoir notamment dans la situation présente, par rapport à l'avenir. Alors, qu'est-ce que je vais avoir envie... Et évidemment ! Là je me mouille un petit peu, je suis de moins en moins en train de faire de la science froide
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c'est peut-être plus tellement le sociologue qui parle mais l'acteur social, le citoyen du monde, qui a reconnu, chez certains de ces jeunes... des ferments d'un monde peut-être dont il aurait envie... tout en reconnaissant que les contraintes dans lesquelles ils sont ne rendent peut-être pas facile de se frayer le chemin qu'eux-mêmes souhaiteraient aujourd'hui. Donc encore une fois !...
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On a pu voir là-dedans des jeunes qui aujourd'hui ont beaucoup plus de recul par rapport au tout numérique que des gens d'autres générations qu'eux. Des jeunes qui savent se donner des règles. Qui savent d'ailleurs reconnaître avoir reçu des règles des gens plus anciens et aujourd'hui les appliquer de pleine volonté à leur propre vie... Goûter l'échange direct, la présence directe et pas seulement ce qui se passe à travers des écrans.
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Favoriser l'échange d'expériences et le partage d'expériences. Des jeunes qui vont vers de nouvelles façons de créer, de ces façons de créer qui sont peut-être pas encore tellement reconnues comme à une époque... Rappelez-vous la photographie était un art mineur, et puis elle est devenue un art moyen et puis aujourd'hui elle est un art qui fait de grandes expositions. Ou à des jeunes faire tout un tas de choses de manière très discrète, dans les territoires ruraux qui laissent encore des espaces disponibles à certains jeunes.
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Ça a été aussi une des indications de l'enquête qualitative Mais qui savent profiter, de la manière dont les réseaux permettent aussi de se rencontrer et de constituer des équipes de création. Certains en ont parlé, font des vidéos, avec des castings par internet par exemple... Donc... du coup... voilà. Pas mal de choses qui sont là, qui sont en ferment, qui sont en graines, et du coup !...
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Eh ben les gens qui sont avec eux, Quel est le défi qu'ils doivent relever ? Est-ce que c'est le défi de la connaissance ? Je pense que... à la fin d'une double étude comme ça on se rend bien compte qu'on ne connait certainement pas tout, que d'ailleurs on aurait bien eu tort d'avoir l'ambition de tout connaitre, et que c'est peut-être bien que l'on ne connaisse pas tout. C'est bien que c'est à l'ombre, que certaines plantes poussent,
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c'est peut-être dans une forme d'inconnu, que certaines graines de pratiques ou de règles de vie que ces jeunes expérimentent trouveront l'occasion de grandir et de se partager, peut-être qu'il ne faut pas y mettre trop d'éclairage dans le fond. Et que... voilà !... même s'il est important sans doute de prendre en compte le fait que ces jeunes ont beaucoup de travail par exemple dans leur vie ! J'en ai parlé tout à l'heure. Peut-être que du coup il faut réfléchir à une autre façon
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de leur demander encore de passer du temps à d'autres choses. Et peut-être davantage de tirer parti de cette expérience forte de vie qu'ils ont, et que par ailleurs, certaines choses... méritent... oui... qu'ils expérimentent peut-être beaucoup plus librement que l'école ne sait le faire, ne savait le faire, ou ne sait encore le faire aujourd'hui. Que peut-être dans bien des cas il y aurait intérêt à les laisser être jeunes tels qu'ils arrivent à le découvrir eux-mêmes
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plutôt que de vouloir à tout prix, leur donner un chemin tout tracé. Et je m'arrête là ! Bien. Merci beaucoup Philippe, merci pour cette présentation. La parole est maintenant à Claire, Claire Latil. Qui va peut-être compléter, expliquer le rôle qui a été le sien dans cette étude. Oui... merci... Merci Julie, merci Philippe.
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Donc je vais faire un petit point bien moins, bien-sûr, développé que celui de Philippe. Je vais faire une petite présentation en trois points. Peut-être un retour rapide sur le pourquoi de cette étude. La question ensuite de l'appropriation de cette étude. Et puis... peut-être la question sur les suites. Alors dans un premier temps pourquoi...
