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[Musique] 6h30 9h les matins de France Culture Guillaume Herner Marguerite Caton bonjour bonjour Guillaume et bonjour à tous alors la vieillesse ne va pas très bien mais la jeunesse elle va mal la
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jeunesse va mal vous n'ignorez pas les troubles psychiatriques sont même la première cause de mortalité chez l'enfant le problème c'est que la pédopsychiatrie aussi va mal manque de moyens de personnel l'équation peut sembler insoluble mais vous êtes
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mathématicien Bruno fissard en plus d'être pédopsychiatre bonjour bonjour avec la société française de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent que vous présidez vous avez mené une vaste étude auprès des professionnels et des usagers pour réorganiser la profession le
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rapport sera discuté mardi en présence de ministre en attendant quel est votre premier constat d'abord que les troubles que présentent les jeunes ont changé et s'expriment différemment ben oui la société a changé euh il y a d'abord plus
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de pression scolaire l'écoanxiété et puis l'épidémie de covid a mis son grain de sel là-dessus alors que certains indicateurs all mieux au début du 20e siècle il y avait moins de suicide chez les jeunes avec un peu plus de souffrance psychique le paradoxe était
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d'ailleurs difficilement explicable mais là depuis 3 ans ça se dégrade beaucoup et dans le même temps la question de la santé mentale s amplifié au point de prendre le pas sur la psychiatrie comment distingon mal-être de maladie voilà ben pour les autres maladies en
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fait c'est pas très compliqué vous vous coupez un peu le doigt en faisant la cuisine vous n'allez pas aux urgences ni vous faire opéré par un chirurgien vous vous mettez un petit sparadra vous faites consoler puis voilà avec les les
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chagrins de la vie quotidienne bah ça devrait être pareil c'est un problème de santé mentale ça n'a rien à voir avec la médecine ni avec la psychiatrie mais si vous avez des idées de mort si vous pensez même à un passage à l'acte ben là
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il faut aller voir un médecin et un psychiatre voilà pour les besoin Sion se penche maintenant du côté des ressources de la discipline Bruno fallissard on a parfois l'impression d'une guerre de tranchée entre les différentes pratiques alors dites-nous quelle place pour la
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psychanalyse aujourd'hui dans le soin des enfants et des adolescents alors c'est vrai qu'il y a 30 ans il y avait de la psychanalyse partout et que il y en avait trop on est bien d'accord là-dessus mais alors 10
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ans après et bien on met des neurosciences partout et bah c'est le même problème en fait quand un enfant va pas bien mais ben il est dans une famille il est dans une école il est
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dans une société avec une culture et il n'y a pas une seule science qui permet d'expliquer tout ça pour être pédopsychiatre il faut être cultivé il faut lire beaucoup de choses anthropologie parce que aujourd'hui on a des migrants non accompagnés et ben pour
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comprendre pourquoi ils vont pas bien faut comprendre leur culture d'origine voilà alors oui la psychanalyse c'est utile incontestablement oui les neurosciences c'est utile incontestablement mais il y a autre chose dans la vie et alors du coup dans
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le la psychanalyse aujourd'hui qu'est-ce que vous en faites la psychanalyse ça permet de comprendre l'extrême complexité qui peut se passer dans une famille euh beaucoup d'entre nous avons des enfants et vous avez dû remarquer
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qu'on les adore mais que par moment on les les déteste aussi parce que on en peut plus et comprendre cette ambivalence et ben la psychanalyse ça rend service et vous avez dit un mot des neuroscien est-ce qu'il y a des applications aujourd'hui en psychiatrie
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en pédopsychiatrie précisément alors il y a des applications pour comprendre certains troubles par notamment les sciences cognitive on a montré que un enfant autiste en fait pour lui vous regardez dans les yeux c'était pas sa
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façon à lui de rentrer en contact avec vous il va plus regarder votre bouche et ça quand vous quand quand vous connaissez cette formation et ben parler avec un autiste en fait il vaut mieux regarder le col de sa chemise que le
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regarder dans les yeux donc c'est utile après plus que ça ben malheureusement non et c'est une curiosité après 20 ans de d'immense découverte en neuroscien il n'y a pas d'application concrète en
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pédopsychiatrie manifeste on a aussi parfois le sentiment d'un débat sans fin sur les traitements plus de thérapie mais lesquel ou plus de médicaments qu'est-ce qui ressort de votre étude est-ce qu'on sait évaluer l'efficacité des différents soins aujourd'hui alors
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oui bien sûr comme dans le reste de la médecine ça n'est pas simple mais dans le reste de la médecine c'est pas simple non plus et ce qui ressort c'est qu'en fait ce qui marche le mieux c'est quand les professionnels sont bien formés voilà ah c'est un bon chantier aussi