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pourquoi cette étude a été organisée, coordonnée eh bien parce qu'elle prend naissance Philippe en a parlé un petit peu, à la suite d'un constat sur le fait que... on dispose de beaucoup de données statistiques... sur les parcours des jeunes dans l'enseignement agricole Les taux de réussite aux examens, des répartitions par filières
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la CSP des tuteurs, le taux de boursiers, etc. Mais rien, ou presque rien, en matière de données sur leurs pratiques sociales et culturelles. Donc ça, ça a été un élément fort de la justification de cette étude. Et puis, à ce constat s'ajoutaient deux autres éléments... Un constat fait par les collègues eux-mêmes... qui me parlaient du fossé générationnel
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qui se creusait entre eux, c'est à dire eux des enseignants, des enseignants qui vieillissent inexorablement, et des jeunes qui, année après année... étaient toujours aussi jeunes !... Donc une difficulté parfois à bien comprendre ces pratiques. Et puis un troisième constat, celui de l'arrivée massive d'une culture numérique, qui requestionne les propositions qu'elles soient pédagogiques
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ou qu'elle relèvent des temps d'animation. Donc face à ce triple constat, il était apparu intéressant... de regarder... les pratiques sociales et culturelles des jeunes dans l'enseignement agricole à la fois, comme l'a dit Philippe, d'une manière qualitative, et d'une manière quantitative, pour nourrir une réflexion un peu plus générale sur le sujet. La question de l'appropriation par les équipes...
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Il m'est apparu, en réalité, à la fin de cette étude, qu'elle pouvait constituer, en soi, un objet pédagogique, à partager, avec des collègues, des équipes, qui le souhaitaient. Par exemple la matrice du questionnaire, sur la partie quanti, dont a parlé Philippe...
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Elle m'est apparue intéressante à étudier, à partager... Et d'ailleurs, ça a été fait assez rapidement, sitôt l'étude achevée, j'ai partagé ce questionnaire à qui voulait le regarder d'un peu plus près, je le tiens encore à disposition de toutes les équipes, qui ont un intérêt pour ce type de questionnaire.
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Il comprend, Philippe l'a dit, un panel de 22, je crois, pratiques sociales et culturelles, plus de 11 moments de la journée que nous avons identifiés, bref ! Il a fait l'objet aussi de discussions et... d'argumentation, de contre argumentation, donc... en soi, il est intéressant je trouve, à partager. Et puis il y a d'autres éléments de cette étude qui ont été aussi... qui sont partageables ! Par exemple la question du choix des classes,
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Philippe en a parlé... Nou avons une étude qui concerne des lycéens, de seconde... CAPA jusqu'à la terminale, il n'y a pas de quatrième/troisième, il n' y a pas d'étudiants de BTS il n'y a pas non plus d'apprentis, et tout ça a été l'objet de discussions, et... de prises de positions, de décision, finalement... qui ont fait que ce questionnaire existe aujourd'hui, sous cette tournure là.
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Alors !... Le troisième point que je peux aborder un petit peu c'est les suites du questionnaire... Alors, dans le prolongement de cette étude en fait... eh bien est né un "Champs culturels", donc la revue "Champs culturels", octobre 2020 la revue "Champs culturels" est consacrée à cette étude, je pense que vous la recevez tous,
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voilà, c'est ce numéro là, il est en ligne, et j'en ai encore quelques exemplaires, donc c'est un "Champs culturels" qui se consacre à cette enquête, et qui fait... je dirais, un pas de côté. avec des apports extérieurs importants. Et puis par ailleurs, l'ENSFEA a proposé d'animer une réflexion, également, autour de cette étude et de faire des propositions pour actualiser
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pour donner un petit peu, à nouveau, de grain à moudre, autour des questions des pratiques sociales et culturelles, du cadre, de la gouvernance aussi de l'animation socio-culturelle. Donc ça s'est incarné dans un petit collectif de personnes qui l'année dernière donc... qui faisaient partie de l'enquête d'ailleurs, et qui l'année dernière, s'est déplacé dans plusieurs établissements,
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pour, d'une part, faire un retour des résultats de cette enquête, mais également pour animer une journée réflexive autour de quatre thématiques issues de cette enquête, la question des temps, temps libre et temps libéré, la question du genre, fille/garçon, la question de l'expression, s'exprimer, expression de soi,
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et puis la question des pratiques, qu'elles soient individuelles ou collectives, et donc ces temps... ont permis comme le disait Philippe à l'issue de sa présentation, de dégager des points... chez les jeunes qui nous semble intéressant de creuser, avec d'une part... un besoin important qu'ils ont exprimé
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sur la question de la confiance... besoin de confiance de la part des adultes, et puis son corolaire, l'autonomie, un besoin d'autonomie, et un deuxième élément, qui concerne leurs souhaits... d'une prise en compte... plus importante de leurs aspirations... de leurs aspirations sociales et culturelles,
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dans le cadre de leur vie scolaire. Alors, un autre volet de ce prolongement va se déployer en 2022 et sans doute en 2023, pour explorer, un peu plus avant, ces deux éléments... qui, voyez, nous apportent quand même un éclairage
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sur une enquête qui au départ partait... d'un focus, je dirais sur les pratiques sociales et culturelles. Donc, encore des prolongements à venir et sans doute des choses à vous partager. Voilà, je m'arrête là, merci. Merci Claire pour ces éclairages. Donc nous pouvons passer aux questions. Donc, justement dans le prolongement
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de ce que tu viens de dire Claire nous avons une question d'ordre pratique : "Est-ce que et comment pouvons-nous récupérer le questionnaire de cette enquête ? Dans quelle mesure il est partageable, il peut être diffusable ?" Le questionnaire se présente sous la forme d'un PDF... Philippe l'a dit, c'est un questionnaire très touffu,
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et donc il est disponible... vraiment je le tiens à disposition vraiment de qui veut, il suffit de m'écrire d'ailleurs c'est le cas, je le fais très régulièrement,... des collègues en établissement l'ont demandé déjà, plusieurs fois, et donc il n'y a aucun problème pour moi, je le mets à disposition... des collègues qui souhaitent vraiment le travailler
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et il suffit juste, voilà, de m'écrire. Je ne le mets pas à disposition, comme ça, d'un large public mais en revanche, je le diffuse sans aucunes restritions, voilà. Bien, merci Claire. Autre élément, autre question... assez précise : "Les élèves de DOM ont-ils été interrogés ?" Alors... On va répondre peut-être ensemble Claire mais...
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Je crois me rappeler que dans l'échantillonnage quantitatif effectivement les DOM comme toute forme de territoire concerné par l'enseignement agricole avaient participé de la même manière à l'échantillonnage... C'est vrai que pour l'étude qualitative, comme elle a fait appel à une équipe... voilà... qui était pour partie basée à Paris, pour partie basée à Toulouse, les choses se sont faites en respectant des règles quand même
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d'échantillonnage notamment, Alors on ne l'a pas dit tout à l'heure mais ça concernait les lycées privés et les lycées publics cette étude, Donc il y avait les deux... Donc les filières, etc. Mais là effectivement il n'y a pas eu d'établissements dans les DOM pour le qualitatif. Pour des raisons d'organisation d'équipe d'enquête en fait. Bien... Merci pour ces réponses. J'avais une autre question :
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"Est-ce que vous avez des éléments qui pourraient nous éclairer à la suite finalement de ce que... que nous avons tous vécu, et... que les élèves ont vécu aussi de plein fouet, à travers la question du COVID ? Est-ce qu'on peut dire que nous avons actuellement les mêmes élèves que ceux qui sont décrits dans votre étude à la fois qualitative et quantitative ?" C'est vrai que ça c'est une invitation
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à rappeler que le terrain comme on dit, c'est à dire à la fois la réponse aux questionnaire et la menée des entretiens s'est fait donc pendant l'hiver et le printemps 2019 donc effectivement à peu près un an avant le déclenchement de l'épisode pandémique. Donc il n'y a pas trace de ça dans les données d'enquête. En revanche, et ça on peut le dire,
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suite à ce travail là, et suite au temps d'analyse qu'il a fallu, il y a eu des moments de partage qui se sont faits, dans plusieurs établissements... il y a eu Vienne, il y a eu Lomme, il y a eu également Saint-Aubin-du-Cormier et donc là, ces moments de partage sont tombés pendant... l'automne 2020, l'hiver 2021,