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alors l'enjeu de ce rapport c'est de réorganiser les soins la pédopsychiatrie de la redéployer dans un contexte d'explosion de la demande on l'a dit mais aussi d'importantes difficultés de moyen euh il faut peut-être que le
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pédopsychiatre commence par mieux s'appuyer sur les autres professionnels parce que il n n'est pas seul et puis vous l'avez laissé entendre le soin pédopsychiatrique il est en fait pluridisciplinaire absolument il est systémique c'est c'est toujours un soin
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d'équipe alors la question est d'autant plus sensible que nous sommes peu nombreux et que compte tenu du délai qu'il faut pour former des pédopsychiatre 11 ans et de la crise de la démographie médicale ça va pas
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s'arranger dans les 20 ans à venir donc il faut que l'on accepte nous pédopsychiatres de consacrer notre pratique à quelque chose chose de limité et mais heureusement nous avons autour
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de nous des infirmiers des psychologues des orthophonistes des psychomotriciens des éducateurs des enseignants et cetera et qu'il faut former je l'ai dit tout à l'heure la formation c'est essentiel monter en gamme il y a des infirmiers
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par exemple après 5 6 ans d'expérience qui ne demande qu'à se former davantage pour prendre plus de responsabilités il faut les encourager pareil pour les psychologues en France il y a une hétérogénéité de formation des psychologues figurez-vous que en France
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c'est un des seuls pays où les psychologues ne sont pas des professionnels de santé ce sont des acteurs du soin ce ne sont pas des soignants alors vous voyez toutes ces petites querelles internes il faut que ça cesse il faut qu'on avance
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pour les patients et puis effectivement il faut réorganiser le système de soin parce qu'il y a une telle demande avec une telle attente pour des problèmes de santé mental mais qui ne sont pas de la psychiatrie qu'il faut qu'il y ait une
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première réponse peut-être des psychiatrisé peut-être démédicalisé pour les familles qui sont en demande de de de de soins oui c'est ça la grande proposition de de votre rapport
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démédicaliser le soin en santé mentale laisser la psychiatrie à l'endroit des soins les plus complexes comment on pourrait le faire concrètement alors c'est c'est un peu brutal et c'est provocateur et c'est fait exprès pour
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ouvrir le débat mais l'idée c'est que nous avons l'impression d'abord que la société attend ça ça va mal dans ma famille j'ai l'impression que mon enfant va pas bien mais j'aurais envie d'aller en parler à quelqu'un mais qui est pas forcément un psychiatre et je pense que
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nous avons à tenir compte des évolutions de la société et puis d'autant plus que nous sommes pas nombreux et que nous pouvons pas accueillir tout le monde alors après néanmoins il faut faire attention dans ces dans ces centres de premier recours en santé mentale bien
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sûr qu'il y aura des pédopsychiatres en supervision pour discuter des cas les plus sévères et à prendre en charge dans des soins de second niveau mais la question derrière ce premier niveau moins médicalisé c'est quand même celui
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de de l'uniformité enfin l'uniformité oui de proposer la même offre de soins partout d'avoir une tour de contrôle quand même même pour les différentes pratiques que vous avez évoqué les différentes professions oui alors là il
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il faut profiter du fait que notre système de soins pédopsychiatrique est quand même bien structuré depuis sa création en 1972 il y a une sectorisation c'est-à-dire pour 45000 jeunes Français il y a un intersecteur
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de pédopsychiatrie avec un centre médico-psychologique et ça ça permet de réduire les inégalités d'accès aux soins c'est quasiment unique dans le monde et tout le monde nous l'envie et ça ça permet quelque part de de structurer l'offre de soins pédopsychiatrique à
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l'échelon local et c'est là que se développerait du coup ce guichet numéro 1 ouvert à tous où on peut en fait venir demander conseil alors ça serait en amont de ça ça ça serait la tour de contrôle comme vous dites et en amont de ça il y aurait des structures Maison des
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familles maison des 1000 premiers jours maisons des adolescents où la la l'intervention des psychiatres serait beaucoup plus limitée mais serait sous la supervision des de l'intersecteur merci beaucoup Bruno fallissar président de la Société française de psychiatrie
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de l'enfant et de l'adolescent donc mardi pour la Journée mondiale de la santé mentale de l'enfant et d'adolescent votre rapport sera discuté en présence du ministre Valtou merci d'être venu nous en parler ce matin Merci à [Musique]
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VOUS 6h30 9h les matins de France Culture Guillaume Herner
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