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donc en plein pendant l'épisode pandémique, et du coup ça a été l'occasion de reparler de ces résultats de l'étude dans des contextes où des jeunes étaient présents, et des gens travaillant dans les établissements étaient présents aussi, et on a bien compris que, finalement, l'épisode pandémique a en quelque sorte rehausser encore un certain nombre d'éléments qui sortaient du lot,
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qui leur faisait prendre peut-être une importance capitale, avec notamment des besoins d'échange, avec sans doute cette question de la confiance dont Claire parlait tout à l'heure... qui apparemment a pesé d'une nouvelle manière parce que les autorisations n'étaient plus les mêmes, la capacité à se réunir, à pouvoir faire des choses ensemble, a été fortement perturbée, et du coup la question de la confiance et peut-être aussi d'une autonomie de ce qu'on peut faire
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directement entre jeunes, dans des petits groupes, etc. s'est reposée de cette manière-là. Bien évidemment, pour arriver à répondre aux mêmes questions que l'enquête après la pandémie, il faudra en refaire une, une fois que la pandémie sera terminée. Ca serait de la rigueur scientifique qui inviterait à dire cela. Mais enfin on a quand même des éléments de l'animation suite à l'étude pour dire que voilà... c'est pas... moi j'aurais plutôt tendance à dire
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mais peut-être que Claire pourrait réagir aussi, ce sont plutôt des éléments qui prennent une valeur nouvelle, que des éléments tellement nouveaux finalement. Ok, merci. Il y a une autre question : "Est-ce qu'on peut voir à travers cette étude des différences entre régions ? Donc les entretiens font-ils ressortir des lieux inattendus... de pratiques culturelles et sociales ?"
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Alors de mémoire... Ça c'est vraiment l'étude quantitative qui peut dire ça puisqu'après pour l'étude quali, on n'est que sur des petits nombres, on ne peut pas conclure à des différences régionales... Disons que... comme je disais tout à l'heure, vraiment la différence la plus importante sur les tris croisés qu'on a pu faire c'est filles/garçons, voilà. Je pense qu'il y a eu aussi du tri de fait par régions, mais, bon apparamment il ne ressort pas de différences aussi fortes
00:33:45
expliquant les pratiques sociales et culturelles par région en quelque sorte. Après qu'il existe des particularités sur une région donnée parce que on va être littoral, parce qu'on va être très urbain, etc. sans doute, mais du coup c'est pas tellement ça qui a été effectivement mis en valeur par l'étude... mis en évidence, pardon, par l'étude.
00:34:08
Bien. Encore une question : "Est-ce que les jeunes qui s'engagent dans les vies associatives hors lycée sont ceux qui s'investissent le plus dans la vie du lycée ?" Là, je ne pense pas qu'on ait eu de quoi faire le recoupement statistique.
00:34:35
En revanche on voit bien quand même par le quali qu'on a tous les cas de figure, ça c'est important de le dire. Qu'on a vraiment des cas de figure où des jeunes sont très investis dans la vie du lycée et pas à l'extérieur, des cas de figure où effectivement il y a les deux, et des cas de figure où, et ça ça pose toujours question et je sais régulièrement aux gens qui sont animateurs d'associations dans les lycées on a des jeunes qui sont investis dans des associations à l'extérieur
00:34:59
et n'ont pas du tout envie de s'investir dans le lycée. Alors il faut bien voir, hein, que... c'est pas des associations qui ont les mêmes objets, qui ont peut-être pas les mêmes dynamiques sociales non plus, donc voilà, ils n'y trouvent pas forcément les mêmes choses. Bien ! Nous avons encore quelques questions dont je vais donner rapidement les éléments
00:35:25
mais nous n'aurons plus le temps sur ce format court de webinaire de 12h30 pour les réponses, Mais j'invite les participants et les participantes peut-être à approfondir cette étude, à travers justement le "Champs culturels" qui a été présenté par Claire. Par exemple nous avons une question autour des conclusions possibles à tirer en fait de cette étude
00:35:50
par rapport aux activités sur les temps libres, qui pourraient motiver, mobiliser les jeunes. Donc, qui sont peut-être difficiles à garder sur le long terme. Ensuite il y avait une autre question sur... la pertinence de réaliser des cartographies de pratiques sociales et culturelles au sein de nos établissements... en lien avec justement un questionnaire plus quantitatif.
00:36:17
Bien, voilà donc. Compte tenu de l'heure, je me vois dans l'obligation de conclure ici, donc de vous remercier à toutes et à tous pour votre participation.
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